Un tour à vélo des douves d’Utrecht remises en eau — par Bicycle Dutch

Mark Wagenbuur est heureux de témoigner à hauteur de guidon de l’achèvement d’un vieux projet : tourner la page de la folie urbaine du tout-voiture des années 1960/70 dans le centre historique d’Utrecht. Il mobilise pour cela la photothèque familiale.
Voici la traduction de « Cycling around the restored Utrecht moat » publié le 9 septembre 2020 sur Bicycle Dutch. J’ai ajouté des intertitres.

Les douves pleinement restaurées de la ville d’Utrecht seront officiellement inaugurées ce samedi, malheureusement sans festivités en raison de la pandémie. Mais la portée de cet événement historique – suppression de l’autoroute urbaine et remise en eau du fossé – est énorme à Utrecht. Les dernières pelletées de terre ont été retirées le vendredi 4 septembre. L’ensemble du processus a duré plus de vingt ans, de la décision de réaliser une première partie test, ouverte en 2001/2002, à l’achèvement de cette troisième et dernière partie. L’attente a été très longue pour tout le monde à Utrecht et au-delà. J’avais écrit sur l’ouverture de la deuxième partie fin 2015, je consacrerai deux billets à l’achèvement de cette restauration !

Noyer une autoroute urbaine

Le Willemsplantsoen (à gauche) a été restauré en respectant le style du reste du parc des années 1830. Lorsque d’autres arbres seront plantés ici et que l’herbe repoussera, il ne sera plus possible d’imaginer qu’une autoroute passait autrefois par ici. Les bâtiments sont d’origine ici, donc la restauration sera complète.
Le même endroit en 2009 depuis l’autoroute qui a été fermée à la circulation peu après. Google Streetview.
C’est ici que la vidéo commence. À l’endroit où l’eau (à droite) a été retirée du début des années 1970 à 2020. La perspective arborée (à droite de la route) avait été interrompue pour déplacer la route à droite à l’emplacement des anciennes douves. (photo Google Streetview)
Au même endroit aujourd’hui, on peut encore voir que la bordure oblique vers la droite, mais la route a été redressée et la perspective arborée a été rétablie avec des arbres adultes transplantés. La route sera requalifiée à la fin de l’année.

Un bref avant/après en trois photos

D’après les nombreuses photos avant/après que j’ai publiées sur Twitter, vous devinez que j’ai suivi le processus avec beaucoup d’intérêt. Documenter l’évolution urbaine d’Utrecht est une passion que j’ai développée à la fin de mon adolescence. J’avais trouvé de vieilles diapositives prises par mon père en 1970, qui montrent comment les douves d’Utrecht ont été supprimées. J’y suis retourné en 1984 pour prendre mes propres diapositives aux mêmes endroits. Cela m’a conduit à documenter les changements survenus dans la ville dans la seconde moitié des années 1980, y compris du côté de l’autoroute qui était en service depuis une quinzaine d’années à l’époque.

En 1970, le canal a été fermé ici, à Weerdsingel-Westzijde. Mon père a documenté les travaux. (photo : Walter Wagenbuur)
En 1984, je suis retourné au même endroit et j’ai photographié le parking qui se trouvait à la place de l’eau. C’est la partie qui a été restaurée en premier, en 2001/2002, après quoi les habitants d’Utrecht ont voté lors d’un référendum en 2002 pour que l’ensemble des douves de la ville soit remis en eau.
Weerdsingel-Westzijde avec le pont Monica (2001) et les arbres qui se sont pleinement développés depuis une vingtaine d’années. Il faut vraiment savoir qu’il s’agit d’une restauration, on ne le devine pas au premier coup d’oeil. (Photo Google Streetview)

Considérations historiques et paysagères

Maintenant que la mise en eau est achevée, j’ai décidé de faire le tour des douves de la ville pour vous les faire découvrir. Je l’ai fait dans le sens des aiguilles d’une montre, en commençant à l’endroit où l’ancienne autoroute empruntait le fossé. On trouve le long de cette partie des bâtiments dont la taille contraste fortement avec celle des bâtiments qui bordent les douves qui n’ont jamais été modifiées. Ce changement s’est poursuivi jusque dans les années 1980, comme le montrent mes propres photos dans ce billet. En raison de la présence de ces bâtiments plus grands, ces rues ne retrouveront pas leur profil historique. Cela dit, l’endroit n’a jamais été un parc, et a toujours été la partie la plus industrielle des douves, avec la présence du port de la ville. Les rues à proximité immédiate ont des profils très variés, de ce qui est probablement la piste cyclable la plus étroite d’Utrecht sur une courte partie de Catharijnesingel à des pistes cyclables magnifiquement séparées et protégées pourvues d’un revêtement rouge et lisse dans Daalsesingel. Dans des billets précédents, je vous ai montré le réaménagement de Maliesingel et de Tolsteegsingel. Les rues autour des anciennes douves ont toutes des noms différents qui se terminent par singel. C’est le mot néerlandais pour « canal ».

