Un giratoire à double-niveau à Rosmalen — par Bicycle Dutch
Mark Wagenbuur fait allusion dans ce texte à la première fosse aux ours sur laquelle il avait écrit un billet que j’ai traduit récemment (« Le plus vieux giratoire à double-niveau des Pays-Bas »). Ce modèle de carrefour continue de faire florès comme le prouve cet autre giratoire conçu pour optimiser et sécuriser les différents flux de circulation. Voici la traduction de « A grade-separated roundabout in Rosmalen » publié le 13 mai 2020 sur Bicycle Dutch.
La pandémie en cours m’oblige à rester le plus possible à la maison, ce qui limite les sujets que je peux aborder ici. Mais j’imagine que vous serez nombreux à trouver intéressant ce carrefour qui dispose de niveaux distincts pour la circulation motorisée et les vélos. La ville de Bois-le-Duc développe depuis plus de dix ans un immense quartier résidentiel à Rosmalen. Les deux plus grandes intersections avec deux routes de transit et une véloroute ont été aménagées à double niveau. Dans ce billet je vais vous exposer l’un de ces deux carrefours conçus comme une « fosse aux ours » comme je me plais à les appeler.
Je vous ai déjà montré plusieurs « fosses aux ours » : la première version de ce type de carrefour, qui lui a donné son nom, construit dans les années 1940 à Utrecht, celui d’Arnhem construit peu de temps après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, celui d’Eindhoven construit dans les années 1970 et deux plus récents qui datent des années 1990 à Goes, et enfin le plus récent à Saint-Michel-Gestel. Je vous ai également montré un autre carrefour concernant les mêmes route et véloroute. Dans ce dernier exemple, la véloroute passe au-dessus d’un giratoire à pré-sélection (turbo roundabout). Ce carrefour est proche d’un haut pont sur un canal, ce qui a conduit à aligner ce viaduc pour que les cyclistes restent à niveau. Dans le cas qui nous intéresse ici, l’aménagement cyclable est positionné au-dessous du giratoire à pré-sélection parce qu’ainsi les cyclistes peuvent continuer à circuler au niveau du sol sans devoir monter et descendre des rampes. Il est évident que ceux qui ont conçu cet aménagement circulent eux-mêmes à vélo. Ils ont proposé une solution cyclamicale.
Quand cette nouvelle zone résidentielle a été conçue, il a été décidé de maintenir le trafic motorisé de transit aussi loin que possible des rues résidentielles. Cette circulation motorisée est détournée loin des zones habitées tandis que les principales véloroutes ont été délibéremment placées au milieu du quartier, là où les gens vivent. Dans un ancien billet, je vous ai montré la principale véloroute. Je vous ai aussi montré le nouveau pont du quartier. Les voitures rentrent dans le quartier au plus près possible de leur destination. Toutes ses rues sont en zone 30 et les voitures sont considérées comme « invitées », tandis que les artères routières n’ont d’autre fonction que d’assurer un haut débit de circulation. C’est une manière classique de concevoir la circulation routière aux Pays-Bas. En particulier dans les zones conçues selon les principes de Sustainable Safety introduits dans les années 1990. Dans le cas qui nous intéresse le quartier a été développé en même temps que le Máxima Canal, une déviation pour les bateaux de grand tonnage autour du centre de Bois-le-Duc. Ce nouveau canal a demandé la construction de nouveaux ponts plutôt hauts et cela a été l’occasion de complètement revoir le réseau routier. Ce carrefour a été construit en 2010, à peu près au même moment que le canal et les premiers logements. Pour maximiser le débit de la circulation routière à ce carrefour où deux artères importantes se rencontrent, un giratoire à pré-sélection a été choisi. Les carrefours giratoires sont la solution privilégiée aux Pays-Bas, car ils sont bien plus sûrs que les carrefours à feux. Les giratoires à pré-sélection offrent un meilleur débit que les giratoires classiques et quelques autres avantages. Parce que la piste cyclable est également une véloroute (depuis ce nouveau quartier vers les centres de Rosmalen et Bois-le-Duc) et parce qu’il est préférable que les giratoires à pré-sélection ne soient pas interrompus par des traversées cyclistes, une solution à double-niveau a été retenue ; chaque type de flux a son niveau réservé. Le carrefour routier est à quatre branches, le carrefour cyclable n’en a que trois. Cela s’explique par le fait que la circulation motorisée reste maintenue à distance des habitations (à l’est) et que les vélos sont « détachés » ou simplement éloignés de cet axe routier. Il existe en effet un itinéraire cyclable vers l’est mais il traverse directement le quartier en commençant 165 m plus loin au nord du carrefour.
Je suis très content que ce carrefour à trois branches ait été aménagé en carrefour en T et non en giratoire. Il y a déjà trop d’exemples de giratoires cyclables ratés. La fosse aux ours de Saint-Michel-Gestel me vient immédiatement à l’esprit. Le giratoire cyclable stupide de Boxtel en est un autre exemple. La fosse aux ours de Goes était aménagée en carrefour en T lorsque je l’ai filmée mais depuis une quatrième branche a été ajoutée. L’intersection a donc été transformée en giratoire. Je n’en suis pas satisfait mais je devrais sans doute lui rendre visite pour éventuellement réviser mon jugement.
Le risque existe toujours qu’un véhicule fasse une sortie de route et donc pour éviter qu’un véhicule ne bascule dans la fosse aux ours, les barrières ont été conçues pour résister à une telle collision. La principale différence entre un giratoire ordinaire et un giratoire à pré-sélection est que les automobilistes doivent choisir leur voie avant d’entrer dans le giratoire. Chaque branche de sortie correspond à une voie différente au niveau de l’anneau de circulation. Changer de voie est impossible en raison de la présence de bordures entre celles-ci. Il n’est pas non plus possible de faire un tour complet du rond-point sur un tel giratoire. À un moment la voie sur laquelle on circule conduit immanquablement à sortir du giratoire. Ainsi organisé, le débit d’un tel carrefour giratoire est plus important, mais sa conception multi-voies rend non souhaitable qu’il soit coupé par des itinéraires cyclables ou piétons.
Les premières années, cette « fosse aux ours » était un peu quelconque et tristoune. Malgré la pièce d’eau qui la traverse. J’ai remarqué récemment que l’herbe et les arbres avaient pris de l’ampleur et que les fleurs étaient nombreuses, ce qui rend la traversée du carrefour beaucoup plus agréable. Les perspectives sont plutôt bonnes. Il existe quelques coins obscurs où des personnes mal intentionnées pourraient préparer des mauvais coups, mais ce carrefour est plutôt éloigné des habitations. L’endroit pourrait être ressenti par certains comme pas tout à fait sûr par exemple en hiver. L’espace libre entre Rosmalen et le nouveau quartier résidentiel est prévu pour accueillir une école et une grande quincaillerie. La zone sera donc plus fréquentée et il est à espérer que cela améliore le sentiment de sécurité.
Ces ronds points pour voitures sont géniaux car il y a souvent un séparateur de voie franchissable qui sécurise la trajectoire en courbe.
Jamais vu en France