Des Pensées bientôt sereines et une Serenne déjà pensive
Deux rues, deux chantiers. L’un terminé et l’autre qui vient de commencer. Le premier dans le quartier Dunois, le second dans l’intramail. Le premier sans surprise, le second plus surprenant. Du très local – rues Serenne et des Pensées – avec des considérations réglementaires plus générales.
Rue Serenne
Dans le numéro d’Orléans.mag de février, les travaux projetés étaient décrits ainsi (p. 31) :
Au programme [en plus de l’enfouissement des réseaux], la reprise de l’éclairage et du mobilier urbain, la réfection des trottoirs, la matérialisation des entrées charretières en pavés, sans oublier la plantation de trois ou quatre prunus et de fosses végétales vouées à accueillir rosiers ou géraniums.
Dans cette courte rue le chantier a été rondement mené et le résultat est qualitatif même si ce sera trois arbres et non quatre (faut pas pousser quand même). On imagine les riverains satisfaits.
Ni zone 30, ni double-sens cyclable ni arceaux1. En revanche ma remarque cryptique concernant la future Loi d’orientation des mobilités (LOM)2 a peut-être porté ses fruits (qui sait ?). Comme le titrait Marianne le 31 mai dernier « Un député LREM veut supprimer les places de stationnement autour des passages piétons ». Il semble que cet amendement a été adopté :
La section 1 du chapitre VIII du titre Ier du code de la voirie routière est complétée par un article L. 118-5-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 118-5-1. – Afin d’assurer la sécurité des cheminements des piétons en établissant une meilleure visibilité mutuelle entre ces derniers et les véhicules circulant sur la chaussée, aucun emplacement de stationnement ne peut être aménagé sur la chaussée cinq mètres en amont des passages piétons, sauf si cet emplacement est réservé aux cycles et cycles à pédalage assisté ou aux engins de déplacement personnel.
Depuis 2015, le stationnement ou l’arrêt dans une zone de cinq mètres avant un passage protégé était considéré comme très gênant sauf « emplacements matérialisés ». La bonne blague. La LOM vient mettre de l’ordre en supprimant cette aberration réglementaire. Les villes auront un certain délai (plusieurs années) pour mettre en conformité leur voirie.
C’est à une application précoce de ce sain principe qu’on assiste dans la rue Serenne côté rue des Murlins (avec une vue avant/après grâce à Google Street View) :
Côté trottoir c’est tout juste question accessibilité.
Exemple d’obstacle :
Rue des Pensées
La rue des Pensées – nonobstant la présence d’automobiles modernes – propose une ambiance très Brigades du Tigre3. Et là, la question des trottoirs n’est pas du tout une question annexe.
Des trottoirs étiques. Poubelles ou voitures il faut choisir. Une mosaïque de Mifamosa. Autoverdissement de trottoirs impraticables.
La République du Centre, qui tient régulièrement au courant ses lecteurs des travaux de voirie programmés ou en cours, écrivait le 25 juin dernier4 :
Lors [des réunions publiques de présentation du projet de requalification de la rue des Pensées], la majorité des habitants présents a validé un aménagement sans stationnement afin de privilégier un cheminement piéton sécurisé. Mais à l’issue de ces réunions, certains riverains ont fait part de leur opposition à cette option. Aussi, la municipalité a souhaité permettre à chacun d’exprimer sa préférence parmi les deux scénarios envisagés afin de retenir l’aménagement le plus plébiscité. Un questionnaire a ainsi été distribué à tous les riverains de la rue.
Deux options étaient proposées : le maintien du stationnement et des deux trottoirs étroits d’une part, la suppression du stationnement et l’élargissement des trottoirs de l’autre. 78% des personnes qui ont répondu à ce questionnaire souhaitent la suppression du stationnement et l’élargissement des deux trottoirs. C’est donc en ce sens que seront réalisés les travaux.
En voilà une bonne nouvelle : on peut à Orléans supprimer du stationnement automobile – comme du côté de certaines petites places – payant qui plus est. Mais pourquoi procéder à un vote une consultation auprès des riverains ? L’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers et l’espace public n’appartient à personne. Qui plus est il s’agit ici de simplement respecter la loi, celle concernant l’accessibilité de l’espace public. Et si la consultation avait donné une majorité pour la conservation du stationnement ? Euh…
Cela dit pourquoi continuer à raisonner en termes de trottoirs ? On pourrait imaginer un traitement de la rue en zone de rencontre – plus intelligent et abouti que rue des Grands Champs et de Limare où quelques places de stationnement (toujours elles) suffisent à ruiner le cheminement piéton.
En attendant l’achèvement des travaux, gardons à l’esprit que dans la petite rue des Raquettes parallèle on trouve ce genre d’horreur :
Bonus multicolore
Quand on lève le nez du goudron ou des pavés on peut apercevoir à l’occasion de belles choses dans le ciel orléanais.
Notes
- C’est à ça qu’on reconnaît le vrai pouvoir des influenceurs, n’est-ce pas JP ? 😜 😝
- Cette future loi vient de faire l’objet d’une présentation par la FUB.
- « Mais pourquoi (et où) le feuilleton culte Les Brigades du Tigre a-t-il été tourné à Orléans dans les années 1970 ? », La République du Centre, 16 juin 2019. Pour le résultat en photos, voir cette page.
- « Enfouissement de réseaux, réfection de chaussées… : les travaux dans l’agglo d’Orléans et les perturbations à prévoir », La République du Centre, 25 juin 2019.
C’est bientôt de l’histoire ancienne ces aménagements mi figue mi raison, nous avons enfin un plan vélo!
Ma chère Jeanne, à l’occasion d’un coup de pédale, il faudrait faire un billet sur les passages piétons dangereux.
J’ai le sentiment qu’ils le sont tous…
Si je ne me suis pas trompé et que l’amendement cité a bien été adopté, ça va permettre de mettre la pression sur les élus. Tu penseras comme moi à ce terrible croisement Xaintrailles/Coulmiers par exemple.
Des riverains qui choisissent le piéton plutôt que la voiture, c’est encourageant.Je doute du même résultat à Calais (mais pourquoi pas! Il faut dire qu’ici, on ne pose pas la question!). Mais dans ce cas, la mairie prévoit-elle une alternative de stationnement, pour influencer ces riverains (dans le bon sens!) ou les gens se débrouillent?
Les possibilités de stationnement ne manquent pas dans un rayon de 250 m autour de la rue des Pensées (petits cercles : entrée de parking souterrain ; grand cercle : grande zone de stationnement) :