Comment j’ai transformé un Schwinn d’occasion en pignon fixe — par Kent Peterson
Wikipédia nous apprend que la Schwinn Bicycle Company, fondée en 1895 à Chicago, « est devenue la plus importante marque de bicyclette aux États-Unis pendant une grande partie du vingtième siècle ». Nul doute que Kent Peterson le savait lorsqu’il a fait l’acquisition sur un coup de tête d’un vélo de cette marque. Ses compétences en mécanique ont fait le reste. Il nous raconte tout ça avec sa simplicité habituelle1.
Voici la traduction de « The Evolution Of My Schwinn Fixed Gear Bike » publié le 16 septembre 2022 sur Kent’s bike blog.
Le mois dernier, j’ai acheté ce que ma charmante épouse appellerait « un autre vélo » et, bien que j’aie écrit plusieurs pages à son sujet sur mon autre blog, plus actif, à l’adresse https://seldomspeedy.blogspot.com, je me suis dit qu’il était logique de publier ici l’histoire complète de la transformation de ce vélo.
Je tiens à préciser que je n’avais pas vraiment besoin de ce vélo. Je suis à la retraite, j’ai trois vélos en parfait état et, pour être honnête, un seul ferait très bien l’affaire pour les sorties que je fais ces jours-ci. Mais voici ce qui s’est passé.
Christine et moi nous déplaçons en ville à vélo et à pied, et en marchant et en faisant du vélo, j’ai vu ce vieux Schwinn World Sport attaché à un lampadaire à un demi-pâté de maisons de chez nous. Le vélo était attaché au poteau depuis au moins un mois. Je dois préciser que c’est un élément qui différencie Superior, Wisconsin, de Seattle, Portland ou Eugene. Ici, à Superior, vous pouvez laisser un vélo attaché à un lampadaire avec un antivol fragile et il restera intact pendant un mois. Dans les autres villes que j’ai mentionnées, le vélo serait volé ou dépouillé en quelques heures.
Quoi qu’il en soit, au bout d’un mois environ, je suis passé devant le vélo depuis une direction différente de celle que je suivais habituellement et j’ai vu cet écriteau scotché :
Oh la vache ! Quinze dollars ! Une aubaine que je ne pouvais pas laisser passer. Malgré tout, j’ai parlé de l’achat à Christine et elle a dit d’accord. C’était un beau vélo. J’ai appelé le gars, je l’ai rencontré au coin de la rue, j’ai testé le vélo et je l’ai acheté. Je n’ai même pas essayé de marchander le prix parce qu’à 15 dollars c’était une affaire exceptionnelle.
Voici à quoi ressemblait le vélo lorsque je l’ai acheté :
Il était en état de marche. Les leviers de vitesse et les freins fonctionnaient et les pneus (usés) étaient gonflés.
Le Schwinn World Sport est un vélo cyclosportif de son époque, pas très élégant mais tout à fait convenable. Le cadre en acier manchonné a été fabriqué à Taiwan pour Schwinn et le triangle principal est constitué de tubes en Chromoly 4130. Le Web m’a aidé à décoder le numéro de série du vélo et m’a appris qu’il avait été fabriqué en 1984. L’autocollant apposé sur le tube m’a indiqué que le vélo avait été vendu à l’origine par Stewart’s Wheel Goods, juste de l’autre côté du pont à Duluth.
Je finis presque toujours par modifier mes vélos pour qu’ils me conviennent et j’ai un gros stock de pièces et d’outils et je peux généralement faire les modifications sans avoir à acheter beaucoup de nouvelles pièces. Comme j’ai acquis ce vélo pour un prix dérisoire, j’ai voulu poursuivre cette tendance à l’économie et voir comment je pourrais m’en tirer sans dépenser grand chose.
Je savais que je voulais changer le guidon et j’ai d’abord essayé quelque chose que j’avais fait avec des vélos dans le passé, en coupant la partie inférieure du guidon et en l’inversant pour en faire un cintre en forme de corne de vache, une opération connue sous le nom de « clip and flip« .
