Vu du tramway

La République du Centre titre aujourd’hui à la une « George-V… Le pont des soupirs ! » et consacre deux pleines pages à un sujet dont tout le monde parle qui a fait réagir publiquement quelques personnalités politiques locales. Parmi elles, l’ancien président de l’intercommunalité himself, Charles-Éric Lemaignen, qui aurait peut-être fini par proposer d’expérimenter la neutralisation d’une voie de circulation automobile sur le pont Royal. C’est sans doute plus facile de se positionner sans ambiguité sur le sujet quand on n’est plus aux commandes. Tout comme il est possible de proposer de supprimer toute circulation automobile sur le pont en toute simplicité. Le fait est que ce n’est pas le genre de décision qu’on prend facilement, comme le démontre Alain Juppé à Bordeaux, qui est d’une prudence de Sioux concernant l’avenir du pont de pierre. Cela dit, Olivier Carré n’use pas d’arguments solides pour justifier son projet de voie unique de tram sur le pont George V.

Retour en 2012

Jeanne est tombée presque par hasard sur une étude menée conjointement en 2012 par le STRMTG et le Cerema intitulée « Circulation des cyclistes sur les plate-formes tram : état des lieux ». Il se trouve qu’Orléans a fait partie des villes étudiées. C’était d’ailleurs à l’époque de l’ouverture de la seconde ligne. Le « gestionnaire » et l' »exploitant » ont librement donné leur sentiment sur « les enjeux de la circulation des cyclistes sur les plates-formes tramway en site propre ». Dans les deux pages de leur verbatim on trouve des éléments fort intéressants qui n’étonneront pas celles et ceux qui pratiquent le vélo dans la ville (télécharger ici les deux pages de la synthèse des questionnaires orléanais). En voici deux extraits :

Le premier concerne le pont George V (texte cité tel quel où PF signifie « plate-forme ») :

Revendications d’usagers ou autre exprimées sur la question de l’utilisation des voies de tramway à vélo :
Selon gestionnaire :
-cyclistes demandent suppression du ressaut de 2cm (permettant tout de même aux voitures de les doubler) de la PF du pont Georges V (plainte qui s’amenuise (font avec))

Très drôle le « font avec ». Le ressenti d’alors était trompeur et les plaignants sont plus que jamais nombreux en 2018.

Le second porte sur une appréciation générale de la politique vélo (où tw signifie « tramway » et SP « site propre ») :

Visions en termes de vélo et manière dont il est abordé (notamment lors des projets tw) :
[…]
-exigences de la mission de favoriser vélo (domicile-travail : pas de détours ou sauts d’obstacles en permanence (accès riverains, voies adjacentes, feux, etc)), qu’il ait même droit que voiture, son 1,5m d’espace : obtenu plutôt ces exigences de SP (avec traitement au mieux des carrefours) quand il y avait sensiblement de l’espace, mais là où c’était contraint le vélo n’existe plus (sur trottoir (pas conforme (loi accessibilité PMR…))) (d’où la PF). Aime quand on intègre le vélo avec bande cyclable confortable et traitement aux carrefours au même titre que les autres usagers)

C’est le « gestionnaire » qui s’exprime et il le dit donc sans ambages : « là où c’était contraint le vélo n’existe plus ». C’est sûr que ça va mieux en le disant.

L’espace sur le tablier du pont George V étant très contraint, il serait vraiment triste que les conducteurs du tram finissent pas confier : « là où l’espace est contraint, le tram en double sens n’existe plus ».

Orléans 2020 : manipulation d’un aiguillage (vue d’artiste)1.

Crédit photos :

Notes

  1. Septembre 2020 : ça restera une vue d’artiste puisque la décision historique du maire d’alors Olivier Carré est confortée par son successeur. Cf. « Voie cyclable pérennisée sur le pont Royal à Orléans : « Une bonne nouvelle, mais on attend la suite », France Bleu Orléans, 2 septembre 2020.

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3 réponses

  1. CdV dit :

    J’ai chuté en montant à vélo sur la plate-forme du tramway sur le pont George V. C’était vers 2005, le ressaut de 2 cm était mouillé, et je ne faisais pas attention. Je ne pris pas assez en biais le franchissement de ce bourrelet. Heureusement, ni tram ni voiture à ce moment.
    A cette même époque, « nous » voulions la pose à l’entrée du pont du panneau, « dépassement 1 m minimum ». Il fallut deux ans pour l’avoir. L’argument avancé pour expliquer l’impossiblité de mettre ce panneau était : cela nécessite l’accord de l »ABF (Architrecte des bâtiments de France) … No comment

    • REGUIGNE REGIS dit :

      Cela fait penser au « grossier argument  » selon lequel ce même ABF serait opposé à la passerelle cyclable accolée à ce pont , sous prétexte de ZPPAUP. Grossier « mensonge », jamais « l ‘ ABF » n’a été consulté pour mise à l’ étude de cette passerelle ! Par contre, en ZPPAUP, j’ai , en accord avec l’ABF, réalisé la passerelle cyclable accolée au pont d ‘Olivet . Alors, que dire, que faire ? Vous en doutez ? Questionnez-moi.

  2. janpeire dit :

    La photo d’illustration me fait penser aux conducteurs du tram à Berlin (ancienne partie Est, voyage en 2002) qui devaient descendre du tram pour actionner les feux avant de pouvoir passer.

    Autrement très bon billet.

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