Visite de chantier rue Charles Beauhaire sur une piste à géométrie variable

Il y a deux bonnes nouvelles. La première c’est que mon vélo principal est réparé. Vous savez, celui qui avait gravement faibli de la roue avant il y a maintenant un an (voir Un 100… sans moi)1. La seconde c’est que j’ai retrouvé ma GoPro. Au fond d’une poche de manteau – true story. Et puis il y a une nouvelle piste cyclable en devenir rue Charles Beauhaire à Saint-Jean-de-la-Ruelle. Là ce n’est ni bon ni mauvais puisqu’on connaît déjà les travers de l’aménagement cyclable à l’orléanaise, dont le premier est d’opter pour du bidirectionnel en ville2. Voici une rapide visite d’un chantier bientôt achevé3.

Roue neuve. Pneu neuf. Disque neuf.

Saine pression

Pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi le projet de requalification de la rue Charles Beauhaire, il faut savoir que celui-ici a fait l’objet d’une saine pression de la part des membres de l’association DAMMO dès la phase de « concertation publique ».

En témoigne ce tweet avant le démarrage des travaux :

Vous pourrez constater dans la vidéo plus bas que la plupart des places de stationnement figurant dans ce plan ont finalement sauté.

Et cet autre tweet, une fois les travaux bien entamés en haut de la rue (côté tangentielle) :

Pour le coup, en effet, trois places de stationnement ont été conservées en lieu et place de la continuité cyclable. Ce qui aboutit à ce genre de marquage ridicule :

On aperçoit l’espace de stationnement conservé en haut à gauche de l’image.

Par ailleurs, comme mentionné dans la lettre ouverte de l’association, on retrouve ces fameuses entrée/sortie charretières joliment pavées.

Au sortir d’une voie privée.

Sans compter avec les montagnes russes associées en amont et en aval…

Au vu de la largeur du garage et du type de porte, celui-ci est-il encore utilisé comme espace de stationnement d’une voiture ? Hum…

En guise de pinaillage, on pourra aussi souligner l’implantation judicieusement ton sur ton du mobilier urbain sur le cheminement cyclable :

Moins immédiatement visible, mais tout aussi pénible, on relevera la présence de ces micro-bordures à chaque intersection :

Petite secousse garantie à chaque franchissement.

La nouvelle vache sacrée en ville c’est l’arbre – en tout cas quand il s’agit d’aménagement cyclable :

Cette lettre ouverte de l’association a attiré l’attention du quotidien local qui a donné la parole aux élus locaux concernés, et chagrinés par tant de critique4. On notera cette réponse relative aux pavés :

Pour ce qui est des pavés dont la présence est dénoncée par Dammo, Pascal Laval confirme « qu’on a souhaité qu’ils demeurent mais ils sont antidérapants. On était vigilants sur le fait que les cyclistes ne puissent pas glisser ».

C’est trop aimable mais le premier problème que posent ces zones pavées est celui de l’interruption (au moins visuelle) de la continuité cyclable. Elles donnent à penser que la sortie de garage, ou de voie privée, est prioritaire sur la piste.

Un peu de avant / après

Je me suis amusé à faire un montage à partir du visuel fourni sur le site de la métropole :

Sans le ciel bleu et la verdure, c’est surtout le noir du bitume qui ressort.

Quand je parlais de « saine pression » au début de ce billet, on en voit le résultat tangible dans cette section de rue dans laquelle tout le stationnement – ainsi que les jardinières en béton – a disparu :

C’est bien le même endroit.

En selle !

Par un dimanche obstinément grisâtre :

Bonus musical (et vélo un petit peu quand même)

Je dois confesser qu’un de mes groupes préférés est Belle and Sebastian. Une fois cela avoué, je peux bien ajouter que 18 ans après l’avoir vu pour la première fois sur scène au Bataclan, j’ai eu l’occasion de le revoir à la Salle Pleyel fin mai. Ces Écossais n’ont rien perdu de leur décontraction et de leur talent.

Nombreux sont ceux qui ont sorti leur téléphone pour filmer le concert et certains ont poussé la modernitude jusqu’à publier des vidéos sur une célèbre plateforme de diffusion de vidéo5. Parmi celles-ci, un de mes titres préférés, « Judy and the dream of horses »6 :

Stuart Murdoch, le leader du groupe qui vit à Glasgow, apparaissait en 2022 dans un sympathique clip au profit de Cycling Scotland, avec femme et enfants :

Notes

  1. Merci à Antoine du « Dérailleur », nouvel atelier vélo – et boutique – ouvert rue Porte-Saint-Vincent à Orléans. Voir « Deux nouveaux réparateurs de vélos s’installent à Orléans et Ormes » dans La République du Centre.
  2. Sur cet épineux sujet, lire Des pistes cyclables uni ou bidirectionnelles ? That is the question — par The Ranty Highwayman, juillet 2021.
  3. « La rue Charles-Beauhaire, repensée, sera rendue à la circulation en septembre, à Saint-Jean-de-la-Ruelle », La République du Centre, 12 mai 2024.
  4. Dimitri Crozet, « Les travaux de la rue Charles-Beauhaire, à Saint-Jean-de-la-Ruelle, dans le viseur d’une association de cyclistes« , La République du Centre, 16 novembre 2023.
  5. Quelqu’un a même poussé le vice jusqu’à filmer l’intégralité du concert depuis la fosse !
  6. Une spécialité de Belle and Sebastian est d’inviter le public à monter sur scène avant de jouer l’excellent « The boy with the arab strap », qui était le titre précédent lors du concert. D’où la présence de ces happy few sur scène.

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2 réponses

  1. Yann d'Orléans dit :

    Salut Jeanne,

    Il y a un point dur que tu ne mentionnes pas mais qui devra faire l’objet d’une mise à jour de ton billet : le décrochement avec virage sans visibilité au niveau de l’impasse du cèdre (où l’espace vert a disparu).

    Concernant les 3 places de parking restantes, il est à noter que Chaillou avait dealé avec le propriétaire du commerce pour en bénéficier alors qu’on a le très large parking Feuillette juste en face. Bref les vieilles habitudes ont la vie dure.

    Je ne prendrai pas cet aménagement il est trop inconfortable et je roule trop vite pour l’emprunter.

  2. janpeire dit :

    Plusieurs remarques :
    1/ une voie bidirectionnelle en milieu urbain, coupée de tout réseau, ce n’est pas une bonne idée mais cela nous renseigne sur l’état d’esprit des commanditaires : laisser croire dans la feuille de choux qu’un truc a été fait une fois.
    2/ Je l’ai prise dimanche matin, après quelques mésaventures puisque ce genre d’équipement n’est pas pratique à prendre en respectant le sens de circulation dans l’UE, c-à-d à droite :
    – grand inconfort à cause des zones pavées, des bordures en nombres…
    – règles de priorité à l’intersection (1mn05 dans le film) : « quand c’est flou, il y a de gros filous » comme disait la mémé de Martine.
    – grand problème à la sortie passée la mairie (en dehors des travaux, le zigzag est catastrophique) (1mn29 dans le film).
    3/ Comme souvent ce qui est construit « déjà vieux », ça va mal vieillir ! Encore plus quand les bagnolistes vont avoir pris l’habitude de stationner dessus ce machin (puisque à St Jean, rien ne sera dit contre).
    4/ La personne qui « va un peu vite » ne roulera pas sur ce truc, encore moins dans le sens Orléans-Ingré.
    5/ heureux de retrouver un billet plus personnel, de savoir que la roue est réparée.

    JP

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