Vélo’+ c’est fini, place à FlexO

La roue tourne à Orléans. Le système de vélos en libre-service Vélo’+ – l’un des tout premiers déployés en France – va être démonté début juillet, après 18 ans de bons et loyaux services. Il y a six ans, je faisais le point sur ce service à l’occasion du renouvellement de la flotte et de l’arrivée de l’assistance électrique (voir Vélo’+ : deux générations de vélos en libre service à Orléans). Si ma mémoire est bonne, j’ai dû commencer à utiliser ce service vers 2008 – j’ai donc fait partie des early adopters comme disent les marketeux. Il faut dire que ça répondait parfaitement à mes besoins à une époque où je n’avais pas de solution de stationnement à mon domicile. Le coût d’utilisation était réellement dérisoire : un droit d’entrée (abonnement) de 15 € par an et la première demi-heure gratuite. Je disposais donc d’un vélo raisonnablement entretenu pour 15 € par an pour mes trajets du quotidien1. FlexO, le nouveau système mis en place à compter de cet été, en free-floating, ne sera pas aussi bon marché, loin de là ! En attendant de savoir si ce nouveau service trouvera son public, j’ai eu l’occasion de tester le Double Pony aux couleurs de TAO le 24 mai dernier. Je vous raconte.

Retour sur la « journée vélo » du 24 mai

Comme depuis plusieurs années maintenant, la place du Martroi a été animée par une « journée vélo » le samedi 24 mai2. J’ai eu l’occasion de m’y rendre et je dois reconnaître que c’était sympathique. En tout premier lieu parce que la place est restée ouverte et non bunkérisée par des portiques et agents de sécurité comme lors d’autres événements.

Ce visuel « tête en bas », qu’on a pu voir un peu partout, n’a cessé de me faire mal aux yeux.
Seule fausse note, cet accueil « pied à terre », comme un retour du refoulé…

Coup de cœur pour le collectif « les vélos rigolos » dont les nombreux modèles de toutes tailles pouvaient être essayés librement au sud de la place :

Un double monocycle. Diabolique.

Mention particulière pour l’exposition de modèles anciens de vélo du musée de Marco. On pouvait notamment y admirer un modèle Rudge de 1891, probablement fort proche de celui acquis à grand frais par Émile Zola en 1893. Cette métamorphose de l’écrivain âgé en bicylettiste enthousiaste a fait l’objet d’un livre dont j’ai apprécié la lecture récemment3 :

Chez Arthaud.

Une autre bonne idée de cette journée : avoir invité les vélocistes du centre-ville à présenter leurs modèles4. J’ai pu essayé plusieurs vélos. Très sympa. De même avec le Comité Départemental Handisport du Loiret qui avait mis à disposition des vélos adaptés, notamment un tandem côte-à-côte super maniable.

Poney survOlté

C’est rue d’Escures – débarrassée pour l’occasion des voitures stationnées habituellement – qu’était positionnée la piste d’essai des nouveaux vélos TAO dont le futur FlexO.

Ce vélo à assistance électrique avec une place passager est proposé par la startup angevine Pony.

Bientôt en 650 exemplaires.

J’ai donc eu l’occasion de l’essayer : une vraie mobylette ! Le couple du moteur étant prévu pour emporter un passager adulte sur le porte-bagage, ça pousse très fort au démarrage quand on est seul au guidon. Le côté fun de cette accélération, et la certitude d’aller vite à destination, est peut-être ce qui justifie un coût d’usage de 2 € les dix minutes (pour les non abonnés bus/tram)…

Démonter Vélo’+ permet à la collectivité de se débarrasser d’un service relativement coûteux qu’elle a toujours refuser d’étendre à d’autres communes qu’Orléans. Avec FlexO, il est possible d’étendre géographiquement le dispositif sans augmenter les coûts. Sera-ce un pari gagnant ? Dans tous les cas, je comprends le désarroi des usagers actuels qui ont beaucoup à perdre dans le nouveau système de tarification5.

Reste aussi la question de la matérialisation des espaces de stationnement de ces vélos. La métropole en promet 300 (et non 400 comme sur le kakemono, voir la photo ci-dessous), ce qui ne devrait pas passer inaperçu. La collectivité envisage de neutraliser un certain nombre de places de stationnement dans les cinq mètres avant tout passage piéton (comme la loi d’orientation des mobilités l’exige avant le 31 décembre 2026) mais ce ne sera sans doute pas suffisant, et pas toujours adapté.
Le camarade Yann a déjà posté ceci :

L’autre problématique concerne la régulation : comment va être assurée la bonne répartition des 650 vélos sur les 300 emplacements (ainsi que leur entretien et la recharge des batteries) ? C’est un sacré changement d’échelle par rapport à Vélo’+. La seule chose certaine à ce stade c’est il s’agit d’une externalisation – ce qui me semble curieux dans le cadre de cette délégation de service public – puisque c’est Pony qui assurera le service6.

Si le calendrier est respecté, on pourra observer comment se passent les choses dès cet été7.

On sait déjà que les trottinettes électriques ne seront pas de la partie, et c’est certainement une bonne chose8 !

Parmi les nouveautés, il y aura quelques vélos longtails à louer au mois ou à l’année.
La métropole n’a pas lésiné avec le choix d’un modèle Douze.

Sur les ondes

C’est ce soir :

Et ça sera disponible en podcast si vous me lisez plus tard (voir ici).

Notes

  1. L’abonnement est aujourd’hui de 22 €. C’est toujours très bon marché, sachant que ça a toujours été gratuit pour les abonnés TAO bus/tram.
  2. J’avais documenté la toute première « fête du vélo » qui s’était tenue place de Loire en juin 2018.
  3. Recension du livre dans Libération par Didier Arnaud : « Quand Zola partait de bon matin… à bicyclette » (10 février 2025).
  4. Étaient présents Cyclable, Le Dérailleur et Monspad.
  5. François Guéroult, « Une pétition lancée contre la suppression de Vélo + à Orléans », Ici Orléans, 18 mai 2025.
  6. Nicolas Da Cunha, « La fin de la location de vélos courte durée à Orléans est douloureuse pour les employés de Cykleo », La République du Centre, 29 avril 2025.
  7. Le directeur des relations publiques de Pony expliquait à l’été 2024, lors de la mise en route du service à Limoges qu’il existe « un moment d’adaptation de 2 à 3 mois ».
    (Gorka Martos, « Quelques jours après leur mise en service à Limoges, des vélos électriques Pony retrouvés abandonnés ou dégradés », Le Populaire du Centre, 11 juillet 2024)
    Par ailleurs, les 650 vélos annoncés seront-ils bien au rendez-vous ? Si l’on regarde du côté de Tours, rien n’est moins sûr : « Lors du lancement de ce service de location courte durée, il avait été annoncé que 1.600 vélos seraient installés avant fin octobre 2024 (1.100 vélos électriques et 500 vélos mécaniques) mais six mois après, on en est encore loin puisque Pony affirme avoir déjà déployé 800 vélos. »
    (Boris Compain, « Six mois après l’arrivée des vélos Pony dans la Métropole de Tours, l’entreprise revendique déjà 15.000 utilisateurs », La Nouvelle République, 25 février 2025)
  8. Nicolas Da Cunha, « Locations de trottinettes : Orléans Métropole refuse la mise en place de ce service », La République du Centre, 17 janvier 2025.

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