Pierre-Antoine pédale en mode badass entre Orléans et La Source
Ce n’est pas nouveau : les rencontres en ligne, via les réseaux sociaux, aboutissent parfois à des rencontres dans le vrai monde celui où on pédale. Dans le tout petit monde de la cyclosphère orléanaise, Pierre-Antoine a surgi au détour de quelques tweets. Quelques échanges plus tard l’occasion s’est présentée d’avoir une conversation à l’ombre d’un arbre – cernés de chats méfiants. De quoi dresser le rapide portrait d’un vrai-faux néo-vélotafeur qui se déplaçait déjà à vélo quand il était lycéen.
Mars et ça repart
Nouveau boulot, nouveau trajet. Pierre-Antoine revient travailler à Orléans en mars de cette année après avoir pendant plusieurs années endossé le costume de navetteur1. Un kilomètre pour rejoindre – à vélo – la gare des Aubrais. Maintenant il s’agit pour lui de parcourir environ 9 km tout en traversant la Loire. Quand on travaille sur le campus de La Source et qu’on vient du nord, on a la chance de pouvoir emprunter ce que d’aucuns appellent « la seule vraie piste cyclable de la ville », celle de l’avenue Gaston Galloux. Tout n’y est pas parfait comme il le (re)découvre très vite et l’expose sur Twitter :
Et au printemps, la végétation n’en fait qu’à sa tête (tout comme les 2/3 scootards qu’il croise par mois sur la piste et qu’il lui arrive de sermonner) :
Pierre-Antoine a étudié toutes les options avec comme seule interrogation « combien de temps je veux mettre ? » et a retenu celle qui lui paraissait la plus rapide. Bus ou tram ? Possible mais lent (et cher juge-t-il). « Orléans qui se veut métropole avec son tram toutes les 7 minutes ce n’est pas possible. » Résultat il met entre 16 et 20 minutes avec une régularité que tous les vélotafeurs connaissent bien pour aller et revenir du travail.
Et la météo ? « Notion de civil » répond-il avec une énergie toute militaire. « On est pas en sucre ». Il a tout l’équipement nécessaire, pantalon imperméable et poncho2. Il a fait remarquer à ses collègues, dont pas un ne vélotaffe, que lorsqu’il pleut il arrive moins mouillé que ceux qui ont dû marcher sous la pluie depuis le parking jusqu’à leur bureau. Sans contrainte parentale il se considère cependant dans une situation personnelle idéale et entend volontiers les objections de ses collègues qui doivent déposer leurs enfants à l’école.
Ayant eu à lutter pied à pied contre les mauvaises pratiques des ses voisins (#GCUM inside), il estime qu’en matière de lutte contre l’autosolisme et toutes les incivilités motorisées, les élus orléanais sont « mous du genou » (ce qui ne favorise pas la pratique du vélo !). « Faut qu’on apprenne à changer c’est sûr, mais pas moi » lui semble être la devise de ses compatriotes.
Un VTTAE qui a bouffé du lion
Pierre-Antoine a acheté en ligne son VTT à assistance électrique – un Peugeot eM02 27.5 SLX 10 500Wh – en promo à ~ 2300 € (prix de départ à 2999 €). Oui c’est une somme mais « sans commune mesure avec le coût d’usage d’une voiture ». Pourquoi un VAE ? Pour arriver « frais et dispos » au travail et passer outre ce désagréable vent de face qui semble toujours se manifester sur ce trajet. Cela dit, s’il y avait eu des douches sur son lieu de travail il aurait pris un vélo sec confie-t-il.
Gravage Bicycode, double antivol (U et chaîne), plusieurs lumières et un Hornit. Pierre-Antoine a bien équipé son vélo qu’il voulait le plus polyvalent possible et en mesure d’affronter les nombreuses bordures orléanaises. Il porte un casque en souvenir d’une vilaine rencontre avec une branche lorsque dans sa jeunesse il avait fait une sortie VTT avec un animateur « pas du tout sympathique » du côté de l’île Charlemagne. Le casque qu’il portait avait bien rempli son office au vu du trou créé par le choc.