Les deux photos ci-dessus montrent ma première tentative de personnalisation. Le rétroviseur, la sonnette, la lumière, la câblerie jaune, la guidoline et la sacoche de cadre Jandd sont tous des éléments que j’avais dans mon abri à vélos. Je voulais vraiment le transformer en fixie, mais il s’est avéré que la seule chose que je n’avais pas dans ma réserve de pièces était un pignon fixe. Mais lorsque j’ai publié mon premier article sur mon blog, mon ami Steve à Minneapolis a fouillé dans sa réserve de pièces détachées, a trouvé un pignon fixe Surly de 16 dents et me l’a envoyé par la poste.
Ma première sortie avec le vélo encore en configuration 12 vitesses m’a permis de constater que je n’étais plus aussi jeune qu’avant et que les cornes de vaches m’étiraient trop. Cependant, le vélo se comportait très bien, il était très stable et j’aurais pu rouler sans les mains sur de longues distances si j’avais voulu. Une amélioration qui n’est pas évidente à voir sur les photos est que j’ai remplacé les plaquettes de frein vieilles de 40 ans par un jeu inutilisé de plaquettes de frein Scott-Mathauser de couleur saumon qui se trouvait dans l’un de mes tiroirs depuis une dizaine d’années. Je savais qu’elles seraient utiles un jour !
J’avais le bon extracteur de roue libre dans ma trousse à outils pour retirer le corps de roue libre, mais je n’avais pas d’étau pour faire levier. J’avais cependant une grosse clé et la tige de selle de mon Bike Friday Pakit qui faisaient très bien l’affaire. Si quelqu’un était passé à ce moment-là, il aurait pu penser que je construisais un monocycle.
Le pignon offert par Steve est arrivé par la poste et je l’ai monté sur la roue en utilisant de la loctite. Je ne suis pas un de ces jeunes hipsters qui roulent sans freins et qui dérapent pour s’arrêter, donc la loctite devrait suffire. J’utilise des freins avant et arrière dotés de très bonnes plaquettes et EN PLUS mes jambes pour ralentir et m’arrêter.
Au niveau de la roue arrière j’ai dû changer de côté une grosse entretoise et recentrer la roue. Les rayons étaient juste assez longs pour l’opération. J’ai également remplacé le fond de jante en caoutchouc fragile par une double couche de Gorilla tape et j’ai regarni les moyeux avant et arrière, puis j’ai dévoilé les deux roues.
J’en suis arrivé au point où je devais dépenser un peu plus d’argent pour ce projet, alors j’ai traversé le pont avec mon Allant jusqu’à Duluth. Le Schwinn a des roues de 27 pouces qui ne sont plus très répandues, mais Twin Ports Cyclery avait une variété de pneus en stock parce qu’ils savent que certaines personnes aiment entretenir des vieilleries. J’ai obtenu une belle paire de pneus de cyclocross pour 20 $ chacun. J’avais aussi besoin d’une chaîne singlespeed 1/8″, mais celles de Twin Ports étaient un peu plus fantaisistes (et plus chères) que ce que je voulais, alors je suis allé chez Stewart’s où j’ai acheté une chaîne et une chambre à air de rechange pour un total de 18$.
De retour à la maison, j’ai installé les pneus et la chaîne. J’avais déjà démonté les dérailleurs et les manettes de vitesse et ils sont maintenant dans mes boîtes de pièces détachées en attendant un autre projet ou d’être échangés. Le vélo ressemble maintenant à ceci :
J’ai relevé un peu plus le cintre et raccourci les cornes de vache, mais je ne me sentais toujours pas à l’aise.
Puis j’ai eu une idée :
J’ai vraiment aimé la façon dont les leviers de frein fonctionnent dans cette position, je peux les actionner avec l’index ou le majeur ou les deux, et avec le guidon ramené vers moi, j’étais dans une position de conduite droite plus confortable. Je me rapprochais d’une position bien réglée.
