À Orléans, le village de la transition écologique traversé par une autoroute urbaine

Les assises ont été, selon le site de l’opération, « 6 mois d’échanges, de partage et de réflexion pour accélérer le mouvement en faveur de la transition écologique du territoire d’Orléans Métropole. »
Les travaux concernaient neuf thèmes :

  • rénovation énergétique,
  • alimentation et agriculture durable,
  • mobilités,
  • ville durable,
  • risque inondation,
  • énergies renouvelables,
  • déchets et économie circulaire,
  • biodiversité,
  • l’eau et les milieux aquatiques.

J’ai eu l’occasion de suivre quelques webinaires consacrés aux questions de mobilité dont un excellent intitulé « Vers un urbanisme circulaire et la ville des proximités » le 9 février dernier (avec le pertinent et incisif Sylvain Grisot comme co-intervenant).
Comme j’avais un samedi après-midi à tuer, je me suis rendu le cœur léger au « village » dressé quai du Châtelet ce samedi 3 juillet 2021. Il visait à « partager les résultats des Assises et discuter de notre action collective » en exposant les « solutions » ayant émergé de ces six mois de travaux collectifs qui ont malgré tout peu mobilisé le citoyen lambda1. On aurait tort pourtant de n’y voir qu’une simple opération de communication des autorités, dans une énième tentative de greenwashing institutionnalisé. Il se pourrait que quelque chose de concret en sorte2.

La météo était incertaine mais le ciel a finalement été clément quai du Châtelet où les troncs des platanes ont très brièvement été bleus en janvier dernier.

Le village et son agora

Les propos liminaires du président d’Orléans Métropole et de son premier vice-président, président des assises (vous suivez ?) ont été captés en vidéo :

Je me suis contenté de capter le moment en photo :

L’agora, place de Loire, là où en général le weekend se garent sans vergogne de nombreux motards.
Au premier rang la jeune garde grouardienne (Fanny Picard et Romain Roy, de dos).

Intermède déco

J’aime beaucoup ces assises-palettes.

C’est simple, efficace, résilient.
Comme le vélo en ville.

Là où une autoroute urbaine passe…

J’ai beaucoup moins aimé – et je n’étais pas le seul – que la circulation incessante et pénible sur les quais n’ait pas été suspendue le temps de l’événement :

Pénible téléscopage qui montrait combien il reste tant à faire pour qu’Orléans quitte les années 1980 devienne une ville résiliente où il fait bon vivre.
Résultat, cette scène à la tribune, à la fois consternante et cocasse, qui a bénéficié d’une exposition nationale grâce aux indispensables militants de Ras Le Scoot :

En dehors de cela, rien à redire sur l’organisation, les visuels très nombreux étaient jolis et bien faits, et ça donnait envie de faire des photos à l’image de Pascal Tebibel, un membre de la majorité municipale :

Bon moi ce qui m’intéressait c’était la hutte « mobilités durables » autour de laquelle rôdaient des visages connus :

Le vélo jaune fluo ne fait pas partie du décor.

Ce panneau des « solutions » identifiées lors de ces assises était particulièrement fourni3.
Certaines propositions n’ont pas échappé aux meilleurs d’entre nous :

J’étais venu vérifier que la solution si économe et facile à mettre en place des rues scolaires figurait bien sur le panneau.
Tel était bien le cas :

Il se dit que des arbitrages éminemment politiques seraient en cours…

Rappel des épisodes précédents qui auraient presque pu faire oublier que ces assises de la transition étaient en cours :
« Rues scolaires : les écoliers orléanais et leurs accompagnateurs attendront ! » (25 mars 2021)
et
« Rues scolaires : les élus orléanais renâclent, des parents s’impatientent » (15 juin 2021)

Parce que bon, on va pas se mentir : une ville qui ne serait pas capable de fermer quelques hectomètres de quelques rues aux seules heures d’entrée et sortie des classes4 serait dirigée par des gens qui n’ont absolument rien compris à la notion de transition dont ils ont voulu faire des assises. Et ça signifierait qu’ils/elles nous prennent vraiment pour des jambons.

Pour finir

Un petit message en vidéo :

Serge Grouard n’a cessé de faire assaut de gravité, et personne ne saurait lui donner tort sur ce point, mais continue parallèlement de tenir des propos hautement discutables comme dans ce « grand entretien » accordé au quotidien local5, dans lequel on peut lire (le gras est d’origine) :

Quand il y a un nouveau projet de parking souterrain en centre-ville d’Orléans, vous n’avez pas l’impression que cela interfère avec votre message sur l’environnement ?

