Abécédaire lacunaire

On sait déjà que place du Martroi, trois lettres manquent pour délivrer un message essentiel et afficher bien haut les ambitions de notre toute jeune métropole (née le 1er mai 2017) en matière de mobilité urbaine. Mais cela n’empêche pas le président sortant, Charles-Éric Lemaignen – à l’heure de dresser le bilan de ses seize années passées à la tête de l’intercommunalité – de s’attribuer un satisfecit dans une interview donnée à La Rép’ :

« la politique vélo, que j’ai portée de A jusqu’à Z »

Alors deux hypothèses (qui peuvent du reste se combiner) :

Hypothèse 1 : il veut dire qu’il était le seul, parmi les élus, à se soucier du sort des déplacements à vélo dans l’agglomération.

Peut-être.

Hypothèse 2 : il veut dire qu’il a conduit une politique ambitieuse qui a porté ses fruits.

C’est à voir.

On peut certes porter au crédit de la communauté d’agglomération d’avoir mis en place il y a tout juste dix ans l’un des tout premiers systèmes de vélo en libre service (VLS) de France. En dehors de cela, difficile d’évoquer quelque chose de significatif, en tout cas rien qui distingue l’agglomération en matière de politique vélo. Il existe depuis quelques années une offre de location de longue durée (Vélo’tao), plus récemment la possibilité de faire graver gratuitement sa monture (Bicycode), et on a pu observer la multiplication des arceaux de stationnement. Mais on attend toujours des progrès significatifs dans ce qui fait le cœur d’un système vélo efficace : le développement des infrastructures dédiées et les campagnes de communication qui doivent l’accompagner.

R A T É

Si l’on ne devait prendre qu’un exemple, la même interview nous en donne un parfait : la seconde ligne de tramway. Voilà le sentiment du président sortant sur l’opération « ligne B » :

« C’est passionnant, c’est compliqué puisque ça bouleverse les habitudes, mais c’est une très belle réussite. »

Ce chantier majeur illustre à merveille le sentiment exprimé par Nicolas Pressicaud en 2011 (avait-il l’exemple d’Orléans en tête ?) et repris dans Et le vélo dans tout ça ?, p. 250 :

À bien des reprises, on a pu constater en France que le vélo était une variable d’ajustement dans les projets d’aménagement urbain, notamment dans la réalisation des lignes de tramway : au final, pas de place spécifique pour le vélo sur certaines sections et, sur d’autres, des solutions non fonctionnelles (pour ne pas dire aberrantes, parfois) qui n’ont pour seul avantage que d’être peu consommatrices d’espace. Bref, des occasions manquées voire des ratages patents !

Trois exemples emblématiques de ces occasions manquées :

  • La rue Jeanne d’Arc : belle voie de 20 mètres de large et rien pour le vélo. Et la portion congrue pour les piétons. Finalement la même punition la même situation que sur le pont George-V.
  • La rue des Carmes : rien pour le vélo malgré sa piétonisation intégrale. Un authentique parcours casse-gueule (rails accidentogènes cernés de pavés irréguliers posés de manière irrégulière avec des joints de largeur irrégulière).
  • La rue Eugène Vignat : l’exemple parfait de ce que Nicolas Pressicaud appelle un ratage patent. Un aménagement à la René Magritte : « Ceci est une piste cyclable » malgré sa fonction évidente de trottoir, malgré la présence d’arbres et de mobilier urbain. Et sur une seule portion de la rue, bien évidemment.

Et maintenant ?

Reste maintenant à découvrir quelle politique Olivier Carré – qui prend comme prévu la succession de son camarade de parti – compte impulser et soutenir en matière de mobilité urbaine. Sachant que siègent au bureau d’Orléans Métropole (lettres capitales comprises) :

  • Un vice-président délégué aux Transports et déplacements, à la Politique ferroviaire.
  • Un vice-président délégué à la Politique cyclable et circulations douces.
  • Un vice-président délégué à la Voirie, Espaces publics de proximité, Infrastructures, Coordination de la propreté.

Constat : circulations douces et déplacements vont devoir trouver un terrain d’entente avec la voirie. Le concept d’intermodalité a dû inspirer celui d’inter-vice-présidence.


Photo en tête par bukk (Travail personnel) [GFDL ou CC-BY-SA-3.0], via Wikimedia Commons

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1 réponse

  1. janpeire dit :

    A & Z sont les premières lettres du clavier, rien de plus, il reste ERTYUIOP… pour la première rangée.

    Les autres élu-e-s dans la communauté de commune ont été vite fatigué-e-s par les « plus de 1, 5 km à vélo, c’est être sportif », « nous ne pouvons pas pousser les murs », « le vélo c’est la promenade du dimanche ».
    Je pense ici à une élue, Monique Lemoine pour ne pas la citer — et je pense que Fleury lui doit une partie importante de son réseau — toute aussi criticable soit-elle.
    Qui aujourd’hui s’oppose ?

    Officiellement, sur les 11km de la ligne B, l’antienne de l’ex est que 7km sont doublés d’une « piste cyclable ».

    Après, 2017 est soi-disant une année de transition — piège à con — pour les 3 ravis de la crèche. À voir le résultat de leur politique cyclable, les cyclistes sont dans la panade.

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