Drift du maire d’Orléans en conseil municipal sur la ville à 30 km/h

Depuis quelque temps, les habitants d’Orléans sont invités à poser par écrit des questions qui seront peut-être posées lors d’une séance du conseil municipal. Une plateforme en ligne recueille les propositions et une commission sélectionne deux questions avant chaque nouveau conseil.
Depuis quelque temps également, Serge Grouard a son rond de serviette sur le plateau de CNews dans L’Heure des pros, émission animée par l’inénarrable Pascal Praud1.
Lors du dernier conseil municipal orléanais, ces deux éléments sont en quelque sorte entrés en résonance.
Attention, ça crisse !

Une question, une réponse et deux réactions

Lors du conseil municipal du 21 octobre dernier, l’une des questions a porté sur la généralisation de la zone 302.

La voici :

Bonjour,
De nombreuses villes en France on fait le choix de passer l’ensemble de leur réseau routier à 30Km/h.Jusqu’à présent seul l’hypercentre d’Orléans est concerné par cette limitation3.
Vous connaissez sûrement les bénéfices de cette limitation : diminution du bruit, de la pollution, baisse de 5 fois le risque de mort lors d’un choc entre un véhicule et un piéton, etc…
Est-il envisageable d’étendre cette mesure à l’ensemble des rues d’Orléans et de la métropole ?
Merci

En tant qu’adjoint à la circulation c’est Charles-Eric Lemaignen qui se charge de répondre en première intention. L’échange en vidéo est à retrouver ici (vidéo calée).

Charles-Eric Lemaignen avait préparé quelques notes.

Dans son intervention il souligne qu’un passage global en zone 30 serait bénéfique sur le plan de la sécurité (pour les piétons notamment). Il souligne également qu’en matière de pollution de l’air et du bruit, les effets en sont discutables mais possibles. Il est cependant réservé sur la mesure et se projette plutôt dans une « hiérarchisation des voies » (voie résidentielle, voie de transit). Il prend l’exemple de l’avenue Gaston Galloux, « une pénétrante », qu’il serait absurde de passer à 30 km/h4. L’idée est donc de définir un (nouveau) plan de circulation qui pourrait aboutir à proposer de nouvelles zones 30, ou de rencontre, en fonction de l’usage des voies.

On pourrait se demander pourquoi cette démarche n’est engagée que maintenant alors que c’est peu ou prou la même équipe qui est aux commandes depuis 20 ans.

Deux membres de l’opposition prennent la parole.

Jean-Philippe Grand, pugnace, souligne que « pour quelques pénétrantes » il serait absurde de ne pas faire le choix vertueux du 30 km/h, et rappelle fort à propos que cet abaissement de la limitation de vitesse permettrait de lutter contre la congestion en prenant l’exemple du périphérique parisien passé de 80 à 70 (ce qui fait réagir négativement dans l’assemblée, alors que c’est vérifié5).

Jérôme Bornet souligne quant à lui que la situation actuelle est incohérente, avec une alternance de rues à 30 et d’autres à 50 qui favorisent les accélérations et donc la pollution. Et que travailler sur le plan de circulation est donc plus que jamais nécessaire.

On aurait pu en rester là.

Le maire donne son avis ou la complainte de l’automobiliste qui ne s’y retrouve plus et qui en a un peu marre quand même, faut que ça se sache, non mais oh, bon, voilà

Le maire d’Orléans souhaite conclure l’échange et se lance dans un de ces longs monologues dont il a le secret.
En voici la retranscription (à retrouver en vidéo ici pour apprécier pleinement diction et langage gestuel) :

Serge Grouard très à l’aise au micro.

Simplement pour répondre à ce monsieur. […] Je vais lui répondre mon sentiment à moi. Voilà, bon. Moi je n’y suis pas favorable et ce pour au moins deux raisons.

