Rue scolaire en chantier au sud de la rue des Carmes

Un peu plus d’un an après l’inauguration de la première nouvelle rue scolaire orléanaise, l’adjointe à l’éducation a annoncé sur Twitter qu’à compter du retour des congés de Toussaint, une partie de la rue des Charretiers expérimenterait à son tour ce dispositif.

J’ai laissé passer les vacances scolaires d’automne mais j’avais quand même été voir de plus près les lieux au début d’icelles. L’occasion de faire rapidement le point sur le quartier.

Vue aérienne orientée à l’est (en haut). En jaune, le tronçon de rue concerné.
On voit bien les arbres qui ombragent la cour de l’école (moins de 100 élèves a priori).

Un quartier… en lent devenir

En 2018 j’avais été traîner mes roues dans ce quartier, ce qui avait donné D’Angleterre en Avignon en passant par St Paul.

J’ai également retracé l’histoire mouvementée de la ZAC des Carmes dans Campus Madeleine : un futur aspirateur à voitures ? en décembre 2019.

Alors que 2022 touche bientôt à sa fin, il n’est pas inutile de souligner que ce projet urbain traîne en longueur. La faute sans doute à la pandémie de 2020…

La dernière section de la rue des Charretiers (en jaune) a échappé aux bombardements de la Deuxième Guerre mondiale (source).

Depuis la rue de l’Ange immédiatement parallèle, il n’est toujours pas possible de déboucher rue des Carmes alors que mi-2019 on annonçait deux ans de travaux1 :

Début novembre 2018, on pouvait lire dans le quotidien local2 :

« Entre les rues de l’Ange et des Charretiers, seize logements et quatre commerces seront aménagés. Livraison de l’ensemble de l’îlot fin 2020. »

Début novembre 2022, on pressent que le chantier touche peut-être à sa fin :

Une réhabilitation complète d’anciens bâtiments.

En haut de la rue Stanislas Julien, la future « locomotive » commerciale du quartier Carmes gentrifié est toujours vide :

En février 2020, on lisait dans le quotidien local3 :

« Quelle enseigne occupera les locaux ? Aujourd’hui, rien n’est acté. « Des contacts existent. Mais les candidats préfèrent attendre de voir comment avancera le projet Porte-Madeleine », assure Behra Madi, la manager de centre-ville. Elle n’en dira pas davantage. »

Elle a bien fait de ne pas en dire davantage et d’avoir eu le nez creux d’aller manager un autre centre-ville, en l’occurrence celui de Châteauneuf-sur-Loire en juin 20214.

Rue Stanislas Julien toujours – prochainement requalifiée – les places de stationnement ont été neutralisées récemment :

Le panneau et la rubalise sur le trottoir ne sont pas de trop car des automobilistes ont pris l’habitude de se glisser derrière les potelets en dur qu’on aperçoit au loin.
L’automobiliste ne se laisse pas perturber facilement.
Plus bas dans la rue.
La neutralisation des places facilite en tout cas l’usage du double-sens cyclable.

Alors cette future rue scolaire ?

La rue des Charretiers est actuellement en cul-de-sac en raison des travaux aperçus plus haut. La rue de l’Arche de Noé perpendiculaire n’est plus accessible. C’est donc une impasse d’environ 50 m qui se retrouve rue scolaire c’est-à-dire fermée le matin et le soir pendant une demi-heure à l’entrée et à la sortie des classes.

Dans cette configuration, ce n’était pas compliqué d’envisager cette expérimentation. Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait plus tôt ? Personne n’y avait pensé juqu’ici semble-t-il, ni côté mairie ni du côté des parents d’élèves.

Sur fond orangé le tronçon de rue concerné par l’expérimention du principe de rue scolaire.

Sans doute y en a-t-il eu quelques qui ont fini par en avoir marre des marches arrières intempestives et ont signalé la chose à la mairie.

Une nouvelle rue scolaire sans complication, c’est toujours ça de pris :

Le problème de tout ce quartier, comme d’autres d’Orléans, c’est que la voiture est venue envahir un réseau viaire inadapté au passage des automobiles. Résultat : des trottoirs étroits voire impraticables, et du stationnement licite épars qui encourage le stationnement illicite.

Entrée de la rue des Charretiers au niveau de l’intersection avec la rue Croix de bois.
Vue vers le sud depuis l’angle avec la rue des Chats-Ferrés.
Panneau fais-moi peur rue des Chats-Ferrés5.

En raison des travaux les panneaux impasse et aire piétonne ont été ajoutés devant la dernière section de la rue :

Les trois places en zone bleue sont très probablement squattées au long cours et puis il est toujours possible d’aller se tanker devant l’école :

Pourquoi ne pas avoir piétonnisé définitivement la rue avec une borne rétractable comme c’est le cas rue de l’Ange ?

Borne d’accès à l’entrée de la rue de l’Ange.

