Olivier Carré évoque le vélo à la radio

Le O étant à l’honneur à Orléans, une petite assonance dans le titre est la bienvenue. COquetterie littéraire mise à part, hier lundi 4 mars Olivier Carré était l’invité de « Controverse », l’émission politique mensuelle de France Bleu Orléans. Le compte-rendu et l’enregistrement audio de cette discussion en direct entre plusieurs journalistes et le maire d’Orléans (et président de la métropole) sont accessibles à cette adresse. Dans un tweet-teaser post-émission, le journaliste François Guéroult évoque un « mea culpa sur la politique vélo ». Oh !

Insatisfaction

Dans la deuxième partie de l’entretien, à partir de 11 min 45 s, Olivier Carré est prié par un de ses interlocuteurs de préciser un de ces sujets sur lesquels, selon ses propres mots, « on n’a pas fait assez fort, où il faut qu’on aille plus loin, [qu’ont doit même] reprendre, revoir ».

Voici ce qu’il répond à l’antenne :

J’ai un élément qui est simple, sur le vélo par exemple, ça paraît anecdotique mais ça ne l’est pas. Aujourd’hui il y a de plus en plus de déplacements à vélo dans une agglomération qui s’y prête et on n’est pas au niveau auquel j’aimerais que l’on soit. On est dans un niveau qui a été jugé récemment par des experts comme étant satisfaisant. Je partage pas leur avis. Et donc à partir de là il faut revoir le sujet. Mais c’est un sujet sur lequel il faut demander leur avis aux électeurs parce que c’est des sujets qui doivent revoir certains fonctionnements de la rue, certains fonctionnements des voies publiques parce que le partage de l’espace il nécessite de recalibrer un certain nombre de choses.

Dans les non-dits de cette dernière phrase on sent la longue expérience de l’élu local confronté à l’épineuse question du stationnement sur la voie publique. Comme l’émission s’appelle « Controverse », l’un des interviewers intervient avec cette remarque : « On vous dit très favorable à l’automobile. » Le maire-président rétorque : « Les gens qui disent ça sont des gens qui ont pas souvent discuté avec moi. » Il y avait sans doute une question moins polarisante à poser : pourquoi une telle situation (insatisfaisante) ? Car c’est bien la question du portage politique de ce dossier qui se pose à Orléans et plus largement dans la métropole. Maintenant qu’on sait que le maire-président ne juge pas le sujet anecdotique1 peut-être saura-t-il nommer un(e) élu(e) suffisamment convaincu(e) pour construire et défendre une politique cyclable sérieuse et ambitieuse2.

L’échange se conclut ensuite sur le fait qu’Olivier Carré estime qu’il faut « faire en sorte que chaque mode ait sa place et qu’on accompagne des tendances lourdes » celle en particulier que « de moins en moins de gens prennent leur voiture même si la tendance ne va pas assez vite pour certains ». Il certain que les questions de mobilité relèvent du temps long mais on peut déceler dans ces propos une certaine tendance au laissez-faire (laisser-aller pourrait-on écrire) alors même que oui, il faut « opposer les modes » (de déplacement). Et donc faire plus qu’accompagner les usages : les transformer, activement.

Et revoilà la passerelle

Dans la quatrième partie, à partir de 11 min 44 s, Olivier Carré est interpelé sur son projet de passerelle(s) piéton/vélo sur la Loire, une nouvelle fausse bonne idée comme l’a écrit Vélorution Orléans – après celle de faire passer le tram sur une seule voie sur le pont George V (projet évoqué dans Vu du tramway).

Voici ce qu’il répond :

Ça fait partie des sujets où on sera dans l’engagement de campagne de trouver une solution je dirais définitive, la passerelle, mais pas dans l’engagement de campagne de dire que le problème aura été résolu avant la fin du mandat et c’est pour ça qu’il est probable que j’engage une nouvelle concertation sur ce sujet dans les semaines qui viennent.

Une concertation sur quel sujet ? L’idée de construire une passerelle est tellement consensuelle – même en l’absence de réelle pertinence pour le vélo au quotidien – qu’on se demande bien sur quelle problématique le public pourrait être consulté. Si c’est sur son futur emplacement, les contraintes techniques sont tellement fortes que ce sera affaire de spécialistes.