Boitier badass
Assistance or not assistance ? Le débat est parfois vif dans le (petit) monde du vélo au quotidien. Certains révisent leur position – voir par exemple ce témoignage –, d’autres estiment qu’avec l’assistance on s’éloigne du vélo comme engin de déplacement à la fois simple d’entretien et autosuffisant. Dans les études de prospective, ce débat est déjà tranché. On peut prendre comme exemple le rapport très intéressant qu’a publié à la mi-septembre 2017 l’association The Shift Project sous le titre Décarboner la mobilité dans les zones de moyenne densité. Son chapitre 3 (sur 6) est consacré au « Système vélo ». « Pourquoi s’intéresser au vélo ? » s’interrogent les auteurs. « Parce que le vélo est un mode de déplacement particulièrement efficace » avancent-ils. Concernant le speedbike et ils expliquent avoir « pris la liberté [de l’]inclure dans cette section malgré le fait qu’il ne s’agit pas, d’un point de vue réglementaire, d’un vélo » (p. 47) :
Un speed-pedelec ou s-pedelec est un véhicule à assistance électrique qui sort de la norme VAE car sa motorisation dépasse les 250 W (c’est donc un cyclomoteur dans la réglementation française, donc casque et assurance obligatoires). Des moteurs de 500 à 700 W permettent au cycliste d’atteindre facilement des vitesses de 45 km/h. Un moteur de VAE (250 W) non bridé peut atteindre des vitesses similaires.
Le vélo de Pierre-Antoine rentre dans cette dernière catégorie. Le tout grâce à un petit boitier fort discret. Plus tout à fait un vélo mais pas encore un speedbike. Pragmatique, Pierre-Antoine a contracté une assurance spécifique et s’inscrit dans cette (nouvelle) génération de vélotafeurs qui cherchent à optimiser leur temps de trajet. Il estime d’ailleurs que la réglementation actuelle est sans doute trop restrictive pour permettre au plus grand nombre de tenir une bonne moyenne.
Après tout, on peut bien acheter des pots d’échappement non homologués pour faire encore plus de bruit en scooter ou à moto et même acquérir des trottinettes à moteur qui atteignent des vitesses folles, alors pourquoi pas un petit boitier pour VAE ? Faut toujours pédaler et Pierre-Antoine souligne que sa condition cardiovasculaire s’est sensiblement améliorée après plusieurs semaines à bourriner sur son VTTAE : sa fréquence cardiaque au repos est bien meilleure.
À coeur électro-vaillant rien d’impossible à condition de bien penser à recharger la batterie qui, à ce régime, ne tient pas plus de 25 km !
Notes
- « 6 h 08, le stress des pendulaires », Libération, 24 mars 2011.
- Tous ses équipements de cycliste proviennent de la grande enseigne qui vend un vélo sur trois en France et qui porte le nom d’une épreuve d’athlétisme.
bravo à Pierre-Antoine, ça fait un speedbiker en plus sur Orléans ! j’ai à peu près la même expérience que lui sur mon trajet quotidien de 32 km A/R sur la périphérie Nord
je m’interroge quand même sur le type d’assurance et quel matériel a été déclaré, car ce Peugeot ‘badassé’ est non homologué, du coup je ne vois pas trop quelle assurance à accepter de couvrir un engin non autorisé à rouler sur l’espace public.
par ailleurs, (je connais bien le sujet), en prenant en considération même si c’est faux la catégorie speedbike du vélo de Pierre-Antoine, son casque n’est pas homologué suivant la norme ECE22-05 (casque moto), par ailleurs je ne vois pas la plaque d’immat ? normal car pas de carte grise me direz-vous et je doute fort que Pierre-Antoine mette des gants homologués moto pour son vélotaf.
