Le réseau cyclable néerlandais en dehors des villes n’est pas toujours en site propre — par Bicycle Dutch

Mark Wagenbuur propose dans le billet qui suit de l’accompagner virtuellement dans une sortie à vélo en dehors de la ville et d’expérimenter les conditions de circulation dans des zones beaucoup moins peuplées.
Voici la traduction de « A longer ride on the recreational cycle network » publié le 26 mai 2021 sur Bicycle Dutch.

Si les programmes TV contemplatifs sont votre truc, ce billet est pour vous ! Dans la vidéo de cette semaine, je roule pendant près d’une heure et demie dans la campagne, juste au sud de ma ville natale, Bois-le-Duc. Contrairement à ce qu’on entend dire, le réseau cyclable de loisir des Pays-Bas n’est pas entièrement constitué d’infrastructures dédiées. En fait, lors de cette balade, je n’ai roulé qu’un peu plus d’un tiers du temps sur des aménagements cyclables protégés. Qu’est-ce que cela signifie pour la sécurité ? Est-il agréable de pédaler dans ces conditions ? Voyons à quoi cela ressemble dans ce billet.

Le départ de l’itinéraire se fait à la jonction 84 à Bois-le-Duc.
La première partie du parcours était pleine de gens qui marchaient. Ils sont autorisés à le faire et la plupart sont restés sur le côté, mais leur nombre, si près de la ville, était juste un peu trop élevé pour être confortable.

Il s’agit d’une sortie que j’ai filmée entre deux averses de pluie lors d’une journée froide de mars 2021. Même si nous sommes beaucoup plus proches de l’été maintenant, le temps n’a pas beaucoup changé depuis. En fait, cette semaine, il y aura encore de la pluie et encore et encore et des températures d’environ 13 °C. Soit quasiment le même temps que lors de cette balade. Le circuit faisait 27,2 km et commençait à l’extrémité sud de Bois-le-Duc. De là, j’ai pédalé via Saint-Michel-Gestel jusqu’au village de Gemonde et une forêt au sud de celui-ci. Du pont sur la rivière Dommel, je suis retourné vers le nord, à Saint-Michel-Gestel. Après avoir vu cette ville pour la deuxième fois, je suis passé par Vught, ce qui m’a finalement ramené à Bois-le-Duc. Comme le trajet entier a duré 1 heure et 27 minutes, je peux calculer que j’ai roulé à un rythme tranquille à 18,8km/h de moyenne.

Plus loin de la ville, il était beaucoup plus aisé de pédaler.
Cet espace est partagé avec des voitures et cette photo et la suivante montrent bien à quel point les conducteurs sont différents. Certains ne s’écartent pas du tout du chemin, comme cet automobiliste.
Alors que cet automobiliste s’assure qu’il y a un espace plus sûr pour se croiser en se décalant sur le bas-côté. Les bords de la route sont généralement assez durs pour cela. Si ce n’est pas le cas, il y a un panneau d’avertissement « Zachte berm » (accotement souple) qui est l’un des rares panneaux de signalisation des Pays-Bas à comporter des mots.

Bien que je n’aie jamais fait de vélo sur certaines parties de cette route, je n’ai pas eu à consulter une seule fois une carte. J’ai simplement suivi les panneaux du réseau de carrefours numérotés. J’avais tracé l’itinéraire à l’avance à la maison et j’avais juste griffonné les numéros que j’allais suivre sur un morceau de papier. J’avais l’habitude de suivre un itinéraire comme celui-ci en ligne sur mon smartphone, mais comme il n’est plus permis de tenir un appareil électronique pendant que l’on fait du vélo, mais que l’on peut toujours tenir un morceau de papier pour y jeter un coup d’œil de temps en temps, c’est ce que je fais maintenant.

Cette rue de la municipalité de Saint-Michel-Gestel est celle où j’ai rencontré le plus de véhicules à moteur. Les lignes sur la surface ne signifient pas que la bande est une voie cyclable, car il n’y a pas de symboles de vélo. Il s’agit simplement d’une ligne pour rétrécir optiquement la rue et ainsi maintenir les vitesses basses. Il s’agit d’une zone à 30km/h. La surface pavée en est une indication.
Il s’agit d’une route à 60 km/h située à l’extérieur de la zone bâtie, mais le trafic y est très calme grâce à des filtres modaux stratégiques (bornes) qui empêchent le trafic de transit d’entrer, alors que chaque propriété est toujours accessible avec un véhicule motorisé.

