Le réseau express vélo circulaire d’Eindhoven — par Bicycle Dutch
Eindhoven est en train de finaliser son réseau express vélo, une boucle de 32 km autour de la ville. Les plans du projet avaient été rendus publics en 2011 et depuis les chantiers se sont enchaînés. De nouveaux travaux dans le secteur nord ont été annoncés pour 2019 et 2020. Mais tout n’est pas parfait sur cette Slowlane, nom curieusement donné à cette voie express1.
En 2011, Eindhoven, la cinquième plus grande ville des Pays-Bas, était fière d’annoncer la construction d’une Slowlane. Il s’agit d’un itinéraire cyclable de 32 km destiné à relier les principaux centres d’activité économique de la ville de la manière la plus rapide et écologiquement durable. Eindhoven développe et fait la promotion de l’économie du savoir. Cet environnement high-tech est connu aux Pays-Bas sous le nom de Brainport. Passant près d’importantes concentrations industrielles et des sites de grands groupes – comme ASML, Eindhoven Airport, le Brainport Innovation Campus, le High Tech Campus, l’Université de Technologie et Philips – la Slowlane permet aux employés de rejoindre facilement et confortablement leur lieu de travail. Ce nom a été légitimement critiqué dès le départ. En plus des zones économiques, la Slowlane conduit dans de jolis espaces naturels, comme la vallée du Dommel, et des zones forestières. Cette voie cyclable fait partie intégrante du programme de développement “Brainport Avenue” qui est financé à hauteur de 65 millions d’euros par le gouvernement. La Slowlane traverse différentes villes : Eindhoven, Best, Son en Breugel et Veldhoven. Pour une large part, cet itinéraire était prévu sur des routes et pistes existantes, et même le célèbre Hovenring en fait partie, mais à certains endroits des aménagements ont été construits ex nihilo.
Les premiers travaux ont commencé en 2012. J’ai tweeté à l’occasion sur le sujet. Par exemple quand j’ai pédalé le long du chantier pour attraper mon avion à destination de Budapest où j’étais attendu pour une conférence. En 2014, j’ai fait le portrait d’Eindhoven nominée dans le cadre des villes les plus cyclamicales des Pays-Bas. J’ai alors découvert un panneau d’information sur la Slowlane. Cette section du réseau, dans la zone périurbaine nord-ouest, a été la première achevée. C’est là qu’en 2015 a eu lieu la cérémonie d’inauguration. Depuis, la ville communique avec ardeur sur cet itinéraire cyclable à destination des travailleurs de l’économie du savoir, si bien que la presse locale l’a appelé une « voie cyclable pour gros futés ».
Sur les 32 km de la boucle, environ 4 km passent dans le centre ville, dans les limites du périphérique intérieur. Les deux intersections avec ce périphérique sont traitées par des souterrains. Cette partie de la Slowlane a été achevée entre 2016 et 2018. Dans le cadre de ce billet, j’ai voulu pédaler depuis le campus high-tech au sud jusqu’à l’hôpital Máxima au nord, ce qui fait environ 5 km. Cette partie évite au maximum les conflits d’usage. Beaucoup d’anciens passages souterrains ont été incorporés à l’itinéraire. Ils ont parfois fait l’objet d’améliorations comme le “Silly Walks Tunnel” sous les voies de chemin de fer près de la gare d’Eindhoven que je vous ai présenté précédemment. Pour rendre la Slowlane identifiable, certaines rues pourvues de bandes cyclables ont été transformées pour créer une piste cyclable bidirectionnelle séparée du traffic motorisé. La largeur de la chaussée pour les motorisés a souvent été réduite, et la mise en sens unique a parfois été décidée pour dégager plus d’espace pour la piste cyclable. Les pistes bidirectionnelles sont souvent plus confortables et sont plus facilement identifiées par les usagers, mais elles ont aussi des inconvénients, en particulier aux carrefours. À l’origine, la ville souhaitait rendre cet itinéraire distinct des autres aménagements cyclables et a essayé différentes couleurs : du gris et un jaune couleur sable. Le Fietsersbond a insisté pour que le rouge soit utilisé, celui qu’on retrouve partout aux Pays-Bas, et heureusement c’est ce choix qui s’est finalement imposé. La largeur de 2×2 m a été respectée. Il n’y a que dans quelques rues plus étroites du centre que la piste est plus étroite par endroit. Et à un endroit, c’est une rue cyclable (priorité aux vélos) qui a été aménagée.
Eindhoven, souvent qualifiée de « ville à bagnoles », compte parmis les rares villes néerlandaises à conserver un périphérique intérieur, un « système giratoire » (à sens unique) dans la ville centre. Là où la Slowlane croise ce périphérique, des carrefours signalés et protégés ont été reconstruits et la voie cyclable bidrectionnelle est désormais prioritaire. Le carrefour Wal/Bilderdijklaan a été reconstruit en 2017. Les feux de circulation ont été supprimés et remplacés par des stops pour le traffic motorisé et des avertisseurs lumineux sous forme de flash. Ce n’était pas suffisant pour faire prendre conscience aux conducteurs des nouvelles règles de priorité. Cela a conduit à quelques collisions. L’une d’entre elles, en janvier 2018, a provoqué la mort d’une cycliste de 58 ans, percutée par un automobiliste lors d’un refus de priorité.