bref ! attention, attention
tout ceci pour dire qu’il faut être extrêmement vigilant lorsqu’on s’engage dans un vélotaf avec ce genre d’engin…quand tout va bien…tout va bien, quand il y a un gros pépin…c’est la catastrophe…
en ce qui me concerne, la seule infraction que je m’autorise et je présente mes excuses par avance aux forces de l’ordre, c’est de circuler raisonnablement sur les pistes cyclables et si je fais cela c’est pour ma sécurité et la sécurité des automobilistes : je vous laisse imaginer tout speedbike que je suis au milieu des 38 tonnes sur la double voie du Pôle 45 !! et je peux vous dire que j’accepte et comprend tout-à-fait les quelques malheureux scooter égarés sur la piste cyclable !
il y a là aussi un travail à faire avec le législateur => autoriser les speedbike sur pistes cyclables MAIS mettre en place les limitations de vitesse.
Alors bravo à Pierre-Antoine, mais un bémol sur l’aspect réglementaire
bon vélotaf à tous
J’ai vu arriver à la réunion publique sur le plan vélo un homme sur un speedbike sans plaque d’immatriculation mais qui portait un casque semi-intégral. Etait-ce vous ?
Concernant l’assurance, je n’ai pas creusé le sujet mais je pense (je peux me tromper) qu’il s’agit d’une assurance spécifique « accident corporel sans tiers impliqué ».
oui c’était moi, bonjour
je ne conçois pas une seule seconde qu’une assurance puisse couvrir un risque lié à l’usage d’un engin de loisirs modifié et non homologué pour circuler sur l’espace public (routes, pistes cyclables). je ne connais pas précisément l’assurance souscrite par Pierre-Antoine, mais en tout cas je lui suggèrerai de lire en détail l’intégralité de son contrat d’assurance.
me concernant je n’ai pas de plaque car mon vélo a fait l’objet d’un changement de cadre récemment, pris en garantie j’ai reçu un nouveau…vélo ! c’est cool mais pas totalement cool, parce que du coup je dois le ré-immatriculer et mon concessionnaire préféré n’a pas prévu la chose ! je roule avec mon ancienne plaque et CG dans la sacoche…c’est pas bien parce que ça facilite pas la tâche des forces de l’ordre et je leur présente mes excuses pour cet écart. ça devrait se régulariser dans les prochains jours.
cela dit je ne pouvais pas venir à une réunion Plan Vélo en plein centre ville avec la voiture, c’était pas possible.
Il voulait une électrocyclette pour suer moins, finalement, il pédale moins.
Seuls les braves savent.
(Ce commentaire se veut humouristique).
électrocyclette c’est bizarre comme mot non ? ça fait un peu ringard je trouve…genre début du XXème à l’avènement des premiers 2roues motorisés…(joke!)
sinon il est bizarre aussi ton humour janpeire !?! mais je ne me risquerai pas à le considérer comme ringard…(rires!)
J’ai trouvé le mot l’été dernier dans une lecture sur les vélos du siècle passé.
Il est étrange mais il dit les choses, contrairement aux multiples sigles et acronymes.
VAE : vaurien à électron 🤔 vagabond aux étoiles 😯
J’ai appris il y a peu que à Orléans il y a une MDA (maison des assos), alors que à Angers, les mêmes publicitaires ont vendu le concept d’un M’A, pour musée.
Pourquoi appeller un chat alors que des propagandistes vendent de la vache-qui-rit© pour du fromage.
c’est vrai…dans le genre sigles et acronymes, je crois que la palme revient à l’Education Nationale et à l’Armée ! pour rebondir latéralement sur le sujet, on est quand même bien content de voir Olivier Carré apprendre un nouveau mot : le vélotaf…finalement c’est un mot plaisant, plutôt moderne apparemment (années 2000) simple et explicite