Une partie de mon itinéraire se trouvait sur la véloroute LF7, aujourd’hui disparue. Cette route a été très récemment remplacée par la LF Maasroute. Cette section de l’itinéraire ne fait plus partie du réseau longue distance. Elle fait toujours partie du réseau de carrefours numérotés. Quand j’ai filmé, les panneaux n’avaient pas encore été enlevés.

À la frontière entre la campagne et la zone bâtie, il y a toujours une indication de la nouvelle limite de vitesse. Dans ce cas, la vitesse passe de 60 km/h en rase campagne à 30 km/h en agglomération. Il s’agit de l’entrée du village de Gemonde qui, comme l’indique également le panneau, fait partie de la commune de Saint-Michel-Gestel.
J’ai suivi les panneaux du réseau de carrefours numérotés. Dans ce cas, il y a également un panneau du réseau cyclable longue distance pour la route LF7, mais cette route est en cours de suppression. Elle a été remplacée par la LF Maasroute, qui passe à un autre endroit. Les numéros des itinéraires cyclables longue distance ont été remplacés par des noms thématiques.

Plus d’un tiers de cet itinéraire (38 %) se trouvait sur des aménagements cyclables séparés (surtout à côté de routes plus fréquentées) ou sur des routes secondaires complètement fermées à la circulation automobile. Sur le reste du parcours (62%), j’ai dû partager l’espace avec la circulation automobile. Dans cette partie du parcours, j’ai eu beaucoup d’interactions avec les voitures. Un grand nombre de voitures (74) me dépassaient ou venaient vers moi.

À ma grande surprise, une partie du trajet s’est déroulée sur un chemin de terre. Il n’y en a pas beaucoup aux Pays-Bas et ils sont en fait si inhabituels que je ne saurais pas quelle est la limite de vitesse sur une telle voie.

Je voulais expliquer ces interactions un peu mieux, alors j’ai décidé de décomposer l’itinéraire un peu à la manière de Jitensha Oni. Il a fait des diagrammes pour beaucoup de mes itinéraires, mais j’ai pensé que je pourrais le faire moi-même pour changer. Cela s’est avéré être un travail considérable ! Je suis maintenant encore plus impressionné par tout son travail !

Le chemin de terre se transforme ensuite en une voie cyclable également non revêtue. De telles pistes cyclables sont un peu plus courantes, surtout dans les bois. Nous voyons ici deux panneaux pour du réseau de carrefours numérotés. Ils semblent être les mêmes, mais ils proviennent de deux organisations différentes. L’ensemble du réseau est géré par de nombreuses organisations différentes. Chacune d’entre elles gère une partie du réseau. À la limite de leurs zones, vous trouverez parfois des panneaux des gestionnaires voisins. Les bords vert foncé en bas montrent deux noms différents des organisations gestionnaires.
Il est agréable que les Pays-Bas disposent encore de ces chemins de rêve dans les bois, compte tenu de la densité de population du pays, mais on n’est jamais vraiment seul.

Lorsque l’on décompose le parcours, il apparaît clairement que la plupart des interactions ont eu lieu dans les agglomérations, alors que la majeure partie de l’itinéraire était à la campagne. En fait, seules 7 interactions avec des véhicules motorisés ont eu lieu sur une route de campagne limitée à 60 km/h, alors que cela représentait un peu plus d’un tiers (ou 34 %) du parcours. Seulement 22% du trajet s’est déroulé dans des rues partagées en agglomération (16% dans des rues 30km/h et 6% dans des rues 50km/h), mais j’y ai vu 67 des 74 voitures au total ! Une rencontre a eu lieu sur une piste cyclable. Une conductrice voulait traverser cette piste cyclable. Elle a failli ne pas me voir, mais s’est arrêtée juste à temps pour me donner la priorité et a eu un geste d’excuse.

