Jeanne à Marseille (sans pédaler)
Partir à Marseille en pleines fêtes de Jeanne d’Arc ? Oui c’est possible ! Jeanne est ici, Jeanne est là-bas, Jeanne est universelle, comme le vélo. La « cité phocéenne », composante majeure de la métropole d’Aix-Marseille-Provence, est une ville si étendue – et pentue – qu’il faudrait des semaines pour la découvrir à la force des mollets, si bien qu’un an après la trilogie bordelaise du printemps 2017, ce ne sera qu’un modeste coup d’œil bikeaddict sur l’une des plus anciennes cités de France et, aujourd’hui, l’une des plus peuplées1. Alors, plus belle la vie à vélo ?
Un rendez-vous sur la Canebière
Est-ce le début d’un improbable axe cenabo–phocéen en matière de vélo urbain ? Tout aura peut-être commencé par un café pris à une terrasse de la Canebière entre Jeanne et le fondateur/animateur de la communauté Facebook Vélo à Marseille. Il a créée cette page il y a quelques années dans le but de fédérer sur le réseau social les amateurs de déplacements à vélo dans la deuxième ville de France. Alors, tout est-il si noir chez la lanterne rouge du baromètre vélo de la FUB2 ?
Autant séduit que consterné par la « coolitude marseillaise », il observe avec amusement les multiples annonces de fin de mandat de l’équipe du maire en fin de règne Jean-Claude Gaudin3. Mettant l’accent sur le côté pratique du vélo en ville, il reconnaît allonger parfois ses trajets pour s’offrir des conditions de circulation plus tranquilles. Il trouve cependant les conducteurs d’engins motorisés plutôt attentifs aux cyclistes. De là à laisser des enfants circuler ? Non, quand même pas. Marseille ville du vehicular cycling.
Pragmatique, il confie : « Les meilleurs pistes cyclables, ce sont les voies de tram. »
Il salue le travail de fond mené par le Collectif Vélos en Ville – l’association FUB locale qui, par ses recours judiciaires, a fait avancer la jurisprudence autour de la loi LAURE – et l’action de l’association Vélo Sapiens. Le mouvement vélorutionnaire local est animé, de manière informelle comme il se doit, par Critical Mass’ilia4.
Un effet de bord inattendu d’un réseau de transport en commun sous-dimensionné5 : sur certain axes, les voies de bus sont pratiques pour les cyclistes car… circulent peu de bus ! Illustration ci-après le 1er mai – aucun transport en commun – sur le boulevard Baille :
Parmi les sujets récurrents, la corniche Kennedy occupe une place de choix. Cette 2×2 voies qui longe la côte – une voie urbaine limitée à 50 surnommée localement la « voie rapide Kennedy » en raison des vitesses pratiquées – n’attend qu’un aménagement cyclable6 pour devenir une petite Loire à vélo locale.
Côté aménagements cyclables justement, et n’ayant jusqu’à présent repéré que deux panneaux de cédez-le-passage cycliste au feu dans Marseille, il est surpris et amusé d’apprendre qu’à Orléans ces petits panneaux triangulaires se comptent par dizaines. Il en rigole encore.
Désordres urbains
Le phénomène grande ville se traduit par une circulation motorisée très soutenue avec son cortège de pétarades et coups de klaxon. Les deux-roues motorisés sont présents en nombre, moins toutefois que les potelets qui hérissent les trottoirs et jusqu’aux rues piétonnes elles-mêmes.
Le #GCUM est évidemment massif. Celui des 2RM aussi. Comme à Paris, RasLeScoot !
Quelques carcasses de vélo trainent ici et là. L’usage du U comme antivol est quasi généralisé.
Espaces verts
Pour celles et ceux qui n’osent pas affronter à vélo les rues, boulevards et avenues de la grande ville, il reste quelques parcs de taille respectable où rester en selle est autorisé7.
26ème centenaire
Les entrées du parc du 26è centenaire sont équipées de sas anti-2RM :
Au sein du parc, un loueur d’engins à roues et/ou pédales tient boutique.
Et jeunes et moins jeunes pédalent tranquillement ou font une pause manège :
Borély
Avant d’arriver au parc Borély on peut constater qu’ici aussi l’espace partagé fait fureur :
À l’entrée du parc, un panneau discret :
Devant l’entrée principale du parc, deux magasins de location proposent de nombreux types d’engins à pédales.
La largeur des allées goudronnées du parc surprend. Le luxe de l’espace apaisé.
Et cerise sur le gâteau – ou glaçon dans le pastis – apercevoir un splendide vélo longtail (à assistance électrique) :
Et assister à son départ :
Du côté du Vieux port
En approchant du fort Saint-Jean, un aménagement cyclable fait son apparition. C’est assez rare pour être signalé8.
Soyons juste, un certain nombre de rues du quartier commerçant près du Vieux port ont été transformées en zones de rencontre et/ou avec des doubles-sens cyclables.
Plusieurs générations de vélos
En selle dans la ville
Dans le chaudron du graff
Autour du cours Julien, dans des rues piétonnes, des potelets sont transformés en vrais-faux tuteurs pour maigre végétation en pot.
Et soudain, la pluie…
Une courte et intense pluie presque orageuse. Vu depuis un abribus à deux pas de la place Castellane :
Vers une cité cyclo-radieuse ?
À voir certains vélos dans les rues de Marseille, on ne peut que garder espoir.
Notes
- Marseille compte près de huit fois plus d’habitant(e)s qu’Orléans.
- Un des pires ressentis de France toutes catégories de ville confondues avec une note de 1,98 sur 6.
- Comme la piétonnisation d’une partie de la Canebière !
- Qui pourrait gagner, avec les Berruyers de Mon Cher Vélo, un prix du meilleur jeu de mots vélocipédique.
- D’autres services publics sont sous-dimensionnés à Marseille, comme le réseau des bibliothèques ou celui des piscines publiques comme Mediapart et Marsactu l’ont documenté récemment dans une série de trois articles.
- On trouve sur ce très intéressant billet du 14 janvier 2018 intitulé « Marseille peut-elle remonter la pente ? » du blog « Marseille à la loupe » une vue d’artiste de ce que pourrait donner une corniche cyclable.
- La notion d' »interdit » n’ayant à Marseille qu’une portée toute relative.
- Pour le reste, et pour rire jaune souvent, la lecture de la page aménagement cyclable du Collectif Vélos en Ville vaut le détour.
Merci pour ce reportage aussi instructif qu’agréable à lire!
Mes vacances l an passé à Marseille se sont faites entièrement à pieds ou en bus!
Pas assez sécurisé pour oser faire du vélo dans cette ville superbe,dommage…
L’avenue du Prado est depuis peu (ou alors je n’avais jamais remarqué??) interdite aux cyclistes hormis enfants de 8 ans ou moins roulant lentement. De toute façon les marquages au sol sont bien trop effacés pour rouler dessus tranquillement !
De ce que j’ai compris, les voies de bus sont interdites aux cyclistes (d’où cet « espace partagé » sur le trottoir qui est un aménagement non réglementaire en France, cf. http://velorutionorleans.org/2017/06/01/non-m-lemaignen-les-zones-mixtes-sur-les-trottoirs-sont-bien-insensees/). Mais peut-être ce panneau « interdit aux cycles » concerne-t-il toute la chaussée et vous avez raison.