Dernières nouvelles d’Orléans « ville parking » rue de la Gare

Rue de la Gare à Orléans, il n’y a pas de train, encore moins de buffet ou de café. Mais il y a les voies du tram. Et beaucoup de voitures stationnés sur le trottoir du côté des numéros impairs. Le sujet a surgi dans le quotidien local à la fin septembre l’année dernière lorsqu’il a été rapporté qu’un « collectif de riverains » protestait contre « une information de la mairie évoquant une vigilance accrue sur les stationnements sur trottoir, tolérés depuis des années dans cette rue où passe le tramway »1. Dans le petit cercle de celles et ceux qui s’intéressent à la politique municipale en matière de stationnement, nous savions que ce n’était que le début d’un feuilleton au scénario cousu de fil blanc. Mettre délibérément fin à une « tolérance » qui a presque un quart de siècle d’existence quand c’est toujours la même équipe qui est aux commandes ? Ce serait une grande première à Orléans « ville parking ».

C’est gratuit, c’est pratique, c’est… historique

On connaît la séquence : on pose le problème, on organise une réunion, et on temporise. C’est ce que la mairie a fait en recevant les riverains mécontents en octobre2 puis en décidant de ne rien décider après la trêve des confiseurs3. En langage d’élu(e)s on dit « lancer des études ». Il est à craindre que comme avec l’extension du stationnement payant (qui elle aussi a donné lieu à beaucoup d’études et qui finalement n’a pas eu lieu), tout cela se termine en eau de boudin.

Vous me ferez remarquer, et vous avez bien raison, que ce n’est pas la seule rue de la ville dont les trottoirs font office de parking officieux. Elles doivent se compter par dizaines. Mais dans le cadre de la rue de la Gare il semble y avoir un contentieux historique qui pourrait expliquer en partie la mansuétude municipale : l’arrivée du tram à la toute fin des années 1990, et encore plus après sa mise en fonctionnement à la fin de l’année 2000, n’a pas suscité l’enthousiasme des riverains. Dans un riche et très intéressant grand format réalisé à l’occasion des vingt ans de cette nouvelle ligne, La République du Centre écrit sous le titre « Un tramway qui n’était pas nommé désir » (pas mal) :

Capture d’écran de l’article cité.

Longtemps, bien après que les travaux de construction de la ligne de tram soient finis, les banderoles sont restées rue de la Gare, à Orléans. « Non au bruit du tram, non aux vibrations », affichaient-elles à la vue de tous.

Les élus de l’époque, Jean-Pierre Sueur en tête, s’en souviennent bien. Les riverains de la rue de la Gare à Orléans ont été parmi les plus remontés à l’époque.

[…] concernant le bruit, les craintes des riverains se sont avérées lors de la mise en service du tram. « On aurait cru un défilé de chars d’assaut le 14 juillet, cela vibrait dans toutes les maisons, les roues cognaient contre les rails. Des ouvriers nous avaient raconté qu’ils devaient finir le chantier dans l’urgence. »

Petit à petit, eux qui n’y connaissaient rien ont dû se spécialiser, ont pris un avocat, ont fait mener des contre-expertises de bruit. « Ils avaient accepté de faire des expertises, mais les trams ralentissaient quand ils arrivaient dans la rue et qu’il y avait les mesures, cela a été folklorique. »

À force d’acharnement, de rencontres avec Serge Grouard et Charles-Eric Lemaignen qui avaient pris la suite de Jean-Pierre Sueur, à la municipalité en 2001, ils ont obtenu la mise en place de caoutchoucs atténuant les vibrations, l’installation de double vitrage, des changements de chaudière pour ceux qui ne pouvaient plus se faire livrer du fioul… Ils se sont également battus pour conserver les arbres4.

Nous y voilà : pour enterrer la hache de guerre avec ces riverains remuants et procéduriers, on a fermé l’œil sur le droit qu’ils s’étaient arrogés de regagner du terrain avec leur voiture.

Capture StreetView d’août 2008 : la fameuse banderole « Non au bruit du tram » est toujours là… les voitures sur le trottoir aussi !

Par ailleurs

On me signale un article dithyrambique sur Orléans publié sur le site The Good Life : « Orléans : la renaissance discrète d’une ville ligérienne » (11 janvier 2025). Il s’agit probablement d’un article de commande. Le lecteur a évidemment droit au passage obligé :

L’ingrédient secret de cette destination plus surprenante qu’escompté réside sans doute dans son artère majeure, un fleuve sauvage et majestueux, royal et indomptable, qui draine avec lui tout un imaginaire.