À cause de l’existence du parking souterrain Carmes (372 places) dont le seul accès par le sud est… la rue des Charretiers (puis la rue de l’Arche de Noé).

Et ensuite ?

On peut penser que l’expérimentation donnera satisfaction et que le dispositif sera pérennisé. Mais plus globalement, quel avenir pour les rues scolaires à Orléans ? On a appris hier que l’adjointe à l’éducation abandonnait son mandat pour devenir directrice de cabinet du maire6. Elle pourra probablement continuer à conseiller utilement son mentor en politique mais qui pour porter politiquement le dossier désormais ? Ce n’est pas un secret que Chrystel de de Filippi a dû batailler contre sa propre majorité pour relancer le dossier et aboutir rue de la Gendarmerie.

Bonus drive

Certains ont fait remarquer qu’il serait plus urgent d’agir non loin, là où un drive d’un genre particulier a défrayé la chronique. Certes, mais l’enseignement privé ce n’est pas comme l’enseignement public, on peut d’ailleurs le mesurer via l’Indice de Position Sociale (IPS) : 97,3 pour l’école Jean Zay contre… 131,2 pour l’école Saint-Charles7.

Bonus arbre

Après le pataquès autour des vénérables tilleuls de la place Domrémy8, on pourrait penser qu’on prend désormais au sérieux les arbres en ville à Orléans. Il paraît même qu’on leur a donné un prix9.

Alors combien pour cet infortuné arbre de judée10 ?

Depuis que j’ai pris ces photos, l’arbre a bien disparu et les travaux se poursuivent comme le montrent… des voitures tankées sur le trottoir :

Bonus graphique

Merci à Steffanie Brocoli pour cette fresque réjouissante sur le mur du cinéma Les Carmes rue Henri Roy :

Le MUR se porte très bien et se renouvelle bien plus vite que le quartier des Carmes qui continue de faire l’objet de nombreuses plaintes d’habitants11.

Notes

  1. « Des risques d’effondrement d’immeubles sur la rue de l’Ange », La République du Centre, 29 juin 2016.
  2. Nicolas Da Cunha, « Où en sont les travaux de la rue des Carmes à Orléans ? », La République du Centre, 3 novembre 2018.
  3. Nicolas Da Cunha, « Commerces, logements… La renaissance du quartier des Carmes à Orléans », La République du Centre, 23 février 2020.
  4. Informations glanées sur son profil LinkedIn.
  5. Curieux nom de rue que celui de Chats-Ferrés. Voici une explication donnée par Eugène Lepage dans Les rues d’Orléans, ouvrage savant d’histoire locale publié à la toute fin du XIXe siècle :

    « A cette première version nous ajouterons la suivante qui date, paraît-il, de 1565 : « Un savetier protestant de la rue du Bourg-Cointel avait un chat qu’il affectionnait beaucoup. Un catholique du même état s’en empara, tandis que la Loire était gelée, lui contre-ferra les pattes et le lança au milieu de la glace, où son maître faillit périr eu allant le chercher. Ce mauvais tour excita une rixe entre voisins de religion différente et du même quartier. Quelque temps après, les protestants étant protégés par le prince de Condé, le savetier résolut de se venger de son confrère ; à cet effet, il guetta le chat du voisin, s’en empara et, lui avant attaché une baguette en forme de ligne entre les pattes de devant, il le jeta dans l’eau, à la Barre-Flambert. D’où, entre les deux savetiers, nouvelle querelle qui devint sérieuse, puisque leurs amis s’en mêlèrent. Bientôt on se moqua des deux champions et la maison de l’un fut appelée Maison du Chat-Ferré, tandis que l’autre porta le nom de : Maison du Chat-qui-Pêche. »
    C’est, d’ailleurs, ce dernier nom que porta longtemps la partie de la rue Croix-de-Bois qui s’étend de la rue de Recouvrance à la rue des Charretiers. »
  6. Nicolas Da Cunha, « L’adjointe à l’éducation, Chrystel de Filippi, démissionne de ses mandats à la Ville d’Orléans », La République du Centre, 25 novembre 2022.
  7. Voir aussi Maude Milekovic, « Que nous apprennent les indices de position sociale des collèges du Loiret ? », La République du Centre, 26 octobre 2022.
  8. « Orléans : les tilleuls du quartier Saint-Marceau sont sauvés ! », France Bleu Orléans, 26 août 2022.
  9. Christine Berkovicius , « A Orléans, les arbres ont désormais un prix », La Parisien, 1er mars 2021.
  10. Arbre qui, si j’en crois cet article de La Rép’, a été planté en 2013.
  11. David Creff, «  »Le paradis des dealers sous nos fenêtres » : le cycle des forums de quartiers d’Orléans s’achève sur de grandes inquiétudes… », La République du Centre, 10 novembre 2022.

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