Carte postale lochoise et post-scriptum de Brenne

Dans son livre âpre Écrire pour sauver une vie, qui en matière de lecture est au traditionnel polar estival ce que seraient des carottes Vichy au réveillon, John Edgar Wideman note en passant (en train) : « Pourrait-on trouver mieux, mieux que ce que la campagne française a toujours été et continue d’être ? ». C’est vrai quoi, tout chauvinisme mis à part. Deux ans après, me voici donc de retour du côté de Preuilly-sur-Claise en Touraine du sud. Coïncidence amusante, Olivier Razemon a publié sur son blog, le lendemain de mon arrivée dans ce coin reculé de France, un billet intitulé « Sept découvertes étonnantes sur ce qu’on appelle « la campagne » ». Difficile de se rendre compte, du point de vue superficiel du vacancier, si ce territoire rural « a beaucoup d’avenir » à l’instar d’autres endroits qu’évoque Vincent Grimault dans le livre dont Olivier Razemon rend compte (La renaissance des campagnes, Seuil). Il faut dire que l’été, le charme opère toujours, et le touriste de passage est enclin à envoyer des cartes postales – comme le veut un marronnier journalistique c’est une pratique « qui résiste »1. Alors direction le nord de la Touraine du sud.

Loches à la louche

Au cœur du Val de Loire et de ses châteaux, Loches est l’un des « Plus Beaux Détours de France » qui laisse tous ses visiteurs sous le charme. Cette « Ville d’Art et d’Histoire » abrite une cité médiévale d’exception et raconte à elle seule 1000 ans d’histoire. Ses ruelles pavées, ses façades en tuffeau et ses toits entremêlés sont un véritable ravissement pour les promeneurs.

C’est ainsi que l’office de tourisme présente Loches sur son site en toute simplicité.
Et je confirme.
Sans faire dans la surenchère sémantique, je me contenterais d’ajouter que la montée jusqu’au fameux donjon vaut le coup de semelle2.

Il y a deux ans, lors d’une autre excursion à Loches, j’avais raté le splendide jardin à l’anglaise aménagé en bordure de l’Indre (ouvert en 1909) :

Pause vocabulaire (niveau expert)

Dans la rue du château, un ancien bâtiment attend avec une patience de pierre sa remise en état : la maison du Centaure4. L’occasion d’enrichir son vocabulaire :

Un coup de cœur en maillot de bain

Le « bassin naturel » du parc Naturéo. Ce centre aqualudique moderne est implanté loin de la cité Royale, au bout d’une longue montée, en bordure de champs et de départementale. Son bassin extérieur, tout ce qu’il y a d’artificiel, repose sur le principe de la phytoépuration. C’est vraiment une belle réalisation aquatique et paysagère qui permet de se baigner dans une délicieuse eau verte.

Et le vélo ?

Un restaurant dans la vieille ville a soigné sa déco :

Sur ce triporteur vintage, le guidon est fixé à la caisse avant et il faut des longs doigts pour attraper la poignée de frein.

Côté stationnement sécurisé c’est pas fameux.

Oh ! (sur le mur d’un charmant passage : la rue Traversière)

Tiens, un arceau, bien curieusement implanté :

Incongru.

Presque deux ans après ce tweet :

Les pince-roues sont toujours là, un peu plus envahis par la végétation :

Les commentaires libres des répondants à la dernière édition du baromètre vélo de la FUB sont majoritairement sévères et la question du stationnement revient très souvent.

Autre sujet qui fâche : le centre ancien est en zone 30 mais pas un seul double-sens cyclable à l’horizon…

Une autre rue du centre : et pourquoi pas un panonceau « sauf vélo » ?

Quand deux/trois ados ont fini de passer en pétaradant sur des motos de cross à échappement libre – mais que fait la gendarmerie ? – le calme revient et on repense à ces Jeanne croisées ici et là dans la ville :

Du côté de la sortie sud de la ville, juste avant Perrusson au niveau d’un grand giratoire, un panneau annonce la couleur :

Bienvenue en Brenne

Une cinquantaine de kilomètres plus au sud – à vol de grue cendrée – le parc régional naturel de la Brenne (PNRB) propose des arceaux de stationnement vélo. Autour de la « maison du parc » par exemple. Il s’agit il est vrai d’un lieu de convergence du public (office de tourisme, expositions, grande boutique, café-restaurant). Ces arceaux sans chichi, implantés avec soin, sont presque ton sur ton avec le grès rouge qui forme les « buttons »5.

Ce n’est pas un cas isolé si l’on en croît le très complet Guide pratique 2020 édité par le PNRB, dans lequel on peut lire à la rubrique « La Brenne à vélo » (p. 41, le gras est d’origine) :

Des arceaux vélo permettent de sécuriser les vélos aux abords des observatoires et sites de visite.

On dirait bien que la Brenne envoie un message à toutes les collectivités qui continuent de boulonner négligemment d’affreux pince-roues dans l’espace public.

Notes

  1. C’est un refrain qu’on entend tous les ans. Un exemple dans La Vie : “La carte postale est un objet « résistemps »” (7 août 2019).
  2. Et que si vous avez envie de boire un verre, patientez jusqu’au jardin Saint-Louis : Le Presbytère y dispose d’une magnifique terrasse.
  3. « Coup de foudre des Lochois pour le séquoia foudroyé », La Nouvelle République, 28 avril 2011.
  4. L’affaire est ancienne : « Renaissance difficile pour la maison du Centaure » titrait La Nouvelle République en juin 2012.
  5. Comme l’explique l’article de Wikipédia déjà mentionné : « La Grande Brenne ou Brenne des étangs est constituée d’une mosaïque de paysages où s’interpénètrent l’eau, les bois, les landes et les prairies parfois dominées par des buttons. Ceux-ci résultent de l’érosion des grès : les plus tendres se sont dégradés et ont produit les sables que l’on trouve en surface sur l’argile, les plus résistants ont formé les buttons. »

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2 réponses

  1. janpeire dit :

    En cette année De Gaulle, il y aurait pu avoir davantage de mauvais goût dans le GCUM 😀

    Plus sérieusement, la combinaison « place pour personne handicapée » et « arceau vélo » me laisse songeur sur l’état de délabrement des cerveaux qui ont produit ça.
    La combinaison finale (au niveau du giratoire) est peut-être due à une certaine influence de la « capitale » sur le reste de la région ; cela aurait été plus flagrant avec un « au pas », mais l’idée est là.

    JPB

    • Il y a peut-être des instructions propres à la Touraine du sud puisqu’à Preuilly-sur-Claise, comme je l’avais documenté en 2018, on trouve ça :

      Preuilly Arceau

      Quant au « cycliste, au pas », tu ne crois pas si bien dire, j’y ai pensé très fort ! 😉

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