Back from London (carte postale)
Je n’avais jamais traversé la Manche et je viens de passer presque une semaine à Londres. Après avoir traduit ici des blogueurs britanniques1, j’avais quelques images en tête de la capitale du Royaume-Uni. Il paraît que le trafic vélo un jour de semaine représente désormais dans le Grand Londres l’équivalent d’un tiers du trafic métro. Je l’ai lu dans l’Evening Standard, vénérable quotidien désormais distribué gratuitement dans les stations de métro. Est-ce que ça se voit sur place ? J’en ai le sentiment mais l’espace public est tellement vaste que les cyclistes sont globalement peu visibles. Comme à Marseille naguère, je n’ai pas pédalé dans cette ville très agréable à bien des égards – il eût fallu le faire à gauche. Le casque est très largement porté, et il m’a semblé que beaucoup de cyclistes sont en tenue sportive. Enfin, la chose qui saute aux yeux, c’est le nombre de Brompton en circulation.
Place aux photos prises plus ou moins sur le vif avec un téléphone dont la qualité des photos laisse souvent à désirer, vous m’en excuserez.
Bromptonmania
En version musculaire ou à assistance électrique (encore rare), le fameux vélo pliant made in England est partout.
Lu dans la presse locale
On retrouve en ligne l’article ci-dessus, et auquel j’ai fait allusion en intro, sous le titre « London mayoral election: How has Sadiq Khan’s Ulez and other green policies helped the capital? » (les Londoniens sont appelés à voter pour l’élection du maire à Londres après demain2). Il y a une partie consacrée au vélo qui tient en trois paragraphes dont voici une traduction :
Selon London Cycling Campaign, le vélo est désormais une activité « courante » dans la capitale, avec 1,26 million de trajets effectués à vélo quotidiennement les jours ouvrés, soit l’équivalent d’un tiers des trajets effectués dans le métro. Mais la mort de Cheistha Kochhar, doctorante à la LSE, qui est entrée en collision avec un camion poubelle alors qu’elle pédalait sur un VAE de location Forest dans Clerkenwell Road le 19 mars, nous a rappelé avec horreur les dangers que courent les pratiquants des deux-roues3.
Le nombre de voies cyclables a quadruplé depuis 2016, passant de 56 miles à 223 miles, mais toutes ne sont pas séparées. Les dangers de la route restent le plus grand frein à la pratique du vélo à Londres. TfL prend de plus en plus de retard dans la réalisation de l’objectif « vision zéro » du maire, qui est d’éradiquer les morts sur les routes d’ici 2041.
Entre octobre et décembre, 904 personnes ont été tuées ou gravement blessées dans des accidents de la route — bien au-delà de l’objectif « maximum » de 850. Parmi les 25 personnes tuées, on compte douze piétons, six motards et trois cyclistes.
« And if a double-decker bus crashes into us… »
Ah les fameux bus à impériale (double-decker bus) ! Dans la chanson joliment déprimante « There Is a Light That Never Goes Out« (1986) écrite par l’ombrageux Morrissey pour The Smiths, le narrateur est au volant d’une voiture4 et dit à la personne qui est à côté de lui que mourir avec elle en se faisant écraser par un bus à impériale serait à ce moment-là « une façon de mourir si paradisiaque » (« such a heavenly way to die » !). Les nombreux cyclistes londoniens qui sont contraints de cohabiter avec les chauffeurs de bus ne goûtent certainement pas ce lyrisme morbide et cherchent à arriver à destination entier et vivant. Ce qui n’est pas de tout repos comme j’ai pu le constater bien installé à l’étage des fameux bus rouges, un bon poste d’observation de la circulation alentour. Le flegme britannique fait des miracles.
Les voies de bus ne sont pas larges du tout :
Le risque, c’est évidemment de se retrouver dans un angle mort :
Dans l’instantané suivant où le bus est à l’arrêt au feu, un cycliste reste derrière le bus qui n’a pas laissé la place de se faufiler mais d’autres cyclistes préfèrent doubler (par la droite) :
On voit le picto qui invite les cyclistes à se déporter de la voie de bus au droit de l’arrêt, manœuvre toujours délicate :
Le marquage bleu CS7 indique qu’on se trouve sur l’itinéraire de la Cycle Superhighway 7 (le tout premier aménagé à Londres). Que de la peinture ici :
On connait le sticker « angle mort », voici un autre type de sticker orienté sécurité routière :
En dehors des voies de bus, la situation est contrastée, comme sur les ponts sur la Tamise, avec un piste bidrectionnelle sur Vauxhall Bridge mais rien du tout sur Tower Bridge :
Pour finir, on découvre sur la photo suivante un équivalent de notre fameux panonceau M12.
La faible résolution de la photo n’aide pas mais cherchez bien, il y en a trois.
Réponse ci-après.
C’est bon, vous l’avez ?
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
Various signs
L’importance (re)prise par le vélo se constate aussi dans la volonté des pouvoirs publics de maîtriser son usage : éviter le stationnement anarchique (c’est réussi il me semble) et les circulations jugées indésirables (dans les parcs, ouverts, c’est beaucoup moins évident). D’où cette signalétique diverse et variée :
London Ambulance Service’s Cycle Response Unit
Dans le petit monde du vélo, la brigade cycliste du London Ambulance Service est une star des réseaux sociaux et je suis content d’avoir aperçu un de leurs véhicules en vrai et en action (zeugma).
Ce VTT Specialized Rockhopper custom-built ne passe jamais inaperçu (il paraît qu’il est équipé d’une sirène) :
Musique !
Puisque j’ai évoqué The Smiths, pourquoi ne pas terminer sur le clip so vintage de « Stop Me If You Think You’ve Heard This One Before » (1987) où Morrissey et toute une bande d’acolytes plus ou moins ressemblants pédalent un peu n’importe comment à Manchester et Salford ?
Wikipédia nous apprend dans l’article en anglais consacré à cette chanson que Morrissey ne souhaitait pas apparaître dans le clip et a jugé le résultat « frustrant et inregardable ». Jugement sévère mais juste, je le crains… Reste une chouette chanson comme savait si bien en trousser ce groupe phare de la pop britannique des années 1980.
Notes
- Mark Treasure et The Ranty Highwayman.
- Voir l’article consacré à cette élection dans la Wikipédia en anglais. ULEZ est un acronyme pour Ultra Low Emission Zone, le fameux « péage urbain » qui couvre désormais tout le Grand Londres.
- « Cyclist killed by bin lorry in Clerkenwell named as ‘bright, brilliant and brave’ PhD student at LSE », 25 mars 2024.
- Cependant, en ce qui concerne le vélo, on se souviendra que Morrissey dans « This Charming Man » (1983) – le plus grand succès des Smiths – plante le décor de façon magistrale avec cette phrase parfaite de concision : « Punctured bicycle on a hillside desolate » (qu’on peut traduire, maladroitement, par « vélo crevé sur une colline déserte »).
- Le service précise que ses agents « résolvent plus de 50 % des incidents sur place » mais là ce n’était pas le cas, une ambulance était en chemin pour conduire la victime à l’hôpital.
Je ne suis pas certain que la photo du Except bicycles soit un équivalent du M12 français. Le « Except bicycles » semble s’appliquer au panneau d’interdiction de tourner à gauche en dessous, pas au feu. Il y a une exception pour les cyclistes à l’interdiction de tourner à gauche faite à la circulation générale, mais pas d’autorisation de franchir le feu rouge.
Ah oui bien vu. J’ai été trompé par les cyclistes qui coulaient le rouge… 🙃