Un coureur-mécanicien au 258 rue de Bourgogne

Isabelle et Jeanne se penchent sur le passé.
Isabelle et Jeanne auraient voulu avoir un anniversaire à souhaiter pour le 29 février. Comme elles ne l’ont pas, elles se sont penchées sur le glorieux passé de leurs vélocistes et autres marchands de vélos.

En route vers Paris et Orléans ! 


Commençons par consulter Wikipédia sur la naissance d’un célèbre quotidien sportif français de la première moitié du XXe siècle – L’Auto – et la bataille judiciaro-médiatique qui a suivi :

Le quotidien est fondé sous le titre L’Auto-Vélo à l’instigation du comte Jules-Albert de Dion, en raison des prises de position dreyfusardes — à l’opposé des siennes — du directeur du journal Le Vélo, Pierre Giffard. Une guerre s’engage alors entre les deux titres. L’Auto-Vélo s’incline lors de la première manche en perdant en justice en janvier 1903 une partie de son titre, trop proche de celui de son concurrent. Le journal devient L’Auto le 16 janvier 1903 (premier rédacteur en chef Paul Meyan, également membre fondateur de l’Automobile Club de France). Alors que le cyclisme est le sport roi en France, cette perte d’appellation peut s’avérer fatale. Mais L’Auto réagit dès cette année 1903 en créant le Tour de France sur une idée de Géo Lefèvre, associant ainsi à jamais son nom à celui de la plus prestigieuse des épreuves cyclistes. Le Vélo ne se remettra jamais de cette innovation, abandonnant la partie le 1er novembre 19041.

En espérant que le vélo se remette un jour de l’invention de l’auto…
Il se trouve que dans le numéro du jeudi 7 mars 1912 de ce quotidien, on trouve la brève suivante à la rubrique « Echos des pistes — nouvelles diverses »2 :

On retrouve trace dans la fiche auxiliaire cadastrale de cette installation avec la mention « mécanicien ».

Qui était ce René Amans ? Quels types de courses pratiquait-il ? Le Web reste muet à son sujet.
C’est une recherche dans les bulletins municipaux de la mairie d’Orléans qui nous permet d’apprendre, par déduction, qu’il était né en 1886. Voilà ce qu’on trouve dans le compte-rendu du conseil municipal du lundi 5 août 1907 au sein d’une longue énumération :

« Amans (René-Charles), classe 1906, mécanicien, 4 fr. par jour. Sa mère, 56 ans, veuve depuis 18 ans, gagne 1 fr. par jour à faire des ménages ; loyer, 150 fr. »

Il est peu probable qu’il s’agisse d’un homonyme.
Et voilà que la petite histoire du vélo à Orléans croise celle du service militaire obligatoire.
René Amans a donc formulé une demande d’allocation prévue dans l’article 22 de la loi du 21 mars 1905, dite Loi Berteaux, qui a rétabli le principe d’égalité de tous devant le service militaire (finis le tirage au sort, les remplacements, et les exemptions) :

Début de l’article 22 de la loi du 21 mars 1905.

Lors de sa séance du 5 août 1907, le conseil municipal d’Orléans valide les propositions émises par la commission des pensions qui a préalablement étudié 29 demandes. Le conseil estime, comme pour onze autres demandes, que le produit journalier du travail de la famille Amans « a paru suffisant pour exclure l’allocation de 0 fr. 75 demandée par elle »3. L’époque n’est pas encore à la sécurité sociale et aux critères Caf…

On imagine aisément cette boutique de la rue de Bourgogne plus modeste que celle de la rue des Carmes.
Il semble que cette activité commerciale ait perduré quelques décennies puisqu’on trouve encore mention en 1957 dans la fiche auxiliaire cadastrale d’un « réparateur de cycles » à la même adresse.

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, il n’y a plus de magasins de vélo rue de Bourgogne.
Piétonnisée en grande partie, c’est la rue animée d’Orléans avec de nombreux bars et restaurants dont les terrasses s’installent aux beaux jours sur les pavés.
Et comme de juste on trouve au n° 258 « Le Mex Café », une enseigne de débit de boisson :

Le lieu idéal pour trinquer à la tequila à la mémoire du coureur oublié.


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Notes

  1. Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0. Source : Article L’Auto de Wikipédia en français (auteurs)
  2. En ligne sur gallica.bnf.fr / BnF.
  3. Source.

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4 réponses

  1. Calcius dit :

    DCD en 14 à l’asile de Fleury…(source : sa fiche matricule)

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