Après cet accident les autorités municipales – pressées par l’antenne locale du Fietsersbond, entre autres – ont rapidement décidé d’améliorer la sécurité à ce carrefour. De plus gros ralentisseurs ont été installés, forçant les automobilistes à ralentir, mais ça n’a pas suffi et des feux tricolores ont été remis en place. S’il s’avère impossible de changer les habitudes des conducteurs c’est parfois la seule manière de sécuriser un carrefour. En raison de cet accident et de quelques autres le long de la Slowlane, la sécurité de l’itinéraire a fait l’objet d’une enquête. Elle a abouti à la conclusion que même si quelques accidents s’étaient produits il n’y avait pas matière à modifier substantiellement les aménagements.
Il peut sembler étrange qu’Eindhoven ait fait le choix d’aménager une seule voie cyclable de ce type. Les exemples des années 1970 à Tilbourg et La Haye n’ont-ils pas démontré que ce n’est pas la bonne manière de procéder ? Oui, c’est vai, mais la Slowlane n’est pas la seule voie cyclable d’Eindhoven. C’est l’épine dorsale de tout un réseau cyclable. Le fait que ce réseau soit d’une qualité équivalente à la Slowlane rend cette dernière largement indistinguable. Dans le projet initial, cette voie devait se distinguer par une grande largeur, la couleur et la signalisation. Rien de cela n’a été réalisé. Maintenant que le revêtement a pris la teinte rouge que l’on retrouve partout, et que la signalisation n’est pas (encore ?) mise en place, il est difficile de savoir si l’on se trouve sur la Slowlane. Il n’y a qu’à quelques endroits que la ligne centrale prend la forme d’un S mais tous les chantiers ne sont pas achevés.
De nouveaux chantiers ont été annoncés en 2019. Sur le territoire de Son en Breugel, au nord-est d’Eindhoven, une nouvelle section de la voie va être construite. Cette municipalité et Eindhoven ont obtenu une subvention du gouvernement pour ce projet ainsi que la construction d’une voie cyclable d’accès. Les autorités de Son en Breugel mettent en avant le bénéfice que vont en retirer les écoliers et les adolescents qui sont scolarisés à Eindhoven. C’est moins directement lié au projet Brainport mais on peut sans doute imaginer ces enfants comme de futurs « gros futés ».
La Slowlane n’est pas encore achevée. Sur ma carte Google (plus bas) j’ai légèrement retouché l’itinéraire (au nord) pour vous permettre de l’emprunter à vélo dès aujourd’hui. Je la tiendrai à jour.
En violet le trajet complet. En vert le trajet que j’ai effectué.
Notes
- Peut-être une allusion au mouvement né en Italie Cittaslow, « une communauté de villes qui s’engagent à ralentir le rythme de vie de leurs citoyens » ? NdT
Arrêtez, c’ est trop , cela nous fait mal à nous les « minables » qui n’obtenons que de misérables miettes dans Orléans Métropole !
Salut Jeanne,
Goedenmiddag,
Ayant habité deux ans à Veldhoven (la ville où est située le fabuleux Hovenring :
et qui est à quelques kilomètres du centre ville d’Eindhoven), je soupire de nostalgie… C’est dans cette ville que j’ai pris conscience de la solution vélo.
Eindhoven n’est pas la plus bike friendly city des Pays-Bas et pourtant, on y circule tout de même en toute sécurité
Ce qui est le plus frappant quand vous arrivez dans ce pays : ce sont les enfants qui jouent sur les rues. Ils dessinent des fresques à la craie, jouent au ballon et pédalent sur leurs vélos. Pourquoi est ce possible là bas ? Parce que toutes les zones d’habitation dense sont des espaces partagés et la circulation des voitures est contrainte par des dispositifs qui limitent la vitesse.
Prenons l’exemple du quartier Dunois et imaginons sa transformation à la sauce batave. Hormis le faubourg Bannier, le boulevard de Chateaudun et le faubourg Saint Jean, toutes les autres rues seraient des plateaux partagés. Le stationnement serait payant (et assez cher avec une vidéoverbalisation sans concession). Il y aurait beaucoup plus d’aires de jeux pour les enfants et plus d’espaces verts. On y trouverait également des panneaux routiers dédiés aux cyclistes indiquant la distance et des panneaux d’information avec la carte du réseau cyclable. Et en dézoomant au niveau de la métropole, les parkings des supermarchés seraient payants et on ne trouverait pas de zone commerciale en périphérie des villes.. .A Eindhoven, il y en a une située au nord de la ville à Ekkerstrijt où vous trouverez seulement des magasins d’ameublement, d’électroménager et de bricolage et un Ikéa…. Que des commerces où une voiture est nécessaire pour repartir avec son achat…. Même cette zone est ultra accessible en vélo… Je ne parle même pas des parents qui transportent leur(s) enfant(s) sur un seul vélo en toute sécurité.
La voiture a simplement été remise à sa place : on l’utilise uniquement que quand cela est nécessaire.
Tot ziens,
Nous avons un prototype d’un itinéraire qui dans sa partie nord-ouest (arc Ormes-Saran) contourne l’agglo d’Orléans.
Mais, mais, mais, pour mamaiser un peu, il est d’une qualité épouvantable. Et pourtant, rénové en priorisant les piétons, les vélos, il ferait bonne figure et pourrait être l’artère de laquelle des pistes cyclables irradieraient les communes périphériques jusqu’au centre d’Orléans.
Le même genre d’équipement, avec les même défauts (bordures, rond-points, qualité des revêtements) existe partiellement au sud d’Olivet.
A quand la publication du ( fabuleux , payé via le Plan National Vélo ) Plan Vélo promis par Orléans Métropole ? Préparez vos mouchoirs pour éponger vos larmes ( non , pas de joie ! ) de désespoir . Oh , combien j ‘ aimerais me tromper !