Requalification des mails : Serge Grouard cherche-t-il à se remettre en selle ?

Depuis qu’il a été écarté de la campagne pour la présidence du parti Les Républicains1, le maire d’Orléans-président de la métropole Serge Grouard appuie sur le champignon en matière de projets urbains. Il y a notamment le curieux projet de refonte globale des halles Châtelet2 – dont il faudra sans doute que je dise un mot – et celui, énorme, de la requalification des mails. Après avoir voulu « Refaire France », son slogan de candidat à la candidature3, il doit désormais se contenter de Refaire Orléans.

Qui dit grand projet dit concertation. La requalification des mails a son espace dédié sur la plate-forme participons. Et hier se tenait une réunion publique inaugurale dans la grande salle de l’atelier Canopé 45 (ex CRDP)4. Le camarade Pascal, du collectif Vélorution, était dans l’assistance. Il m’a confié son compte-rendu pour publication.
Le voici, sachant que les liens et les notes sont de mon fait. Merci à lui et comme on dit, affaire à suivre !

Ouh là là k’sé moche, oh là là k’sa va être beau !

Ce titre pourrait résumer la réunion publique de présentation du projet de transformation des mails jeudi 16 novembre.

La réunion est animée par Serge Grouard himself (oui, oui, pas un clone5) accompagné d’une élue, Béatrice Barruel, 4e adjointe chargée du quartier centre-ville, d’un maître d’œuvre faisant le lien avec les trois cabinets qui vont présenter chacun un projet pour cette requalification début 2023. Je n’ai pas compris s’il était membre de la mairie ou non.

C’est un projet métropolitain car la circulation automobile des mails impacte toute la métropole (c’est la première fois que j’utilise le verbe impacter, voila ce k’sé de fréquenter trop de décideurs) et tous les vice-présidents qui auront (peut-être) leur mot à dire étaient visiblement absents. C’est le signe de l’intérêt métropolitain pour cet impactant projet.

Sur le fond, Serge Grouard nous présente deux photos. L’une au XIXe siècle, des dames en crinoline et des messieurs en haut-de-forme marchent sur le mail ; on voit au fond un kiosque à musique, c’est pour le coté «  c’était beau avant », la seconde photo, la trémie Jaurès, c’est le coté « c’est laid maintenant ». Mais on va tout arranger.

Donc, c’est la suppression de la trémie Jaurès et aussi de celle de Place d’Arc avec son pont piéton qui est prévue. C’est aussi le retrait de tous les parkings extérieurs d’un bout à l’autre des mails avec la création de deux parkings souterrains de 500 places, l’un du coté du théâtre et l’autre vers la trémie Jaurès et l’ancien hôpital Madeleine.

Les maîtres mots sont coulée verte et circulation apaisée.

Par coulée verte, on comprend remplacement des parking par des arbres6 et on a le droit à un joli laïus sur la pollution lumineuse. Rien sur la pollution due à l’automobile.

Pourtant « je n’ai pas peur des mots, je ne dis pas réchauffement climatique, je dis déréglementent climatique » explique Serge Grouard7.

Si on comprend que la trémie Place d’Arc va disparaître et avec elle tout le centre bus pour être remplacé par des commerces (dont Serge Grouard oubliera de donner la superficie à venir) on ne sait pas où sera la station de tram ni comment se fera la liaison tram-bus. On ne sait pas non plus comment l’agence de la Poste qui va disparaître va réapparaître.

Par circulation apaisée, on comprend… rien. Aucune explication. Il n’est pas évoqué de réduction automobile, si ce n’est qu’il ne faudrait pas « renvoyer sur d’autres communes les voitures ». Ou plutôt, cette réduction est abordée par le fait que la réduction des places de stationnement (on passerait de 2000 à 3000 aujourd’hui à 1000 à l’avenir) induira automatiquement une baisse de la circulation (?8). Mais parallèlement, la transformation de l’ancien hôpital Madeleine en université9, l’augmentation de la surface commerciale de Place d’Arc (de 30 000 à 38 000 m²) vont augmenter la circulation. Ce point, soulevé dans le public, est écarté d’un revers de manche.

S’il nous est longuement expliqué que les mails empêchent la circulation piétonne entre le nord et le sud, rien n’est dit sur comment régler ce réel problème en maintenant à un niveau élevé la circulation automobile.

À la question du public sur la zone 30, silence abyssal10.

À la question des aménagements pour la circulation des vélos, pistes ou bandes cyclables, avec les transports en commun ou non, silence abyssal11.

À la question de l’accès au pont Joffre ou au pont Georges V en venant des mails à vélo, silence abyssal.

Rien ne sera dit sur le coût de cette opération, ni sur l’intérêt de celle-ci pour Carmila (son nom ne sera pas prononcé), société propriétaire de la galerie marchande.

La réunion se termine brutalement avec la disparition de Serge Grouard qui s’éclipse au téléphone, et s’il est question d’atelier à la sortie de la salle, on est plutôt sur une causerie d’après spectacle.

L’important c’est de communiquer !


L’heure de pointe du matin à l’entrée sud de la trémie Jaurès.
C’est vrai que c’est laid.

Notes

  1. « Le maire d’Orléans, Serge Grouard, écarté de la course à la présidence des Républicains », La République du Centre, 3 novembre 2022.
  2. Gaëla Messerli, « Un nouvel écrin pour les Halles », La Tribune-Hebdo, 9 ,ovembre 2022.
  3. Voir cet entretien du 30 août 2022 dans la Revue politique et parlementaire.
  4. Compte-rendus dans la presse locale à lire ici (La République du Centre, abonnés) et (France Bleu Orléans).
  5. Voir cette sortie de l’intéressé en conseil municipal.
  6. Sur l’idée de « coulée verte », voir mon billet datant de la dernière campagne municipale intitulé Municipales 2020 à Orléans : la « coulée verte » en trompe-l’œil de Serge Grouard. Même si le projet a pris de l’ampleur depuis, notamment avec le choix de supprimer la trémie Place d’Arc, je n’aurais pas grand chose à modifier à ce texte publié début 2020.
  7. Il n’a en effet pas peur des mots, d’ailleurs il en écrit aussi comme dans cette tribune publié dans L’Obs le 11 novembre 2022 : « Pour le maire d’Orléans, « en abandonnant l’écologie à ses adversaires, la droite commet une faute morale et politique » ». Le dernier paragraphe du texte vaut le détour (de lecture).
  8. Il se trouve que ce matin j’ai commis un fil Twitter sur cette question. Je le synthétise ici : diminuer les capacités de stationnement est un levier essentiel pour faire baisser le volume de circulation automobile, mais uniquement à destination. Or les mails sont avant tout un axe de transit et non une destination (dans une proportion écrasante, jusqu’à 45000 véhicules/jour boulevard Rocheplatte contre un maximum de 3000 places en surface).
  9. Voir Campus Madeleine : un futur aspirateur à voitures ? (10 décembre 2019).
  10. Il faut dire que Serge Grouard s’est déjà exprimé longuement sur le sujet en conseil municipal il y a un an : Drift du maire d’Orléans en conseil municipal sur la ville à 30 km/h.
  11. Or, sur le site d’Orléans Métropole, à la page dédiée, la rubrique « mobilités » contient la précision suivante : « Les cyclistes bénéficient de la création de pistes cyclables bidirectionnelles sur les Mails, qui confirme [sic] le rôle structurant des Mails dans le Plan vélo métropolitain et la sécurisation des infrastructures pour encourager le développement de ce mode de déplacement. »

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.