Une épée de DAMMO-clès bien affûtée

Trois jugements du tribunal administratif d’Orléans en date du 18 février 2025 viennent d’être rendus publics1. Le tribunal a pris tout son temps pour examiner trois recours déposés par l’association Association Droit Accessibilité Mobilité Métropole Orléans – DAMMO – concernant des travaux de voirie réalisés par Orléans Métropole. Tout a commencé début 2021 (vous en souvient-il ?) : riverains et élus font joujou rue Landreloup avec la réglementation et l’argent public. C’est peu après que l’association a été créée. Dans le prolongement direct de cette rue, il y a eu ensuite des travaux de requalification rue Porte-Dunoise et, non loin de là, rue Gambetta. Dans ces trois travaux de requalification, la métropole a appliqué la politique du pochoir (à hauteur de 20 % du coût des travaux, rappelons-le). Elle n’aurait pas dû dit la justice administrative, qui lui donne trois mois pour revoir sa copie.

Un peu de mythologie

On doit à Cicéron le fameux adage latin dura lex, sed lex. On lui doit aussi dans les Tusculanes l’anecdote qui a donné naissance à l’expression « épée de Damoclès ». Dans ce texte à portée philosophique2, il évoque la vie de Denys l’Ancien, tyran de Syracuse devenu totalement paranoïaque.
Voici comment Cicéron introduit le personnage3 :

Suit une description saisissante des effets concrets – sanglants – de sa paranoïa sur son entourage, puis arrive la description de la fameuse scène :


Avoir une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête, c’est ne pas être en position de savourer sereinement les plaisirs de la vie, demeurer intranquille. Jusqu’à présent, élus et services de notre agglomération n’ont jamais été inquiets. Ces jugements les alarmeront-ils au moins un peu ?

Depuis longtemps, à vrai dire depuis le début de la longue instruction des procédures, j’avais ce jeu de mot dans un coin de ma tête : DAMMO-clès. Et vous imaginez bien qu’étant donné les circonstances – une triple victoire judiciaire – je n’ai pas résisté au plaisir de le traduire en image :

Mème créé à partir du tableau de Richard Westall « Sword of Damocles » (1812).
Crédit : http://www.ackland.org/tours/classes/westall-image.html (archive link), Domaine public, Lien

Mais si vous avez bien suivi jusqu’ici, vous aurez compris que ce mème est presque aussi bancal que le titre du billet puisque, dans le récit antique, non seulement ce n’est pas Damoclès qui tient l’épée mais, de plus, celle-ci ne frappe finalement personne. Et, qu’on se le dise, l’association DAMMO ne sera jamais du bon côté du manche !

Juger sur pièces

Pour les amateurs de littérature administrative, voici les trois jugements in extenso :

Retour à l’histoire récente

Le camarade Olivier a souhaité mettre en perspective ces décisions judiciaires dans un post publié sur Facebook dont je reproduis le texte ci-dessous :

Notes

  1. Philippe Cros, « Orléans Métropole enjoint par le tribunal administratif à mettre en conformité trois aménagements cyclables », La République du Centre, 11 mars 2025.
  2. La doctrine philosophique qui est défendue dans les Tusculanes est le stoïcisme.
  3. Le texte, bilingue latin-français, peut être trouvé à cette adresse.

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2 réponses

  1. marmotte27 dit :

    Que fait-on désormais, quand on est riche ou au pouvoir, des décisions de justice ou celles des électeurs ?
    Exact, on s’assoit dessus.

  1. 14 mars 2025

    […] manque la rue Dupanloup (passé devant, mais pas de photo) et la rue Landreloup, mais là, il y avait un loup ; c’est à découvrir ici (>fr-Jehanne à […]

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