Utrecht a été une ville fortifiée pendant de nombreux siècles. Les habitants d’Utrecht avaient commencé à creuser les douves avant même l’année 1122, date à laquelle Utrecht a obtenu sa charte de franchises. En fait, deux rivières (une au nord et une au sud, toutes deux coulant d’est en ouest) étaient reliées par deux canaux presque parallèles du nord au sud. Les canaux ont été creusés à la main, et la terre qui en a été retirée a servi à former les remparts. Aujourd’hui, le Kromme Rijn (« Rhin tortueux ») se termine toujours à l’extrémité sud des douves de la ville. Un autre fleuve, le Vecht, prend naissance à l’extrémité nord du centre ancien et coule vers le nord en direction d’Amsterdam. Cela signifie que les douves restaurées seront navigables. À partir du début des années 1500, les remparts de la ville d’Utrecht se sont lentement détériorés et ils ont été démolis de 1830 à 1872. Les anciennes fortifications ont été transformées en un parc linéaire aménagé à l’anglaise. La plus grande partie de ce parc existe encore aujourd’hui, car seule la partie industrielle des fossés a été requalifiée. À un endroit (Willemsplantsoen), une partie du parc perdu a été restauré de manière à s’harmoniser avec la conception paysagère de 1830.

Daalsesingel, février 1984. J’ai pris cette photo parce que je savais que ces bâtiments (très semblables à ce que l’on trouve encore aujourd’hui autour du reste des douves) allaient faire place à un immeuble de bureaux moderne. Au premier plan, la route d’alors, vieille d’environ 12 ans, qui a remplacé l’eau.
En février 1985, les bâtiments avaient été démolis.
À la fin de l’été 1985, le bâtiment commence à prendre forme. On constate qu’il est beaucoup plus grand que les bâtiments qu’il a remplacés.
Au printemps 1986, l’immeuble de bureaux avec façade-miroir est terminé.
En 2020, le bâtiment est toujours là, mais la route devant lui est redevenue une étendue d’eau en 2015. À cet endroit, les douves avaient été comblées à partir de 1968. (Photo Google Streetview)

En selle !

Dans la vidéo, je mentionne les noms de chaque rue et de chaque pont (je donne l’année de la dernière rénovation car certains de ces ponts existent depuis des siècles). Le premier pont dans la vidéo – et le dernier construit – est le pont Marga Klompé. Il porte le nom de la première femme ministre des Pays-Bas. En 1966, elle a pris une décision qui a permis d’éviter la perte totale des douves de la ville, en les classant partiellement monument national protégé.

En 1970, mon père a pris cette photo lorsque les bâtiments du Jaarbeurs (centre de convention) à Vredenburg ont été démolis et que la tour Dom est devenue visible. Au premier plan, l’eau des douves de la ville qui allait disparaître à cette époque. (Photo : Walter Wagenbuur)
En 1984, j’ai pris une photo au même endroit avec l’autoroute urbaine au premier plan, après que les bâtiments du centre commercial et du théâtre musical de la ville aient été achevés. La lumière hivernale rend la vue encore plus morne.
Les données cartographiques OpenStreetMap ont déjà été mises à jour. J’ai indiqué quand les différentes étapes de remise en eau ont été achevées. Le reste n’a jamais été touché. Cette partie des douves a été creusée au 12ème siècle. (Le nord est à gauche, j’ai tourné cette carte pour la rendre identique à la carte historique ci-dessous)
J’aurais très bien pu emprunter cet itinéraire en 1695. À cette époque, les remparts, les bastions, les douves et la route qui les entourait avaient pris la forme qu’ils ont encore aujourd’hui. L’unique bastion du côté ouest (en bas ici) avait été supprimé par mesure d’alignement. (Le nord est à gauche, c’était l’usage à l’époque. Carte de l’archevêché d’Utrechts).
Une balade à vélo autour des douves historiques d’Utrecht.

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2 réponses

  1. Est ce qu il y avait 45000 véhicules par jour ? 😈😈😈

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