La première raison c’est que vous avez évoqué Paris – alors je suis M. Grand comme vous quelques fois à Paris – ah mais on ne s’y retrouve plus. On sait pas quand on est à 30 ou quand on est à 50. Je savais pas. Il y a des grandes avenues où vous pensez que vous êtes à 50 et vous êtes à 30. Et puis j’ai même… voyez je pensais pas qu’on allait parler de ça, mais je me suis même amusé à prendre une fois sur les quais une photo où il y avait un panneau fin de zone 30 et à peu près 20 m plus loin un panneau 30. Bon, alors ça peut toujours arriver de faire des… bon, d’accord. C’est pas… je vais pas généraliser le truc. Je veux simplement dire que vous êtes obligés de mettre une fo… parce qu’on est tous d’accord pour dire que ça ne peut pas être général, donc vous êtes en termes de code de la route, de réglementation, obligés de mettre des panneaux partout. Dans chaque rue vous êtes obligés soit de mettre un 30 au sol, c’est ce qui se passe à Paris, parfois vous avez de la peinture, 30 au sol. Ou alors des poteaux, avec 30. Et vous mettez des forêts de poteaux. Moi je préfère des forêts d’arbres, et je pense qu’on est d’accord là-dessus, que des forêts de poteaux6. On arrête pas d’emboliser l’espace public en mettant toujours des trucs en plus. On parlait, et j’en parlais récemment et on regardait les programmes pour le handicap, pour améliorer l’accessiblité de la ville au handicap… ces forêts de poteaux c’est un vrai problème. Alors j’exagère un peu quand je parle de forêts de poteaux mais cette multiplication des poteaux, des objets, sur l’espace public constitue de plus en plus des obstacles, et pour un certain nombre de nos compatriotes, et je demande qu’on le prenne en compte, sont difficiles. Ça créé des difficultés pour tout simplement se déplacer alors que parfois c’est déjà compliqué de par la situation des personnes. Donc de rajouter, d’en rajouter un peu partout… et alors en plus en terme de code de la route, chaque fois que vous avez un carrefour… vous arrivez d’une rue, vous allez tourner par exemple à droite, mais il faut qu’on vous indique que vous êtes à 30. Donc à chaque fois, à chaque intersection, vous êtes obligés de préciser à quelle vitesse vous devez rouler. Pourquoi ? Parce que la norme générale de 50 qui s’applique n’a pas besoin d’être précisée puisqu’on est en ville, c’est la règle. Mais à chaque fois que vous n’avez plus une règle générale avec des exceptions, vous êtes à chaque fois obligés de préciser ce qui s’applique. Ecoutez, moi je veux bien vous emmener les uns et les autres, alors pas tous en même temps, dans ma voiture, parce que c’est une petite voiture en plus, mais faites l’expérience, on ne sait pas à quelle vitesse on doit circuler. Alors ça c’est la première chose.

Et alors après… bah j’ai l’imp… pour l’instant j’ai pas constaté que a priori c’était le cas à Paris, mais alors… ben vous mettez un petit radar. Et vous passez à 36 parce que vous vous pensez que c’est une rue assez large et que vous êtes a priori à 50 et que vous avez pas identifié tous les panneaux partout et boum vous vous faites aligner. [silence] Bon voilà, c’est que c’est très concret ça, c’est pas de l’idéologie, c’est du concret. Et puis la deuxième chose, moi ce que je constate évidemment quand je suis à Paris. Mais c’est que personne ne respecte. Ah mais tout le monde s’en fout. Je vous le dis, mais oui, parce que quand vous vous mettez à 30, vous vous faites engueuler par ceux qui sont derrière ! Donc vous vous faites engueuler une fois, deux fois, puis vous passez pour le petit provincial un peu cucul là… le 45, là, vous savez, ils identifient 45, péquenaud rentre chez toi, donc c’est toujours argéable… merci aux Parisiens qui nous écoutent. Voilà, et puis vous savez comment ils sont les Parisiens, ils sont un peu vifs au volant, bon. Bon voilà. Donc moi je le dis un peu – pardon – sur le mode humoristique, mais je vois la complexité de faire accepter, et de faire respecter, une mesure de ce type. Vous savez, moi je vous pose la question aux uns et aux autres, même à M. Lemaignen, quand on va avoir cette hiérarchisation parfaite et tout, c’est fort sympathique, mais on fait comment pour le faire respecter ? Parce que si personne ne respecte, ben on a bossé pour rien… Je veux dire par là qu’il y a une acceptation sociale des mesures que l’on prend. Et je ressens moi, vous allez dire c’est subjectif, mais je ressens que beaucoup de nos compatriotes en ont marre. Ils en ont marre d’être contraints tout le temps. Alors ça veut pas dire qu’il faut pas de règles, on est tous d’accord, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas, mais je dis que dans notre… Notre société n’arrête pas de rajouter des règles aux règles, et toujours plus contraignantes… Voilà. Donc je dis qu’à un moment, on est en limite d’acceptation sociale, voilà, et moi c’est aussi une raison pour laquelle je ne suis pas favorable à ce 30 à l’heure généralisé même s’il ne peut pas être globalisé7. Voilà, pardon à ce monsieur qui visiblement… ben oui je lui dis ce que je pense. On est là pour dire aussi les choses, pas louvoyer – mais oui, p’têt bien que oui, p’têt bien que non – on est là pour dire ce qu’on pense. Donc là je lui dis, s’il nous écoute, que je ne suis pas d’accord avec lui. Mais que le débat est intéressant néanmoins, ça permet de poser les sujets, ça permet d’en discuter et ça c’est une bonne chose. Donc je n’ai fait que livrer mon point de vue perso et M. Lemaignen, on attend votre proposition, d’ailleurs, sur la hiérarchisation des voies dans quelque temps.