C’est le moment de rappeler que Vélorution Orléans a déposé un joli projet dans le cadre du budget participatif 2019 : aménagement d’une voie réservée aux vélos sur le pont George V. Quand le collectif y écrit à propos des passerelles qu’elles « ne verront nécessairement le jour que dans plusieurs années », il ne croit pas si bien dire. Ce n’est pas « plusieurs années » qu’il aurait fallu écrire, mais « nombreuses années ». Et peut-être même jamais.

Pour celles et ceux qui se déplacent à vélo, Orléans va rester encore longtemps entre deux rives.


Crédit photo : HuffyHistory [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons

Notes

  1. Mais qui oserait encore penser une chose pareil, hein ?
  2. Selon Magcentre, parler « de la place des vélos » permettrait à Olivier Carré de « couper quelques brins d’herbe sous les pieds de Jean-Philippe Grand le candidat écologiste, le seul qu’il craint véritablement ». Voir « Orléans : les embarras d’Olivier Carré », 5 mars 2019.

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20 réponses

  1. alpincesare dit :

    Olivier Carré > On est dans un niveau qui a été jugé récemment par des experts comme étant satisfaisant.

    C’est pas ce que dit le Baromètre vélo de la FUB pour la ville d’Orléans :

    Orléans (45)
    Note : 3.07 / 6
    Classement : non classé
    Climat vélo : E plutôt défavorable
    https://public.tableau.com/profile/fub4080#!/vizhome/BarometredesVillesCyclablesresultatfinal/Accueil

    • Jeanne à vélo dit :

      Je pense qu’il fait allusion à l’audit mené par le cabinet Indiggo dans le cadre de la révision du plan vélo. Mais c’est curieux car d’après mes informations ce n’est pas la conclusion à laquelle leurs travaux ont abouti.

      • alpincesare dit :

        En plus, quand on lit les 33 (!) pages de commentaires laissés par les cyclistes d’Orléans lors du Baromètre vélo de la FUB…

        https://postimg.cc/06F9nTMV

        https://barometre.passoire.fr/

        • Jeanne à vélo dit :

          J’ai le sentiment que la plus grande incompréhension quand on parle politique cyclable c’est qu’il ne s’agit pas de faire des aménagements ici et là pour faire plaisir aux personnes qui se déplacent déjà à vélo mais de créer les conditions d’un report modal important – le plus important possible – au sein de la population. C’est là que la question du « portage politique » que j’évoque dans le billet prend tout son sens. Il faut une vision et ne pas se contenter d’être gestionnaire. Au-delà de son aspect pratique, la réservation d’une voie sur le pont George V ouvrirait le domaine du possible (et du désirable !).

          • manumanu dit :

            Oui je n’ai pas bien compris cette notion de portage politique (et à quoi elle s’appliquait) dans votre post (au demeurant très intéressant comme d’habitude, merci !). Concernant l’avis satisfait d’un expert, je me suis posé la même question, quel expert? Peut-être Olivier Carré s’est-il arrêté au fait que concernant la quantité de linéaire vélo, nous sommes dans la bonne moyenne (mais ça n’est plus le cas si l’on prend en compte la qualité du linéaire).

          • Jeanne à vélo dit :

            C’est une explication possible en effet.
            Concernant le « portage politique » c’est, je vous le concède, une façon un peu pompeuse de dire qu’aucun élu local n’a fait du développement du vélo son cheval de bataille (politique), son petit domaine d’expertise. D’ailleurs le maire peut se permettre d’émettre l’hypothèse que le vélo pourrait être un sujet « anecdotique ». On part donc de très très loin (on donne souvent la parole sur ce sujet à M. Poisson qui est l’élu « au stationnement et à la circulation »).

          • Yann d'Orléans dit :

            Dans le cadre des municipales 2020, est ce que le collectif Vélorution prévoit d’émettre des propositions pour améliorer la « cyclabilité » des communes de l’AgglO sous forme d’une lettre ouverte ?

            Bonne journée à tous.

  2. Yann d'Orléans dit :

    Jeanne chargée de la politique cyclable… Cela aurait de l’allure 😋

    Merci pour ce très bon billet.

