Prime VAE : Orléans métropole surenchérit avec parcimonie [c’est fini !]
En plein pataquès autour de la suppression annoncée de la prime nationale accordée pour l’achat d’un vélo à assistance électrique (VAE), Orléans Métropole décide de mettre en place son propre mécanisme de subvention en la matière. La République du Centre a relayé la communication de la métropole dans un article titré un peu rapidement « Une aide de 300 euros d’Orléans Métropole pour l’achat d’un vélo électrique » (5 octobre 2017). Bonne nouvelle ?
Prime nationale éphémère
Revenons un instant sur le dispositif national institué par le précédent gouvernement le 19 février 2017. Non cumulable avec les éventuelles aides locales il consiste en l’octroi d’une subvention de 20 % du prix d’achat d’un VAE, dans la limite de 200 euros. Ce dispositif prendra fin au 31 janvier 2018, au grand dam de nombreuses associations qui ont publié un communiqué de presse commun.
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Cela dit, comme quasiment toute mesure de subventionnement à l’achat, elle représente avant tout un effet d’aubaine. C’est ce que rappelle notamment Olivier Razemon dans un billet intitulé « Le profil très CSP+ des acquéreurs de vélo à assistance électrique », chiffres à l’appui.
Comme d’autres collectivités qui avaient déjà mis en place ce type d’aide financière à l’acquisition, Orléans Métropole a décidé de se lancer à son tour. Avec prudence et parcimonie.
Du local sous conditions de ressources
Orléans Métropole annonce donc sur son site « Il est temps de passer au vélo électrique » et détaille les modalités de son coup de pouce financier intitulé « chèque VAE ». 25 % du prix d’achat dans la limite de 300 euros. C’est donc mieux que la prime d’État. Mais pour être éligible, des conditions de ressources sont exigées. En prenant comme critère le quotient familial – inférieur ou égal à 1200 euros – l’offre favorise les familles. Un rapide calcul donne les chiffres suivants (revenu fiscal de référence traduit approximativement en revenu net mensuel) :
- 43200 euros pour un couple avec deux enfants soit 4000 de revenus nets mensuels
- 36000 euros pour un couple avec un enfant soit 3333 de revenus nets mensuels
- 28800 euros pour un couple sans enfant soit 2666 de revenus nets mensuels
- 14400 euros pour un célibataire sans enfant soit 1333 de revenus nets mensuels
Les CSP+ sont clairement exclus du dispositif.
Au-delà des conditions de ressources il existe une autre restriction, qui impacte pour le coup le choix des marques et des modèles éligibles de fait : seuls trois magasins dans l’agglomération acceptent ce « chèque VAE ».
Dernière inconnue, et non des moindres, celle du budget consacré à l’opération. Les chèques « sont délivrés jusqu’à épuisement des crédits alloués à cette opération » précise la métropole. Comment dit-on « tâter le terrain » en matière de politique cyclable ?
Mise à jour au 26 octobre 2017
Il y a désormais cinq magasins partenaires de l’opération dans l’agglomération.
Et France Bleu Orléans a fait un sujet intitulé « Prime d’Orléans métropole pour l’achat d’un vélo électrique : vrai coup de pouce ou simple effet d’annonce ? ».
Mise à jour au 3 janvier 2018
Il y a désormais sept magasins partenaires dans l’agglomération.
Une nouvelle version de la prime étatique vient de sortir mais cela confine à la blague car seules les personnes non imposables y sont éligibles et, de plus, dans le cadre orléanais, elle ne sera jamais versée (l’aide locale étant déjà supérieure avant tout cumul) :
Le montant de l’aide instituée à l’article D. 251-2 complète le montant de l’aide allouée par une collectivité locale sans jamais lui être supérieur et ne peut avoir effet de porter le cumul des deux aides au-delà du plus faible des deux montants suivants :
– 20 % du coût d’acquisition toutes taxes comprises ;
– 200 euros.
Mise à jour au 17 avril 2018
La République du Centre a sorti l’info dès le lendemain du conseil métropolitain qui s’est tenu le 12 avril 2018 : « Le chèque « Vélo à assistance électrique » se démocratise ». Orléans Métropole vient de mettre à jour la page consacrée au dispositif sur son site :
Pour toucher un public plus large et pour offrir aux usagers une alternative cohérente et plus simple à l’aide actuellement proposée par l’État (qui a évoluée au 1er février), Orléans Métropole a choisi de suspendre le dispositif pour mieux le reconduire et l’élargir à partir du 1er mai 2018.
Et il y a désormais huit magasins partenaires de l’opération.
Mise à jour juillet 2019
Il y a désormais quatorze magasins partenaires de l’opération. Dans le lot le représentant d’une chaîne qu’on associe plus volontiers au monde l’automobile mais qui s’est mis à vendre des VAE d’entrée de gamme aux prix d’appel « compétitifs ».
Mise à jour mai 2020
Il y a maintenant dix-sept magasins dans la métropole qui acceptent le coup de pouce financier d’Orléans Métropole, dont les grandes enseignes d’articles de sport de l’agglomération. Le confinement a temporairement suspendu le dispositif en raison de la fermeture de l’agence TAO rue de la Hallebarde.
