Amsterdam a inauguré un parking à vélo… sous l’eau ! — par Bicycle Dutch
L’art néerlandais d’allier le beau, le pratique et le spectaculaire documenté par Mark Wagenbuur qui a eu l’honneur d’être invité à l’inauguration d’un nouveau parking à vélos tout à côté de la gare centrale d’Amsterdam.
Voici la traduction de « Amsterdam opened a new bicycle parking facility, underwater! » publié le 1er février 2023 sur Bicycle Dutch.
Un nouveau parking à vélos situé sous l’eau en face de la gare centrale d’Amsterdam a été officiellement inauguré mercredi dernier. Un jour plus tard, il était ouvert au public. Le parking peut accueillir 7000 vélos et il y a également plusieurs centaines de vélos du système de vélos partagés OV-Fiets. S’inscrivant dans le cadre d’un projet beaucoup plus vaste de modernisation du quartier de la gare centrale d’Amsterdam, ce garage contribuera à réduire le nombre de vélos stationnés dans la rue et à la vue de tous, ce que beaucoup de Néerlandais perçoivent aujourd’hui comme un encombrement. Les supports de stationnement pour vélos sur la voie publique seront retirés en février. Le garage à vélos de l’Ouest et le célèbre « Fietsflat » ont déjà été fermés.
Si les parkings situés sous l’eau ne sont pas rares aux Pays-Bas (j’en connais quelques exemples à Delft, à Amsterdam et il y en a deux dans ma ville natale de Bois-le-Duc), ils étaient tous destinés aux voitures jusqu’à présent. Les concepteurs de ce nouvel ouvrage immergé sont basés à Rotterdam. Wurck rapporte qu’ils se sont inspirés du thème de l’eau pour créer ce parking qui se trouve littéralement sous l’eau du bassin de plaisance. Selon les concepteurs, les gens amènent leurs vélos dans une huître imaginaire dont l’extérieur brut est fait de basalte et de pierre naturelle et dont l’intérieur est lisse, clair et lumineux. En outre, ce thème a été à la base de l’art mural et des luminaires circulaires au plafond du corridor principal. Des cartes d’Amsterdam à différentes époques ont été créées en collaboration avec le musée d’Amsterdam. Ces cartes sont composées de « pixels » provenant de photos et de peintures et couvrent un mur entier du parking, appelé « horizon ». Ces images, comme celles des « oculi » – c’est ainsi qu’on appelle les cercles du plafond – montrent le lien avec la ville. Le confort d’utilisation était également un point essentiel de la conception. Le parking est situé en profondeur, ce qui pourrait rendre son utilisation peu attrayante. L’apport de la lumière du jour et l’utilisation de matériaux clairs et de haute qualité devaient donner à l’intérieur du parking à vélos un sentiment agréable et accueillant. Pour que l’on sache facilement où l’on se trouve, l’allée principale du parking a été conçue comme une « colonnade » (une allée entre des piliers) qui mène à une liaison souterraine directe à la station de métro et, de là, à la gare. L’atelier et l’endroit où le gestionnaire peut surveiller le parking sont la « perle dans l’huître », selon les concepteurs Wurck.
Trois personnes étaient invitées à l’inauguration officielle : la ministre de l’environnement Vivianne Heijnen, le nouveau PDG des chemins de fer néerlandais Wouter Koolmees et l’adjointe au maire de la ville d’Amsterdam Melanie van der Horst. Cela donne une indication claire de l’origine des fonds destinés à cette infrastructure. Aux Pays-Bas, il est toujours difficile de savoir ce que coûte un ouvrage et qui l’a financé. J’ai vu plusieurs chiffres mentionnés allant de 50 à 85 millions d’euros, mais je n’ai pas trouvé de source fiable pour un chiffre définitif digne de figurer ici.
Il est tentant de comparer cette installation à d’autres grands parkings à vélos aux Pays-Bas, mais ils sont tous si différents ! Celui-ci comporte beaucoup d’œuvres d’art, comme les parkings de La Haye et de Zwolle qui ont été ouverts assez récemment. Rien de tout cela dans l’ouvrage beaucoup plus grand d’Utrecht. Mais ce parking est beaucoup plus pratique à utiliser ; il suffit d’y entrer et d’en sortir à vélo, et même de se rendre aux autres niveaux. L’inconvénient est que celui d’Utrecht est ouvert aux quatre vents, ce qui crée un environnement humide avec des courants d’air. Celui d’Amsterdam est fermé et donne le sentiment d’être chauffé. Il est également beaucoup plus facile de se repérer car il n’y a qu’un seul niveau. Le fait que ce niveau soit immergé présente un inconvénient majeur : il se trouve à 9 mètres sous la surface. Les parkings de La Haye, Maastricht et Rotterdam ont également des escalators, mais celui d’Amsterdam en a besoin de deux ! Un journaliste a souligné qu’au moment où vous sortez enfin du deuxième escalator – très lent – « vos vêtements sont passés de mode ». C’est l’un des rares points négatifs que l’on peut entendre à propos de ce parking, par ailleurs presque parfait ; il faut beaucoup de temps pour l’utiliser et s’il y a une chose que les gens qui se précipitent vers les trains n’ont pas… c’est du temps ! Ce qui est également frappant, c’est qu’au moment où ce projet a été proposé aux promoteurs (en 2016), la ville n’a pas exigé que les vélos cargo et les vélos électriques soient pris en compte dans la conception. Ce qui signifie aujourd’hui qu’ils ne peuvent pas être stationnés ici. La deuxième nouvelle installation immergée pour 4 000 vélos, qui sera ouverte mi-février derrière la gare centrale, n’est pas non plus accueillante pour ces types de vélos. Je me demande où Amsterdam pense que les gens sont censés garer leurs vélos cargo et leurs vélos électriques ? Peut-être dans le futur nouveau parking qui est en cours de développement. Un parking de presque 9 000 places qui devrait ouvrir en 2030. À ce moment-là, la gare centrale d’Amsterdam disposera de 22 000 places de stationnement intérieur pour vélos.
Certains médias internationaux ont également évoqué ce parking, plusieurs articles ont été publiés.
À Orléans également, il y a un parking en dessous du niveau de Loire, mais pour les motorisés uniquement. Dans sa traversée johaniciene, un célèbre itinéraire fleuve doit se satisfaire de « décrotte-bottes », comme le dit l’antienne « c’est mieux que rien ».
Au delà de la plaisanterie, le reportage montre que le « design » pour le plaisir, c’est bien, mais faire pratique, surtout dans un pays de culture cycliste, c’est mieux; J’adore ce passage :
Le fait que ce niveau soit immergé présente un inconvénient majeur […]
Un journaliste a souligné qu’au moment où vous sortez enfin du deuxième escalator – très lent – « vos vêtements sont passés de mode » […]
il faut beaucoup de temps pour l’utiliser et s’il y a une chose que les gens qui se précipitent vers les trains n’ont pas… c’est du temps ![…]
la ville n’a pas exigé que les vélos cargo et les vélos électriques soient pris en compte dans la conception.
JP