  3. REGIS REGUIGNE dit :

    Je croyais, sans doute par excès d’optimisme, qu’il y a (avait ?) un vice-président d’Orléans Métropole en charge de la politique cyclable d’OM (maire de la Chapelle – St Mesmin) qui « travaille d’arrache-pied » ces jours-ci sur « un plan vélo » pour l’OM). Alors, sur ce que dit le président-maire, il faudrait attendre le, les, programme(s ) électoral pour 2020, pour, ensuite , attendre des réalisations , et , lesquelles, comment ?

    • Laurentb dit :

      La voirie est gérée par la métropole, il est donc logique que la question de l’organisation des différents flux, dont le cycle, soit géré par ce même niveau « administratif ».
      Maintenant, il faut pas se leurrer, nous ne votons pas directement pour les personnes siégeant à OM, donc tous ces débats ne seront réalisés qu’au niveau de chaque commune.

      • Jeanne à vélo dit :

        Remarque fort juste. D’ailleurs M. Bonneau, puisque c’est lui ce fameux vice-président, ne perd pas une occasion de rappeler que le président (sous-entendu M. Carré) l’avait assuré de respecter les choix des communes. Bref, la métropolisation est fort nébuleuse.

      • Yann d'Orléans dit :

        Si j’ai bien compris vos raisonnements, OM n’a pas autorité pour faire réaliser des portions cyclables s’étalant sur plusieurs communes ?

        • Jeanne à vélo dit :

          Si bien sûr mais en négociant avec les élu(e)s des communes concernées. C’est un peu « touche pas aux places de stationnement des mes riverains » !

  4. V-LO dit :

    Chouette, il va donc s’attaquer maintenant à la rue Bannier… ? 🙂

    • Yann d'Orléans dit :

      Voire à tout le fbg Bannier !
      Le début de celui-ci a une activité économique assez sympa mais le cadre est à l’abandon…

    • REGIS REGUIGNE dit :

      Tant il est constant que « plein » d’automobilistes se garent là (« j’en ai pour 2 minutes » ) sur la bande cycliste sud-nord , et qu’ils ne se hâtent surtout pas de repartir. Pourquoi pas, sur place, appeler la Police Municipale pour régler la question ; numéro ?

      • Yann d'Orléans dit :

        Pas efficace car le temps que la PM arrive, le véhicule en faute est reparti… C’est la meme problèmatique devant les écoles… C’est pour ça que j’ai demandé des potelets rue des Murlins… Mais le maire de quartier a refusé sous prextexte que la PM serait sur les rangs… Les GCUM en rigolent encore.

        • V-LO dit :

          Vous avez raison Yann d’Orléans, ça m’arrive tous les jours aussi. Les autos qui en ont pour 2 minutes s’en moquent puisque le temps qu’on appelle (et je n’ai pas dit : « le temps que la police se déplace », hein), elles ont déjà déguerpi. Il y a quelques semaines, un automobiliste m’a frappé (dans l’indifférence quasi-générale) ici-même au motif que : « j’habite ici, je fais ce que je veux, tu sais qui je suis ? tu sais qui je suis ? tu sais qui je suuuuuuuuuiiiiiiiiiiis ? « .
          Cela dit, les trop nombreux cyclistes qui roulent sur les trottoirs de la rue s’en moquent aussi puisqu’à chaque fois, on a droit au célèbre : « vous êtes de la police ? ».
          Ce que je retiens de tout ça, c’est que la municipalité enverrait un vrai signal si elle prenait à bras le corps cette question des déplacements sur cet axe rue Bannier -> Faubourg Bannier aussi symbolique que structurant, et pour lequel elle est très attendue par les habitants depuis un moment déjà.

          • Jeanne à vélo dit :

            Je suis désolé d’apprendre que vous avez été agressé.

            Si concernant le trottoir vous faites allusion au haut de la rue, la mairie a très mal joué le coup en interdisant le double-sens cyclable à cet endroit-là.

  5. REGIS REGUIGNE dit :

    Les amis, cyclistes au quotidien, vite, aux ateliers vélo d’OM. Voir sur le site de vélorution. Quelle tristesse ces constats.

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