La Haye se dote d’un impressionnant viaduc cyclable — par Bicycle Dutch
Quand on prend vraiment au sérieux le développement de la pratique utilitaire du vélo, on y met les moyens. Alors quand il s’agit de franchir les seize voies d’une autoroute – mais on pourrait imaginer la même chose au-dessus de voies ferrées – il ne viendrait pas à l’idée des autorités néerlandaises d’opter pour un téléphérique. En choisissant de construire un viaduc, ces autorités optent pour ce qu’il y a de plus capacitaire et de plus fiable. Mark Wagenbuur nous fait la visite du côté de La Haye.
Voici la traduction de « A huge new cycle viaduct in The Hague » publié le 2 septembre 2020 sur Bicycle Dutch.
Voici un autre exemple impressionnant d’une infrastructure cyclable exceptionnelle qui a été inaugurée à La Haye. Un nouveau viaduc cyclable de 335 mètres de long relie le centre ville à la banlieue d’Ypenburg au sud-est de l’autoroute A4. L’échevin de la mobilité, Robert van Asten, a inauguré le pont le 9 juillet 2020, neuf jours après avoir ouvert le deuxième plus grand parking à vélos des Pays-Bas à la gare centrale de La Haye.
Il a fallu plus de dix ans pour que ce pont devienne réalité. En 2010, il était prévu de l’ouvrir en 2013 ou 2014, mais c’était trop optimiste. Je n’ai pas trouvé la cause de ce retard, mais il est clair que des projets d’infrastructure de cette envergure ne sont pas faciles à réaliser. Le conseil municipal de La Haye a pris la décision de construire cet ouvrage en 2011 et c’est en juillet 2020 qu’il a finalement été ouvert. Le pont constitue le dernier maillon d’un itinéraire amélioré entre le centre ville et la banlieue de Ypenburg, appelé Trekfietstracé. Il existait une piste cyclable pour passer l’autoroute A4, mais elle se trouvait dans un passage souterrain le long d’une route très fréquentée. Ce nouveau pont pour cyclistes se trouve sur un itinéraire qui s’éloigne complètement de la circulation automobile et relie les pistes cyclables existantes à Ypenburg de manière bien plus efficace.
Le pont en poutre-caisson d’acier mesure 335 m de long et 6,5 m de large. Les deux plus grandes travées se trouvent directement au-dessus des voies d’autoroute qui mesurent 54 et 31 mètres de long. Les cinq travées d’approche font 35 mètres de long. Le tablier du pont est composé de 7 parties, 3 parties de 175 m et 4 parties de 160 m de long, pour un poids total de 900 tonnes. Les différentes parties du pont ont été construites dans la province de Zélande et expédiées à Schiedam d’où elles ont été transportées par convoi exceptionnel jusqu’au lieu d’implantation sur l’autoroute A4. En août 2019, des grues ont placé les différents éléments du pont sur des piles également préfabriquées. Un pont de cette longueur est très horizontal. L’architecte a choisi de le souligner encore plus avec les couleurs du tablier et des piles et en gardant les pièces de soutènement hors de la vue.
Des panneaux d’aluminium ajourés forment les garde-corps du pont. Sur le côté sud-ouest du pont, le maillage est partiellement fermé. C’est très logique quand on sait que la direction du vent dominant aux Pays-Bas est le sud-ouest. Les panneaux partiellement fermés protègent les gens du vent. Du côté nord-est, le grillage est complètement transparent pour offrir une vue dégagée sur les environs. Au bas de la main courante, des lumières LED intégrées permettent de s’assurer que le pont est bien éclairé la nuit. L’énergie nécessaire à cet éclairage est générée par le pont lui-même. C’est-à-dire par une œuvre d’art située à son extrémité sud. L' »arbre solaire » est un objet remarquable d’environ 4 mètres de haut qui possède 7 panneaux solaires disposés sur ses branches. Ces panneaux alimentent les lumières du pont.
Il est difficile d’imaginer que certaines personnes étaient très opposées à ce pont. En 2011, un habitant de la ville voisine de Voorburg l’a qualifié de « pur gaspillage de l’argent public » et il a essayé d’empêcher le conseil municipal de budgéter 12 millions d’euros pour ce « pont inutile ». D’autant plus qu’il y avait une alternative parfaitement valable – de son point de vue – sous la forme d’un passage souterrain à environ 200 mètres du nouveau pont. Le conseil municipal a finalement décidé de construire le pont, qui relie Ypenburg bien mieux que ne le fait ce passage souterrain sombre et bruyant à côté d’une route très fréquentée.
Ce nouveau pont a pris le nom de Jan Linzel, un pilote de chasse qui était stationné à l’aéroport d’Ypenburg lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté. Il a abattu un avion allemand et a tiré sur un autre lors de l’invasion nazie en mai 1940, avant que son propre avion ne soit touché et qu’il ne s’écrase. Il a survécu avec une blessure à la jambe. En 1943, lors d’une seconde tentative, il réussit à échapper à l’occupation pour rejoindre l’Angleterre, où il s’engage dans la Royal Air Force. Jan Linzel meurt en 2019 à l’âge de 103 ans, à Glengarriff en Irlande où il vivait depuis 1978. Jan Linzel était le dernier aviateur néerlandais survivant de la Seconde Guerre mondiale et le plus ancien vétéran des Pays-Bas. Son nom a été choisi pour ce pont lors d’un concours organisé par la ville de La Haye.
La Haye veut devenir une véritable ville cyclable. Pour rendre le vélo encore plus attrayant, la ville construit des pistes cyclables structurantes (« routes en étoile »). L’une de ces nouvelles pistes cyclables, nouvelles ou améliorées, est le « Trekfietstracé ». Pour cet itinéraire, la ville a reçu le soutien financier des organismes gouvernementaux de la région et de la province (Metropoolregio Rotterdam Den Haag (MRDH) et la Province de Hollande-Méridionale). Les comptages effectués à La Haye montrent que la pratique du vélo a considérablement augmenté ces dernières années. Les revêtements des pistes cyclables existantes ont été améliorées avec de l’asphalte lisse offrant 166 km de confort supplémentaire. La ville souhaite augmenter le nombre de cyclistes de 30 % dans les années à venir. Le pont de cet itinéraire est considéré comme une contribution à la réalisation de cet objectif.
Nous on fait un téléphérique en mode Wall-e
J’ai quand même le sentiment que ce projet fleuryssois est dans les choux, non ?
Oh oui il est mort né ce truc !
Voilà ce qu’il nous faut pour le pont Georges V !