La page consacrée au dispositif.
Mise à jour février 2021
Il y a maintenant dix-neuf magasins dans la métropole qui acceptent le coup de pouce financier d’Orléans Métropole.
Et nouvelle importante :
À cette occasion, le titre de la page consacrée au dispositif change de « Il est temps de passer au vélo électrique » à « Il est temps de vous déplacer à vélo ».
Mise à jour février 2022
On apprend au détour d’un article du quotidien local que la prime VAE serait passée à 400 € (mais toujours plafonnée à 25 % du prix d’achat)1.
Mise à jour février 2022
La prime d’achat pour un vélo cargo (à assistance ou non) passe à 25 % du prix d’achat dans la limite de 1000 €. Cette majoration très importante a été votée lors du conseil métropolitain du 7 avril 2022. Elle fait de la métropole la collectivité la plus généreuse en la matière2.
On apprend par ailleurs au cours de ce même conseil que 23 vélocistes sont désormais partenaires de l’opération3.
Clap de fin ! (octobre 2022)
Voilà c’est fini comme l’annonce une page publiée le 19 octobre 2022 sur le site d’Orléans Métropole :
« Plus de 800 000 euros d’aide à l’achat, près de 2 300 personnes équipées… Depuis 2017, la Métropole soutenait l’achat de vélos à assistance électrique et de vélo cargos afin d’inciter les habitants à l’usage des mobilités actives. Le pari de développer ce mode de déplacement grâce à l’assistance électrique réussi, Orléans Métropole va mettre fin à ce dispositif, et s’orienter vers de nouvelles actions en faveur de la pratique et du marché de l’occasion. »
Crédit photo : Usien (travail personnel) [CC0], via Wikimedia Commons
Notes
- Nicolas da Cunha, « Que vaut le nouveau réseau de transports de la métropole d’Orléans ? », La République du Centre, 25 février 2022.
- D’après mes recherches, on trouve en deuxième position la métropole du Grand Lyon avec une aide maximale de 800 €.
- D’après la page mise à jour sur le site de la métropole le 12 mai 2022, on n’en compte que 19.
« Toujours plus de cyclistes. Orléans Métropole en rêve. Alors, pour inciter à la pratique du vélo sur le territoire, il lance un nouveau dispositif […] »
Le chapeau de l’article de la Rep’ est un poème a lui seul.
Je suis toujours perplexe sur ces primes — on récompense le chien qui remue la queue pour le maintenir en enfance et ainsi le dresser — qui justifient certaines hausses opportunistes, et surtout sur les absences dans ce système de récompenses, présentement, les vélos à propulsion musculaire.
Pour l’agglomération, peu de communication pour peu de résultat aura pour conclusion que les autos « c’est mieux ».
Il y a un excellent billet de Mikael Colville-Andersen (2014) sur la mode du VAE auquel je ne me lasse pas de renvoyer : http://www.copenhagenize.com/2014/02/the-e-bike-sceptic.html
L’interrogation quant au budget alloué à ce dispositif importe peut-être bien assez peu finalement : il y a fort à parier qu’il ne sera pas consommé… Il est tout à fait louable de chercher à attribuer cette aide à ceux qui en ont vraiment besoin, et donc à la soumettre à des conditions de ressources pour éviter qu’elle ne profite qu’aux CSP+, mais la méthode n’est certainement pas la bonne : comment imaginer que des familles aux revenus moyens ou faibles vont engager une somme couvrant 75% de l’achat, soit environ 900 à 1000 € à minima, avec pour seule motivation de toucher 300 € ? Dans le cadre choisi, cette aide est trop modeste et ne jouera pas le rôle de déclencheur.
Oui, tu as certainement raison.
Sans oublier non plus la question des vélos-cargos à assistance électrique pour lesquels 300 € ne représentent au mieux que 10 % du prix de vente.
Une aide est toujours bienvenue, mais est-elle bien pensée? Là est souvent le problème. Je ne répéterais pas les interrogations sur la volonté sociale et les moyens de cette catégorie de la population à pouvoir investir dans un VAE.
Je voudrais juste revenir sur un point. Les magasins partenaires doivent avancer l’aide de 300€ qui est remboursée le mois suivant, ce qui est une charge au niveau de la trésorerie, sans compter le fait que ces magasins devront peut être (ou sûrement) proposer un paiement en plusieurs fois, donc jouer encore un peu plus avec leur trésorerie.
Ceci explique certainement que tous les vélocistes ne sont pas forcément partenaires.
Mais comme je le dis, une aide reste une aide.
En même temps,niveau D+, Orléans, c’est pas exactement les Alpes…
http://fr-fr.topographic-map.com/maps/47.790590990662345,1.6957766358398203,48.00603922381505,2.1530825440429453/?Name=Paris
En effet. Et les distances quotidiennes parcourues n’ont en moyenne rien d’insurmontable sur un vélo standard. Il y a actuellement une mode du VAE qui me laisse perplexe.