« ça sera fait en fin 2022 monsieur le maire » glisse Charles-Eric Lemaignen.

Ah bah ça va, ouf, on a encore une année devant nous [rigole] je vais me faire lyncher, je vais me faire lyncher dans ce que je dis… Bon, très bien, merci.

Alors que dire ?

Que Serge Grouard n’a pas travaillé le sujet et a manifestement découvert la question en séance (« je pensais pas qu’on allait parler de ça »).

Qu’il n’évoque pas un seul instant l’intérêt de la mesure et se place à nouveau derrière le volant et nulle part ailleurs, avec des accents davantage Grandes Gueules de RMC que documentation du Cerema.

Qu’il semble découvrir l’univers de la signalisation routière.

Qu’il verse des larmes de crocodile sur l’accessibilité de l’espace public, illustrant parfaitement le principe des « préoccupations sélectives » mis en évidence par Mark Treasure.

Concernant la multiplication des panneaux il ne veut pas « généraliser le truc » et il fait bien car sa bonne ville d’Orléans a longtemps pratiqué, et continue de pratiquer, le 30 intermittent.
J’ai retrouvé ce tweet d’il y a quatre ans :

Grâce à la généralisation de la zone 30 dans l’intramail, ces panneaux ont disparu, heureusement.
Mais on peut mentionner la rue du faubourg Saint-Vincent, requalifiée il y a quelques années, qui conserve trois mini-section de facto limitées à 50 km/h le long de ses 900 m8.

Il y a ville de droite… et ville de droite

D’accord la ville de Paris a généralisé la zone 30 à la fin de l’été dernier9, une nouvelle occasion pour tous les vroomers de fustiger la maire « socialiste » Anne Hidalgo, cible emblématique de tout un courant de l’opinion depuis qu’elle met à l’honneur le vélo dans la capitale. Il serait néanmoins plus instructif de voir ce qui se passe… à Chartres. Cette ville quasiment voisine est dirigée depuis vingt ans par le même maire de droite – comme Orléans donc. Or depuis début janvier 2021, le 30 km/h est devenu la règle partout dans la ville10.

Capture du site de la ville de Chartres.

L’un des arguments avancés par la municipalité chartraine est donc la possiblité de supprimer de nombreux feux tricolores11. Voilà de quoi éclaircir sérieusement la forêt urbaine de la signalisation que fustige le maire d’Orléans !

Bref.
Il y a les dérapages verbaux qui pour être contrôlés n’en sont pas moins fumeux – voilà pour le drift –, et il y a les dérapages non contrôlés, ceux qui continuent de se produire à Orléans, là où les pavés n’ont pas été bouchardés et où certains automobilistes s’emballent (en zone 30 !) :

Pour le coup, l’acceptation municipale de la situation semble totale.

Serge Grouard peut en même temps fustiger l’inaction climatico-énergétique de la France dans un billet publié récemment et intitulé La planète brûle ! et estimer qu’il ne faut pas trop emmerder les automobilistes Français avec les limitations de vitesse (en ville).
On se demande bien quelle forme pourrait prendre « la volonté politique » qu’il appelle de ses voeux.


Crédit photo de couverture : Adrian Paine from UK, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons

Notes

  1. Nicolas Da Cunha, « Le maire d’Orléans Serge Grouard part-il à la conquête d’un nouveau destin politique national ? », La République du Centre, 13 mars 2021.
    Sur Pascal Praud lire par exemple cet article d’Acrimed de juin 2020.
  2. Un seul compte-rendu dans la presse locale à ma connaissance chez France Bleu sous la plume de Patricia Pourriez : « Orléans : la mairie ne souhaite pas étendre la limitation de vitesse à 30 km/heure sur toute la ville », 24 octobre 2021.
  3. Voir L’hypercentre d’Orléans se double-sens cyclabilise totalement, 9 juillet 2018.
  4. C’est un peu la rhétorique de l’épouvantail puisque l’avenue Gaston Galloux est depuis l’origine une route pour automobiles limitée à 70 qui exclut vélos et cyclomoteurs.
  5. On peut d’ailleurs rappeler que c’est un des arguments qui a été utilisé par le CD45 pour justifier l’abaissement à 70 de notre chère tangentielle, « limiter l’effet accordéon ».
  6. Cette belle rhétorique green, Serge Grouard l’a déjà utilisée pour vendre son projet de « coulée verte » en disant qu’il préfère une forêt d’arbres à une forêt de voitures.
    NB : je n’ai pas retrouvé la source, je cite de mémoire.
  7. Je n’ai pas compris ce qu’il a voulu dire.
  8. Ce qui est cocasse quand on pense qu’ont été créés « quatre plateaux surélevés pour casser la vitesse ». On voudrait favoriser les accélérations qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Cf. « Vous pouvez de nouveau circuler rue du faubourg Saint-Vincent à Orléans ! », La République du Centre, 31 août 2018.
    Lire aussi ce billet de réception de chantier du camarade JP : « Pourquoi autant de zone 30 si ce n’est pour satisfaire le groupe de pression des petits panneaux à 150€00 l’unité environ ? Pourquoi pas une simple mise en zone 30 de l’ensemble des quelques 900m de rue ? […] La situation actuelle est au-delà de la ridiculitude. »
  9. « Paris : la vitesse limitée à 30 km/h presque partout dès la fin août », France Bleu, 8 juillet 2021.
  10. « Tout Chartres à 30 km/h » sur le site de la ville.
  11. L’objectif annoncé est de supprimer la moitié des feux d’ici 2024.