Voici un graphique de l’itinéraire. Du début (à gauche) à la fin (à droite), j’ai indiqué quand j’ai rencontré des véhicules à moteur (les chiffres représentent les minutes du trajet) et sur quel type d’infrastructure. Les voitures (principalement) étaient très regroupées dans la zone bâtie et la plupart se trouvaient juste dans deux rues de la ville de Saint-Michel-Gestel.
Aucune rencontre avec la circulation automobile sur cette grande route dotée d’une piste cyclable bidirectionnelle séparée et protégée.
Lorsque vous quittez l’agglomération, vous trouvez un panneau indiquant le nom barré de la ville que vous quittez et la nouvelle limitation de vitesse de la route rurale. Cela ne signifie pas qu’il s’agit également de la frontière municipale. Ces limites se trouvent généralement ailleurs et sont rarement indiquées.

Je ne suis pas très satisfait de la distance que j’ai dû parcourir sur des routes à 50 km/h en zone urbaine, sans infrastructure cyclable protégée. Certaines parties avaient des bandes cyclables et d’autres des voies conseillées, mais ce n’est pas considéré comme un aménagement cyclable moderne aux Pays-Bas. J’ai déjà écrit à ce sujet. La raison pour laquelle ces rues ne sont pas correctes devient claire quand on voit que 33 (45%) des rencontres avec la circulation automobile s’y sont produites ! Il n’est pas étonnant que le Fietsersbond plaide pour que ces rues soient mises en conformité avec les dernières recommandations !

Voici le centre ville de Vught. Au loin, vous pouvez voir un filtre modal avec des bornes. Il s’agit d’une route de transit pour les cyclistes, mais pas pour la circulation automobile.
Bandes cyclables dans Taalstraat à Vught, qui est une rue à 50km/h. Je sais que la municipalité a voulu modifier les lieux il y a quelques années. Mais le réaménagement de cette rue avec un aménagement cyclable séparé aurait nécessité l’abattage des arbres situés au loin. Les résidents se sont opposés à ce plan et le conseil municipal n’a pas voulu le faire passer. Cela signifie que sur quelques centaines de mètres seulement, cette rue ne répond plus aux recommandations actuelles.

J’ai été satisfait des 7 voitures seulement que j’ai rencontrées sur les routes de campagne. Cela signifie que ces routes à 60km/h ne sont vraiment utilisées que par le trafic local et non comme raccourcis pour le trafic de transit. Dans l’ensemble, le trajet a été agréable et sûr. Cependant, si quelqu’un m’avait demandé si je pense que les rues de la municipalité de Sint-Michielsgestel répondent aux normes de conception modernes, j’aurais répondu « non ». Le graphique de cette balade semble être d’accord avec moi sur ce sentiment. Des améliorations sont toujours possibles, même aux Pays-Bas.

La dernière partie de mon trajet de retour à Bois-le-Duc se fait sur cette large piste cyclable bidirectionnelle qui longe un canal. Cette voie a été élargie il y a quelques années. Elle fera partie de la véloroute express F2 entre Eindhoven et Bois-le-Duc.
La fin de l’itinéraire à la jonction numéro 54, à nouveau à Bois-le-Duc.

Ma vidéo de la balade de 1 heure 27 minutes autour de Saint-Michel-Gestel.
(Je vais désactiver les publicités sur cette vidéo, (autant que YouTube me le permet) pour un visionnage ininterrompu).

La carte de l’itinéraire dans Google maps, ce qui vous permettra de l’étudier si vous le souhaitez.

L’itinéraire sur une carte indiquant les carrefours numérotés.

J’ai déjà expliqué sur mon blog comment le jalonnement des carrefours numérotés fonctionne.

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3 réponses

  1. janpeire dit :

    Rétrécissement visuel, notification de la qualité de l’accotement, peu de chemin de terre, trafic de transit limité… quand même, dans l’ensemble, le réseau semble un peu plus cohérent que le notre et surtout, beaucoup moins soumis à la circulation des automobiles.

    Serait-ce trop de demander une traduction du système de numérotation des routes cyclables ?

    JPB

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