« Non, pas du tout. Et c‘est pour ça notamment que je ne suis pas chez les Verts. Pour certains d’entre eux, ils ont raison dans le diagnostic posé mais ils ont totalement tort dans les solutions. Nous pouvons aller vers une voiture beaucoup plus propre qu’elle ne l’est aujourd’hui et nous avons déjà commencé. Je crois dans le progrès scientifique. Je ne crois pas à l’interdiction de tout. »

« Voiture propre », c’est comme « énergie propre » qu’il utilise ailleurs dans cet entretien, ça ne veut strictement rien dire.
Dans tous les cas, au lieu de s’en remettre à un hypothétique techno-solutionnisme6, il ferait bien de se mobiliser dès aujourd’hui contre la voiture sale qui, elle, est une réalité. Au-delà, même « propre », la voiture individuelle continuerait de prendre trop de place et d’interdire d’autres usages de la ville. À l’heure actuelle, Orléans est encore largement un parking à ciel ouvert jusqu’en son centre ancien qui est censé être piétonnier mais qui est envahi d’engins malodorants et bruyants.

Christophe Chaillou, à défaut d’avoir compris ce qui est vraiment en jeu, collectivement, quand on parle de transition7, a du savoir-vivre :

En allant retrouver mon vélo que j’avais eu la chance de pouvoir attacher à un arceau sur le quai, je suis tombé sur un beau #gcum de 2RM :

Alors, vous le voyez comment l’avenir de la métropole orléanaise ?
Dominator ou Pelago ?

En ce qui me concerne, la question elle est vite répondue comme disait l’autre.

Notes

  1. Plus ou moins qu’une simple élection municipale ? En tout cas cela prouve que le changement doit être impulsé et que les premières qualités d’un(e) élu(e) doivent être l’imagination et l’audace.
  2. On notera que Blandine Lamorisse qui a suivi pour La République du Centre partage cette prudence sous la forme d’une interrogation : « Transition écologique dans la Métropole d’Orléans : 800 solutions imaginées… et maintenant ? » (3 juillet 2021)
  3. Je n’ai pas retrouvé sur le site des assises son équivalent web. Est-ce prévu ?
  4. Comme je l’ai écrit, sincèrement agacé et consterné, dans un tweet.
  5. «  »Je suis hyper-présent, peut-être plus qu’avant » : Serge Grouard, maire d’Orléans, répond à nos questions un an après son élection », La République du Centre, 2 juillet 2021.
  6. « Ecologie : pourquoi la technologie ne nous sauvera pas ? », France Culture, 15 mai 2019.
  7. Voir ce tweet.

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7 réponses

  1. janpeire dit :

    Ces assises sur palettes consignées* semblent être au « réchauffement climatique » ce que « le réchauffement de la blanquette » est au mauvais(es) cuisinier(ère)s, un réchauffé de plus de quelques mesurettes.
    Par exemple la photo avec l’ordre des priorisations dans les déplacements ; ça date du fumeux plan Carré© et, même voté à la majoritude, lors des aménagements, c’est toujours l’opposition des modes sous la forme du VUS d’abord, les « déplacements doux » ensuite.

    Enfin, je suis heureux de voir le porte-parole d’une entreprise du béton être de sortie, lui qui se plaignait pendant la campagne de ne pas avoir de boulangerie à moins de trois quart d’heure en voiture de chez lui, visiblement, l’appétit est resté malgré les affres de la circulation causés par des aficionados du vélo.

    En dehors du lieu assez peu propice à un salon de verditude — estrangier qui passe par ce cyber-cahier, sache que l’endroit cache une entrée de parc souterrain — le simple fait de n’avoir pas coupé la circulation automobile nous renseigne sur l’absence complète de volonté des édiles en place.

    JPB
    *l’usage de la palette en assise depuis 20ans pour faire « nature» devrait puni par les lois les plus dures, d’autant plus que les palettes « Europe » sont abondamment traitées pour durer dans le temps.

  2. Yann d'Orléans dit :

    « Nous pouvons aller vers une voiture beaucoup plus propre qu’elle ne l’est aujourd’hui et nous avons déjà commencé… »

    Cela montre le degré d’ignorance en matière de mobilité. Tu peux avoir une voiture solaire …. Tu seras toujours coincé dans un bouchon.

    Franchement…

  3. Isaduvelo dit :

    Tout ça ne semble pas avoir attiré les foules …

    • janpeire dit :

      Le même jour la ville organisait du sport en plein air place du Martroy (déjà la veille, le simple fait d’avoir empêché le stationnement en haut de la rue Royale pour permettre le marché aux livres semblait extraordinaire), elle lançait également une série de concert au campoSanto, faisait la promotion du Loir’Land-park… bref, il en va des priorités comme des chasseurs, il y a du bon, et du mauvais.

      JPB

    • En effet Isabelle.
      Autant sur place que virtuellement puisque sur la page Facebook du quotidien l’article de compte-rendu de l’événement a fait un flop comme en témoigne cette capture prise à l’instant (alors qu’habituellement la plupart des publications de cette page qui compte près de 175 000 abonné(e)s attirent des dizaines de likes, commentaires et partages) :

      Capture publi FB La Rép'

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