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6 réponses

  1. La (les) mobilité(s) est un sujet qui n’intéresse pas cette équipe. Durant la campagne, ils ont fait du bikewashing pour faire tendance mais dans les faits depuis 18 mois rien!

    Donc pas étonnant de voir une réponse aussi peu argumentée de la part du maire d Orléans.

  2. Isabelle dit :

    Le 30 est peut-être institué dans toute la ville de Paris, mais il n’est respecté nulle part. 60 % du territoire environ était déjà à 30 avant, quartier par quartier, et cela ne se voyait pas. Les 40% environ qui manquent seront faits quartier par quartier, et cela ne se verra guère plus. « On reconnait au moins à Paris le pouvoir de poser les questions, de faire envie, etc » m’a-t-on déjà dit à peu près. Je traduis : Paris a un grand pouvoir de communication, et cela peut avoir un effet bénéfique dans certains cas. Un pouvoir qui lui échappe, d’ailleurs. Pour Paris en tous cas le 30 ne change strictement rien. En cherchant à rouler à 30 votre maire avait donc bien l’air d’un « cul-cul » de province !!!

    • Le passage à 30 doit être l’occasion de changer radicalement la physionomie des rues. Si c’est un simple changement de signalisation en effet ça n’aura pas les effets escomptés. Mais encore faut-il y réfléchir sérieusement et ne pas se contenter, comme le fait notre bon maire, de conduire dans Paris !

      • mab dit :

        Je confirme qu’à Paris, moi même vivant dans une zone 30 (mise en place depuis 15 ans), le reste de la ville passée à 30 je me demande encore ce qui a changé. L’adjoint au maire de mon arrondissement me disait qu’avec seulement 6 radars dans la ville de Paris … bref. je suis d’accord c’est aussi une question de physionomie des rues. Quand celles-ci sont des boyaux à voitures, avec parking à droite et à gauche, on incite pas à un apaisement.

  3. marmotte27 dit :

    Quand est-ce que les politiques qui se basent, au détriment des droits fondamentaux de la population (la santé et l’environnement avant tout), sur des affirmations manifestement fausses deviennent-ils/elles enfin justiciables ?

  4. Julien dit :

    Merci pour cette analyse complète et fine en plus d’être drôle (même si on rit jaune).

    C’est un dérapage mais un dérapage contrôlé d’un politique « à la papa ». En effet quand on veut se faire élire et ré-élire il faut sur tous les sujets :

    – faire une réponse systématiquement pour occuper le terrain même si on ne connaît manifestement rien au sujet
    – en appeler au « bon sens », reprendre ce que pense la majorité et montrer qu’on est « au contact de la population » (et des électeurs) même sur les sujets complexes où les bonnes solutions sont parfois contrintuitives.
    – raconter une petite expérience personnelle pour humaniser son personnage
    – donner des signaux clairs à son électorat : « à Orléans on n’embête pas les automobilistes », « il y a trop de normes », …
    – adresser en même temps (attention c’est tordu ne faites pas cela chez vous cela demande un savoir-faire de pro) un petit tacle dans un sous-texte clair aux initiés pour enfoncer le poseur de question gênante : ici l’argument surréaliste des panneaux supplémentaires par rapport aux PMR dont on se contrefout (ça semble risible mais plus c’est gros plus ça passe)
    – se positionner en chef par rapport aux membres de sa majorité qui voudraient se mettre un peu trop en avant (ici la victime est CE Lemaignen, qui en a vu d’autres)
    – rabaisser l’opposition et ses demandes « absolument pas réalistes »

    C’est un strike de Grouard sur ce coup : il a tort, il sait qu’il a tort, il fera ce qu’il faut le moment venu (cf. pont George V) mais en attendant il engrange le bénéfice électoral de la séquence. Du grand art à son seul bénéfice, pas à celui de ses administrés.

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