Un pont cyclable obsolète sur le canal d’Amsterdam au Rhin à Utrecht — par Bicycle Dutch
Une voie cyclable bidirectionnelle de seulement 1,8 m de large aux Pays-Bas ? Oui, ça existe !
Mark Wagenbuur explique ici le pourquoi du comment.
Voici la traduction de « An outdated cycling bridge in Utrecht » publié le 25 août 2021 sur Bicycle Dutch.
La ville d’Utrecht est connue pour ses aménagements cyclables exceptionnels, mais même là-bas tout n’est pas parfait. La ville doit également composer avec des infrastructures anciennes qui étaient peut-être bonnes à l’époque de leur construction, mais qui ne répondent pas aux normes de conception actuelles. Un viaduc ferroviaire vieux de 50 ans, auquel est rattaché un pont cyclable étroit, est complètement obsolète et doit être remplacé de toute urgence. Mais si la ville a accepté d’entretenir la piste cyclable, le pont appartient aux chemins de fer et il traverse un canal géré par le gouvernement national. Qui va planifier, construire et payer un nouveau pont cyclable à cet endroit ?
Le canal d’Amsterdam au Rhin, plus large, a remplacé en 1952 un canal antérieur situé exactement au même endroit. Il a fallu attendre 1966 pour que la construction du pont actuel commence. Il a finalement été ouvert en 1970. Le « Demkaspoorbrug » est un pont en acier de 255 mètres de long avec une portée principale de 173 mètres. Le pont pour vélo n’a qu’une largeur de 1,8 m pour une circulation bidirectionnelles, à 9,45 mètres au-dessus de l’eau. Demka était une usine sidérurgique qui s’était étendue des deux côtés du canal des décennies auparavant. C’est pourquoi le nouveau pont pouvait également être utilisé à vélo, tout comme son prédécesseur. Les ouvriers de l’usine devaient pouvoir se rendre rapidement à vélo sur les autres sites de l’entreprise. Étant donné que les employés de Demka utilisaient le plus souvent le pont, celui-ci a été baptisé du nom de l’usine au fil du temps.
Au début de ce siècle, le chemin de fer a été étendu de 2 à 4 voies. Le pont n’a pas été remplacé mais un pont supplémentaire a été construit parallèlement. Après son achèvement en 2002, les trains ont pu l’utiliser le temps que l’ancien pont soit entièrement rénové. Les deux voies de l’ancien pont ne sont plus utilisées que par les trains allant d’Utrecht à Amsterdam. Le fait que la partie vélo n’ait pas été mise à jour pendant cette rénovation est une occasion manquée. Le pont constitue un lien important avec une zone industrielle située de l’autre côté du canal, qui ne compte que très peu de carrefours. Il fait également partie de l’itinéraire cyclable principal reliant Utrecht à Amsterdam, mais seulement sur le papier jusqu’à présent. Le pont n’est pas du tout adapté à la pratique du vélo, mais qui va pouvoir l’améliorer ?
Le pont appartient aux chemins de fer (ProRail) et traverse un canal qui est géré par le gouvernement national (Rijkswaterstaat). Utrecht a accepté d’assurer l’entretien de la partie cyclable et gère également les rampes d’accès et l’éclairage. Enfin, le pont est un monument municipal. Tout cela complique les choses. Il est compréhensible que le vélo ne soit pas une priorité absolue pour les chemins de fer sur leur pont. Utrecht a étudié 35 ponts et tunnels qui peuvent être considérés comme des maillons faibles du réseau cyclable de la ville. Ce pont s’est avéré être la troisième priorité sur les neuf liaisons qui ont urgemment besoin d’être améliorées. Le fait qu’Utrecht ne soit pas propriétaire du pont et ne dispose que de 46 millions d’euros pour l’ensemble des neuf projets n’aide pas. Pour l’instant, la reprise du pont est prévue pour 2030. Pour la section locale du Fietsersbond, c’est inacceptable. Elle est soutenue par l’organisation représentant les employeurs de la zone industrielle de Lage Weide. Cette organisation a écrit une lettre ouverte au conseil municipal pour l’informer qu’elle ne peut pas non plus attendre aussi longtemps. Dans leur texte, les employeurs déclarent :
L’emploi est clairement lié à l’accessibilité. Si les candidats à l’emploi doivent faire de longs détours à vélo ou si la piste cyclable est jugée dangereuse, ils seront moins enclins à accepter un poste à Lage Weide. Le monde des affaires nous a appris qu’il s’agissait d’un véritable obstacle. Les employeurs ne peuvent pas accepter que le personnel parte et choisisse de travailler dans d’autres endroits plus facilement accessibles en vélo. Les nouvelles entreprises sont également plus susceptibles de s’installer à Lage Weide lorsque leurs employés peuvent s’y rendre rapidement et en toute sécurité à vélo.
Il avait été prévu de fixer un pont cyclable plus large sur le pont ferroviaire existant. Les concepteurs d’ipv Delft ont publié un beau dessin, mais dans la fiche d’information sur ce projet, la ville d’Utrecht écrit que le vieux pont ne sera probablement pas assez solide pour supporter un tablier plus lourd. La ville conclut donc : « L’option techniquement la plus réaliste est de placer un nouveau pont parallèle au pont ferroviaire existant. » Un nouveau pont nécessiterait un investissement estimé à 14 millions d’euros. Étant donné que le pont traverse un canal appartenant au gouvernement national, tous les regards se tournent maintenant vers ce dernier pour qu’il aide la ville d’Utrecht en soutenant financièrement ce projet, éventuellement dans le cadre du programme pluriannuel néerlandais pour les infrastructures, l’aménagement du territoire et les transports (MIRT). Dans ce programme, « toutes les parties collaborent sur des ambitions et des projets concernant les infrastructures et les voies navigables, afin de maintenir et de développer les Pays-Bas pour améliorer la qualité de vie, l’accès et la mobilité dans un environnement propre, sûr et durable ». Un nouveau pont cyclable à cet endroit cocherait bon nombre de ces cases. La ville d’Utrecht écrit donc dans la fiche d’information :
« Les chances de cofinancement sont élevées, car le pont fait partie de l’étude Dom-to-Dam de Rijkswaterstaat1. ProRail est le propriétaire, Rijkswaterstaat est le gestionnaire de la voie navigable. L’objectif de l’étude est d’améliorer la santé d’une manière neutre en carbone. Cette liaison s’inscrit parfaitement dans cet objectif. »
Cet automne, le gouvernement décidera des projets qui seront financés au cours de l’année à venir. Le Fietsersbond et les autres parties prenantes espèrent que le nouveau pont prévu fera partie de la liste. Cela signifierait que les habitants d’Utrecht n’auraient plus à subir l’étroitesse et la vétusté de cette liaison cyclable pendant encore 9 ans.
