Sur la voie verte entre Ruffec et Le Blanc
Comme vous le savez depuis ma dernière carte postale en date, j’ai profité une fois de plus des aménités estivales de la Touraine du sud, au confluent des départements d’Indre-et-Loire, de l’Indre et de la Vienne. Et c’est dans l’Indre, dans le sud de la Brenne exactement, que j’ai eu le plaisir de tester un petit bout d’une voie verte que l’AF3V appelle « V94 Etoile Verte du Blanc », Wikipédia « Voie verte des Vallées » et la Communauté de communes Brenne – Val de Creuse – avec une simplicité orgueilleuse – « La Voie verte ». Excursion à vélo modeste, entre Ruffec et Le Blanc – aller-retour – avec déjeuner au roboratif Café du Centre et visite de l’écomusée de la Brenne situé dans la ville haute. Ce qui, incidemment, m’a permis de ne pas passer à côté du fameux viaduc du Blanc situé à l’ouest de la ville.
Une carte (non postale)
Légende :
Ligne verte continue : le trajet suivi depuis/vers Ruffec.
Ligne bleue traitillée : passage par le centre ville et montée vers la ville haute.
Ligne verte traitillée : retour en passant par le viaduc du Blanc au-dessus de la Creuse.
En selle !
D’après ce que j’avais pu lire ici et là, la section Ruffec – Le Blanc, environ 9 km, est la plus agréable du parcours. L’itinéraire de l’ancienne voie ferrée1 passe loin de la départementale, en contrebas le long de la Creuse, et le parcours est largement ombragé. C’est de plus la première section à avoir été équipée d’un revêtement lisse en 20112. Depuis le vélo, en roulant, j’ai estimé la largeur de l’enrobé à moins de 2 m. J’ai donc été surpris de lire sur la page du site de l’AF3V déjà citée : « La voie verte est bitumée sur une largeur de 2,20m. »
L’enrobé a depuis été prolongé sur la plus grande partie de l’itinéraire3 et on apprend au détour d’un article qui évoque ces travaux que la bande ne fait que 1,80 m de large4. Résultat, on peut rouler côte à côte mais il faut être vigilant, il n’y a pas de marge.
En moins de deux minutes, un aperçu en vidéo du trajet aller :
Place à quelques photos d’illustration.
À toutes les intersections, la voie verte perd la priorité et on a droit généralement à un stop plus des barrières de bois placées en quinconce. L’AF3V a relevé : « Les barrières nombreuses, sont moins gênantes qu’auparavant mais elles ne sont pas munies de réflecteurs fluorescents. »
C’est toujours le cas.
Le bâtiment des voyageurs de l’ancienne gare du Blanc est superbe.
Un panneau d’information bien fait raconte succinctement l’histoire du lieu. Au moment où le Cerema publie à destination des collectivités un rapport sur l’avenir des petites lignes ferroviaires, il n’est pas inintéressant de citer une partie des explications données :
Fin d’exploitation
Dès 1933, la branche de Montmorillon fut fermée aux voyageurs. En 1935, la création d’un centre d’autorails au Blanc apporta un sursis. Cependant, le « Tacot » cessa de circuler le 15 mai 1936. La nationalisation des chemins de fer, le 1er janvier 1938, donna le coup de grâce. Les lignes furent fermées aux voyageurs les unes après les autres entre 1939 et 1945, à cause de la concurrence des autocars et des voitures, mais aussi en raison de l’exode rural. Seule la ligne Le Blanc – Argent[-sur-Sauldre] poursuivit son exploitation voyageurs jusqu’en 1953.
Le trafic de marchandises (usine Butagaz, wagons-citernes et silos à grains Epicentre) sur la ligne Le Blanc – Argenton-sur-Creuse cessa définitivement en 1994.
Il existe un point d’eau potable non indiqué dans une annexe et de drôles d’arceaux côté parvis :
On ne peut pas dire qu’il y avait foule sur la voie verte ce jour-là :
Ne pas renâcler devant l’obstacle5. Le long des anciens quais.
En face des anciens quais, des panneaux qui globalement se font rares comme l’a relevé l’AF3V : « La voie verte est très connue et de nombreux panneaux incitent à s’y rendre. Mais sur la voie proprement dite, le jalonnement est presque inexistant. C’est tout droit mais on aimerait en savoir plus : prochain village, distance, services… »
Pause au Blanc
La place de la République, centrale, semble être une grande zone de rencontre comme le signalent (entre autres) ces grands pictos sur la chaussée.
Le déjeuner passé, pas de sieste post-prandiale mais une traversée de la Creuse par le pont de la départementale pour monter vers la ville haute sur la rive gauche.
L’écomusée de la Brenne a été aménagé dans le château-Naillac. Une belle réalisation pour un chouette musée.
On reconnaît les arceaux déjà aperçus au coeur du Parc naturel régional de la Brenne.
Je voulais y aller notamment pour découvrir l’exposition temporaire que les Amis du Blanc consacrent au fabricant local de vélo (disparu) Dilecta6. Quelques très belles pièces exposées comme ce vélocipède de 1889 de marque Peugeot dont voici la selle :
Au-dessus de la Creuse
Depuis le musée, aimablement renseigné par la personne de l’accueil qui m’a tracé un itinéraire sur une petite carte bienvenue, j’ai réussi à rejoindre la voie verte par l’ouest et à emprunter le beau viaduc qui surplombe de 38 m la Creuse.
Et enfin le viaduc :
J’ai filmé ma traversée du viaduc mais elle n’a que peu d’intérêt : d’une part je guidonnais trop et d’autre part il se trouve, comme on s’en rend compte sur la capture ci-dessus, que le sommet du parapet masque la vue depuis la caméra de cintre.
Avis aux amateurs de caméra sur le casque : il y a moyen de donner un aperçu du vaste panorama que cet ouvrage d’art (qui est de la même génération que la Tour Eiffel) offre à la vue du promeneur.
Notes
- Celle de la ligne de Port-de-Piles à Argenton-sur-Creuse.
- « La voie verte bitumée », La Nouvelle République, 15 octobre 2011.
- Le choix de poser une bande d’enrobé bitumeux de seulement 1,20 à 1,40 m de large est très curieux. Contraintes techniques ? Pingrerie ?
- « La voie verte s’habille avant l’hiver », La Nouvelle République, 30 novembre 2018.
- Le supermarché qu’on aperçoit au fond à gauche, installé le long de la voie verte, on ne peut pas le rater, ne dispose pas de parking vélo. Un comble.
- Avec les renseignements glanés, et les photos prises, je compte bien enrichir l’article de Wikipédia qui n’est pour le moment qu’une simple ébauche. Chaque chose en son temps !
L’ouvrage d’art — photo légendée « Sur l’ancienne ligne de Saint-Benoît au Blanc devenue elle aussi voie verte » — me rappelle furieusement ceux croisés sur l’ancienne ligne Saint-Saviol Le Blanc, aux alentours de l’Isle-Jourdain.
Merci pour la balade, cela donne envie de prendre le reliquat du train « Le Blanc Argent » et de poursuivre un peu le chemin sur ces traces d’un passé laborieux, devenues « voie-verte » pour un présent touristique, et un avenir incertain.
JPB
Toutes ces lignes datent de la même époque, celle de l’âge d’or du chemin de fer français consécutif au plan Freycinet.