Rechercher l’harmonie — par Bicycle Dutch
Une nouvelle traduction tirée du blog de référence Bicycle Dutch de Mark Wagenbuur : « Seeking Harmony », article publié le 13 février 2019.
À suivre mon blog et mon fil Twitter, et au vu de mes billets récents, vous pourriez avoir le sentiment qu’il tombe souvent de la neige aux Pays-Bas et que c’est tout le temps l’heure du rush. Bien entendu il n’en est rien mais nous autres humains avons tendance à ne mettre en avant que ce qui sort de l’ordinaire, et je ne fais pas exception. C’est pourquoi il est temps de se pencher sur le quotidien le plus terre à terre.
Il y a quelque temps j’ai participé à une rencontre dans les locaux de CROW à Utrecht. CROW est l’organisation qui a publié le guide des aménagements cyclables aux Pays-Bas (y compris ses anciennes versions). À midi, lors de la pause déjeuner au troisième étage, une vue intéressante s’offrait sur un carrefour de pistes cyclables. Il se trouve que j’avais déjà filmé ce carrefour quelques années auparavant au niveau du sol et à l’heure du rush. Ça a donné l’une de mes vidéos les plus intimidantes en matière de circulation à vélo. J’avais désormais l’occasion de rétablir la vérité. Depuis un point haut et un vendredi midi on peut constater que pédaler à cet endroit n’est, la plupart du temps, nullement intimidant. J’avais un inconvénient dans ma position. Je devais filmer de derrière la fenêtre, ce qui m’empêchait de capter l’ambiance sonore de la rue, mais pas celle des discussions à table derrière moi. J’ai donc dû me résoudre à utiliser une ambiance musicale. Je sais que ça ne plaît pas à tout le monde, mais je n’avais pas le choix.
Même si nous n’étions pas à l’heure du rush matinal, le carrefour est pas mal emprunté à midi également, des gens vont se chercher un sandwich ou rejoignent un autre endroit. Aux alentours de midi on peut aussi apercevoir des élèves rentrant à la maison quand leur journée de classe se termine tôt. Alors que le carrefour se retrouve envahi l’espace de quelques secondes, il se retrouve complètement vide juste après. Les gens qui marchent ou pédalent arrivent par vagues compactes en raison des feux de circulation qui, soit dit en passant, ne sont là que pour réguler les interactions avec la voie motorisée. Le carrefour des voies piétonnes et cyclables est dépourvu de feux. Ils ne sont pas nécessaires là où tout un chacun peut croiser le regard des autres et négocier le passage sans règles contraignantes.
Il y a certaines règles de priorité à ce carrefour. L’un des voies est prioritaire par rapport à l’autre, comme l’indiquent les « dents de requin »1. Les piétons doivent attendre que la piste cyclable soit libre pour traverser, à moins que les cyclistes viennent de tourner. Cette dernière règle n’est pas vraiment respectée. Les piétons traversent quand ils le peuvent et le font en diagonale à l’occasion. Les gens à vélo se contentent de les contourner. La règle non écrite – on ne force pas quelqu’un à vélo à s’arrêter – est respectée par quasiment tout le monde. Les Néerlandais pratiquent tous le vélo à un moment ou à un autre et ils savent ce qu’il en coûte d’énergie de s’arrêter et de se relancer. C’est pourquoi cette situation est évitée à tout prix. Même au prix de la priorité des piétons. Il me semble que ce comportement est à l’origine de beaucoup d’incompréhension de la part des personnes qui découvrent les Pays-Bas. Et pourtant nous ne cherchons rien d’autre que l’harmonie ! Cyclistes et piétons se mêlent et s’entrecroisent constamment sans heurts. Observer ce désir d’harmonie depuis un point haut me semble beau.
Notes
- Pour l’explication concernant les « dents de requin », voir ce billet. [NdT]
Quel bel exemple de cohabitation harmonieuse ! On aimerait pouvoir en citer d’autres plus proches d’Orléans. Je fais moi-même un peu plus de 20 km par jour de trajet domicile – travail en vélo. Et j’observe des comportements déplorables de certains usagers en 2 roues. Pourquoi aussi peu de vélos circulent-t-ils sur la piste, maintenant très bien signalée, qui leur est affectée sur le quai du Châtelet ? Pourquoi font-ils du slalom entre les piétons en les frôlant à des vitesses incompatibles avec cette proximité ? Vitesse d’autant plus excessive qu’il y a de plus en plus de vélos électriques dont les utilisateurs se laissent griser par la facilité d’aller vite sans effort !
Merci à tous les autres de prendre le temps de partager l’espace commun en respectant chacun.
Très bel article.
@Hubert : le machin sur les quais est un trottoir peint entre Thinat & GV, un espace rencontre entre GV & Joffre, en aucun cas une piste cyclable ou un équipement de qualité. C’est un équipement attrape-touriste afin de quémander les 50 à 150€00 promus par les agences économiques et touristiques, ce n’est pas un équipement « utilitaire ».
La route est, en cet endroit – Châtelet –, passée de 30 à 50km/h (partiellement) avec la mise en zone30 du centre-ville ; les cyclistes ont tout à fait le droit de circuler sur la chaussée.
Pour en finir, le coup de peinture au niveau du pond GV est une erreur.
Piéton ce jour là, je me suis fait klaxonner il y a peu par une électrocycliste qui croyait mordicus « que c’est une piste cyclable », hors il n’en est rien – et signe de l’insanité de la chose, la mairie ne s’est pas risquée à poser de panneaux –.
Ce morceau de Loire à vélo – Thinat – Pont Europe – mériterait d’être effacé du trajet, cela permettrait au vélo de filer droit vers Jargeau ou Beaugency, par le sud.
JP Bertrand
J’avais des doutes mais une sortie ensoleillée me l’a confirmé : le quai du Châtelet est encore limité à 30km/h.
https://jeanneavelo.fr/wp-content/uploads/2019/02/Quai_limite_30.jpg
Bien sûr, je rêve aussi de trouver chez moi les mêmes aménagements qu’aux Pays-Bas. À défaut, ces marques de peinture sur le quai du Châtelet me plaisent bien, d’autant plus que je préfère évoluer aussi loin que possible de la circulation motorisée, même limitée à 30 km/h.
En partie, au niveau des dos-d’anes
Je n’ai pas encore vu de voitures rouler à 30kmh dans Orléans malgré les limitations de vitesse 🙂
Je rejoins JP, cet aménagement est exécrable.
Il faut absolument séparer les flux quand la différence de vitesse est conséquente entre deux types de mobilités.