Comment rester à quai
Juste après Noël, La République du Centre publiait un article au titre qu’on devine sciemment provocateur : « Faut-il contrôler la vitesse des cyclistes ?« . Une photo prise sur le quai du Châtelet – une petite foule de cyclistes, joggeurs et piétons – illustrait l’article qui commençait ainsi :
Et si les cyclistes des quais de Loire étaient dans le viseur des radars ? À Orléans ou ailleurs, la cohabitation avec les piétons génère, parfois, des crispations.
Si le radar pour vélo est une idée complètement farfelue, la question de la cohabitation piéton/cycliste est de première importance. Et sur la section des quais qui va du pont George-V au canal il arrive qu’une grande affluence rende la progression du cycliste hasardeuse. Et pour au moins trois raisons qui conjuguent leurs effets.
Une piste étroite
Passons rapidement sur le fait qu’au départ du pont royal, l’itinéraire cyclable se résume à un malheureux pictogramme égaré sur le trottoir.
Un peu plus loin la piste cyclable bidirectionnelle a été coincée entre de majestueux platanes et de sournois potelets (le potelet est toujours sournois) tout contre la circulation automobile.
Et pourtant nous sommes sur l’itinéraire de la Loire à vélo avec son lot de vélos lestés de sacoches et remorques, de vélos couchés, ou encore de tandems. À cet endroit, la piste mesure très exactement deux mètres de large. L’espace vital du cycliste en mouvement étant généralement estimé à un mètre, ce n’est donc pas le grand confort pour croiser un congénère. Et étant donné l’emplacement de la piste, les piétons qui s’en retournent en ville ne manquent pas de la couper.
Le Cerema, qui produit en France les recommandations techniques de référence en matière d’aménagements cyclables, précise dans sa fiche consacrée aux pistes cyclables (Fiche vélo n° 7, janvier 2013), rubrique « pistes bidirectionnelles » :
La largeur recommandée est de 3,00 m.
On peut comprendre que le cycliste cherche à respirer plus à son aise en circulant directement sur le quai.
Notons que plus loin ça s’arrange un peu, la piste atteint jusqu’à 2,45 m de large et les potelets se font plus rares.
Une piste fantôme
Quand bien même le cycliste discipliné aurait emprunté cette piste à l’ombre des potelets des platanes, il finit immanquablement par être renvoyé au milieu des piétons. En effet, pour conserver du stationnement voiture quai du Fort Alleaume, la piste est interrompue.
Piste disparue certes mais, miracle de la piste cyclable made in Orléans Métropole, celle-ci continue d’apparaître dans le cyberespace. Ce qui ne console ni les piétons, ni les cyclistes et ne témoigne pas d’un réseau cohérent et continu.
Une piste occupée
Il existe certainement chez certains une nostalgie du temps où les quais de Loire étaient un gigantesque parking, aussi sauvage que le fleuve royal. Et c’est sans doute pourquoi un doux dimanche de début février, le cycliste se retrouve bloqué par des voitures dont les conducteurs ont cédé à la force du souvenir.
Impossible de passer avec un vélo, les automobilistes les plus sans gêne ayant décidé de profiter au maximum de l’espace alloué devant les potelets. Et si ça se trouve, ils l’ont fait pour gêner le moins possible les piétons.
Complément (novembre 2019)
Depuis septembre 2019, l’intégralité du quai (Châtelet/Fort Alleaume) est officiellement classé voie verte. C’est peut-être la curieuse tentative (avortée) de matérialiser la piste côté parapet qui a abouti à cette décision plutôt avisée (voir « Processus d’amélioration continue »).
Complément (été 2020)
Retour en arrière : le quai du Châtelet n’est plus une voie verte.
Je vais « voler » tes photos pour les mettre sur la carte participative, dans un « p » comme parcage.
C’est très souvent les soirs d’été, que les autos stationnent ici.