Les choses commençaient vraiment à se mettre en place. Au magasin Goodwill, j’ai trouvé un parfait petit sac bleu pour deux dollars avec l’intention de l’utiliser comme sacoche de cintre.
J’ai également retrouvé mon Orp dans mon stock. L’Orp est un klaxon électronique et une lampe combinée que je trouvais trop bruyante, mais étant donné que tout le monde est distrait de nos jours, j’ai décidé qu’il était sacrément pratique.
J’ai fabriqué le support pour la sacoche de cintre avec du Coroplaste et des colliers. J’ai une grande réserve de Coroplaste et de colliers dans ma remise et j’ai également fabriqué un ensemble de garde-boue pour mon vélo. L’arrière est un garde-boue complet et l’avant est une protection contre les éclaboussures qui court le long du tube diagonal avec une petite partie qui s’étend au-dessus du frein avant.
Je me suis rendu compte que je voulais que la partie du guidon qui bascule vers moi soit un peu plus longue et dans ma pile de pièces diverses et variées, j’avais exactement ce qu’il me fallait pour y parvenir : une cheville en chêne et de la JB-Weld.
J’ai laissé la soudure JB durcir pendant 24 heures, puis j’ai recouvert les barres préalablement dénudées avec du caoutchouc de chambre à air pour le rembourrage et du ruban adhésif en liège.
J’ai également eu le regret de constater que si j’avais plusieurs bidons dans ma réserve de pièces, je n’avais pas de support de bidon. Naturellement, j’en ai fabriqué un avec du Coroplaste, des colliers et un morceau de tube en plastique qui me restait de mon projet d’étang dans le jardin.
Je me suis également rendu compte que la sacoche avant s’affaissait trop lorsqu’elle était chargée de mon nécessaire à réparation, mais j’ai remédié à ce problème avec de petites cordes de soutien allant du garde-boue avant à la potence.
La dernière chose que j’ai ajoutée au vélo est un porte-bagages arrière. Je l’ai trouvé à la Bike Cave, un magasin de vélos à but non lucratif de style do it yourself à Duluth. Je leur ai fait don de mes lampes et outils supplémentaires (j’avais beaucoup trop de lampes !) et j’ai ramené ce porte-bagages à la maison.
Il s’adaptait fort bien sur le vélo avec des colliers de serrage et des entretoises en caoutchouc. La sangle reliée au support de selle permet de soulager les colliers de serrage.
Ce fixie Schwinn est actuellement mon vélo préféré. Pour ceux qui s’intéressent à ce genre de choses, le développement est de 40×16, ce qui me semble parfait. Et oui, j’utilise de stupides pédales plates et lourdes en caoutchouc sur ce vélo, sans cales ni sangles, et non mes pieds ne s’envolent, et oui je peux monter et descendre des côtes sans mourir.
J’ai une méthode de comptabilité bizarre en ce sens que je ne compte pas le coût de ce que je possède déjà lorsque je fais le compte de ce que j’ai dépensé pour un vélo. Je ne compte donc pas mes feux, le Coroplaste, les colliers et les autres éléments que j’avais à portée de main. Voici donc ce que m’a coûté le Schwinn :
Le vélo en lui-même | 15 $ |
Une paire de pneus | 40 $ |
Une chaîne neuve | 10 $ |
Une entretoise | 8 $ |
Une sacoche de cintre | 2 $ |
Total | 75 $ |
Je pense qu’il s’agit d’une bonne affaire. Et oh oui, ce vélo a une bonne quantité de ce que Grant Petersen appelle beausage2. C’est un beau vélo, mais je n’ai pas à m’inquiéter de le voir prendre des coups.
Notes
- Ce texte est un bon complément à Pourquoi je n’achète pas de vélos onéreux du même auteur.
- Sur ce concept qui sonne français mais qui ne l’est pas, lire ceci (en anglais).
Bon billet que je copierai en partie pour parler du passage en monovitesse de BluaMarko.
Hâte de lire ça !