« Sauvage » est le cliché habituel mais « indomptable », je ne l’avais pas vu venir. Comme le précise cette section de l’article consacré au fleuve dans Wikipédia :

[…] la Loire est un fleuve « civilisé » depuis l’Antiquité […]. Très tôt elle a connu des aménagements pour favoriser la navigation et protéger les populations riveraines de ses crues légendaires. […] Parler de la Loire comme d’un « fleuve vivant » serait plus approprié au regard du lit en tresse qui le caractérise et qui donne à ses paysages un air de jungle originelle.

Et qui dit Loire dit dorénavant « Festival de Loire ». Là aussi on n’est pas déçu : cet événement ferait « revivre pendant cinq jours cet art de vivre ligérien profondément ancré chez les Orléanais ». Je ne sais pas ce qu’est l’art de vivre ligérien – mais ça fait chic, pour sûr5. En revanche je veux bien croire qu’Orléans soit « une destination émergente qui gagne à être redécouverte ». Même si les Chinois nous boudent6.

Un anniversaire discret

Ce blog a fêté ses huit ans il y a deux jours. Je n’avais rien publié depuis fin septembre. J’ai bien eu quelques idées de billet mais pas assez d’envie et/ou d’énergie pour les concrétiser. Est-ce que cet état de fait va changer en 2025 ? Qui sait !

Notes

  1. Dimitri Crozet, « Finie la tolérance pour le stationnement sur trottoir, rue de la Gare à Orléans ? Un collectif de riverains proteste », La République du Centre, 24 septembre 2025.
  2. Dimitri Crozet, « Rue de la Gare, à Orléans, une réunion publique au bord de l’impasse, à propos du stationnement sur trottoir », La République du Centre, 11 octobre 2024.
  3. Dimitri Crozet, « Rue de la Gare, à Orléans, une étude sur le stationnement en cours et une association en formation », La République du Centre, 10 janvier 2025.
  4. Est-ce à dire que les riverains voulaient tronçonner des arbres pour gagner des places de stationnement ? 🤔
  5. L’éditeur de The Good Life est la société Côté Maison qui publie ces fameux magazines de déco pour épouses de riches rentiers.
  6. A ce sujet, une histoire amusante racontée dans La Rép’ : « Où diable est passé le bateau chinois offert en 2017 à la ville d’Orléans par sa lointaine jumelle Yangzhou ? », 15 février 2023.

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8 réponses

  1. janpeire dit :

    Bon anniversaire, bon retour, bonne année… ou dans un ordre différent.

    Bon billet comme toujours, avec une belle trouvaille que cette banderole restée suspendue plus qu’un temps, et jamais envolée.
    Le tramway n’était pas désiré, il a été imposé, et de symbole de modernité, avec sa robe si grise, si triste, il est resté attaché comme un boulet à la mairire de l’époque. Son tracé compliqué en certains points illustre le manque d’un enthousiasme populaire et beaucoup des renoncements politiques d’alors. Le manque de volonté de « changer les choses » en plusieurs lieux était tel, que, encore aujourd’hui, 20ans après, les problèmes sont restés : rue Lamartine, rue de la gare, le centre commercial, la desserte de la zone des expositions… l’absence d’une « piste cyclable » de la gare de Fleury à l’entrée d’Olivet.

    JP

  2. Abandon dit :

    Les stationnements illégaux seraient tout un sujet ! Quand je pense à toutes les voitures qui se garent dans des rues sans places, en particulier à Cergy, ou bien celles garées sur les bandes cyclables (parfois en warning pour livrer en Uber Eats ou chercher un kebab…).

  3. marmotte27 dit :

    Bon anniversaire !
    Merci de ce billet, intéressant comme toujours même pour quelqu’un qui n’habite pas à Orléans et dont le dernier passage remonte à il y quelques années déjà. Mais les soucis du vélo et des transports sont les mêmes partout…
    Puisse ce blog dédié aux transports sains continuer, à l’heure de la fermeture de bon nombre d’entre eux.
    Merci à vous, Jeanne.

  4. Chantal dit :

    Merci pour ce blog que je suis régulièrement mais que j’ai savouré plus que d’habitude étant bloquée pour 6 semaines sans poser le pied par terre, après une opération du genou. Non je ne suis pas tombée de vélo mais j’ai hâte de le reprendre et merci de ces infos et prises de position que j’approuve.

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