Découvrir Grenoble en Xtracycle, c’est extra !

J’ai eu le plaisir de pédaler à Grenoble pendant une petite semaine. La préfecture de l’Isère ayant fort bonne réputation en matière de vélo urbain, j’étais très enthousiaste à l’idée d’aller y traîner les roues en toute décontraction. Inutile de préciser que les conditions de circulation, en cette première quinzaine d’août, étaient idéales, et que je ne saurais porter un jugement global sur la ville qu’il faudrait avoir pratiquée à la nuit tombée un soir de janvier – et plus longtemps que je ne l’ai fait. J’ai cependant pu pleinement apprécier le service de location mis en place par Grenoble-Alpes Métropole et balader en gardant le sourire pas loin de 50 kg de môme.
Touriste estival en Birkenstock longtail, n’est-ce pas xtra ?
Un billet carte postale.

Chaud devant ! 😎

Plantons le décor de la cuvette

Au baromètre des villes cyclables 2019 de la FUB, Grenoble (157 000 habitants) s’était hissée sur la première place du podium dans la catégorie des villes de 100 à 200 000 habitants, celle d’Orléans donc (116 000 habitants)1. Avec une note de 4,12 – climat jugé favorable au vélo – Grenoble faisait donc nettement mieux qu’Orléans avec seulement 2,97 – un climat jugé « plutôt défavorable ».

Relevons que si la métropole alpino-grenobloise est beaucoup plus populeuse que l’Orléanaise (445 000 habitants contre 287 000) leur densité est similaire (respectivement 816 et 859 habitants au km²).

Selon les dernières données disponibles, l’INSEE a établi que Grenoble talonne Strasbourg en matière de part modale du vélo dans les déplacements domicile-travail : 17 % contre 17,1 %2. Cela signifie qu’un peu plus d’un déplacement de ce type sur six est effectué à vélo, ce qui commence à n’être pas du tout marginal. À Orléans on est plus au niveau d’un déplacement sur seize. On sait que la ville ligérienne peut faire beaucoup, beaucoup, mieux.

À Grenoble aussi, c’est « peur sur la ville (durable) ».

La ville entre le Drac et l’Isère est plate. Pour un exposé conséquent, notre encyclopédie préférée dispose d’un article intitulé en toute simplicité « Morphologie urbaine de Grenoble« . On y apprend notamment que :

La ville compte plus d’une cinquantaine de parcs de taille très diverse, du petit square au grand parc urbain, d’une dizaine d’hectares ou plus.

Précisons que beaucoup de parc sont « ouverts » et qu’on peut y accéder et y circuler à vélo3.

Dans le vaste parc Paul-Mistral avec en arrière-plan la tour Perret.
Au modeste mais charmant jardin des plantes4.

Côté patrimoine bâti, les immeubles cossus de l’hypercentre aux enduits colorés rivalisent d’élégance dans leurs lambrequins.
Mention spéciale de la spectaculaire statue de « dragon » qui orne le fronton d’un immeuble à l’angle du boulevard Edouard Rey et de la rue Molière sur la place Victor Hugo tout récemment et joliment requalifiée5.

Parler de Grenoble et ne pas évoquer Stendhal, est-ce un scandale ?
En tout cas je n’ai pas eu l’occasion de m’arrêter dans ce café aimablement encadré par des double-sens cyclables.
La tour Vercors, dans le quartier de l’Île-Verte au soleil couchant. Près de 100 m de haut.
Avec ses deux jumelles, les plus hautes tours d’habitation d’Europe à leur inauguration en 1966.

J’ai bien sûr eu le plaisir de pédaler sur quelques sections du réseau « Chronovélo » et je dois dire que j’ai été séduit par le fait de ne rencontrer aucune bordure sur plusieurs kilomètres. Comme quoi, c’est possible.

Ici à Meylan. Une logique d’itinéraire réellement métropolitaine, donc.
Un vaste carrefour assez complexe avec une séquence de feu propre au vélo (axe Chronovélo).

Grenoble, c’est aussi une ville qui prend au sérieux la sécurité des écoliers et de leurs accompagnateurs avec un programme de rues scolaires ambitieux baptisé « Place(s) aux enfants« .

Projet en cours rue rue Aimon de Chissé.
Un peu de mise en contexte par l’union de quartier ici.

Avec un maire-adjoint qui, d’après un site d’opposant(s) à la majorité municipale en place6, annonce en réunion publique « qu’il n’y aura aucune concertation sur le principe de fermeture de rue ». Ce qui change agréablement des atermoiements des élu(e)s orléanais(es) (voir ici et )…

Métrovélo, un service au top qui met du jaune partout

Vue depuis l’intérieur de l’agence de la gare.

Grenoble-Alpes Métropole a mis en place son service de « mobilité durable » en 2004 sous le nom de Métrovélo (historique de la chose à retrouver ici). C’est naturellement vers lui que je me suis tourné à mon arrivée au pied des montagnes à la sortie de la gare dont le vaste parvis équipé d’arceaux est majoritairement occupé par des vélos jaunes7.

Accueil en semaine de 7h30 à 19h30 et même les samedi et dimanche de 9h à 18h, et un processus de location simplissime. La semaine de longtail à 50 euros. La journée de vélo standard à 5. Qui dit mieux ?

Prêts à pédaler.
Un autre service Métrovélo : les minibox de cinq places dont on peut demander l’installation (abonnement de 49 € par an et par vélo).

J’ai apprécié la présence régulière de ces arceaux tout simples qui remplissent parfaitement leur fonction tout en s’intégrant discrètement dans n’importe quel environnement9.

L’art d’installer du stationnement vélo à la place de trois places de stationnement auto.
J’ai trouvé un exemple de vélo jaune qui ne soit pas siglé Métrovélo.
En l’occurrence, un sculptural fixie. Astucieux camouflage ?

Le tour du propriétaire locataire

Il ne craint pas le moustique tigre, lui.

J’ai donc eu le plaisir de rouler sur un vélo rallongé de la marque californienne Xtracycle. D’après un sticker sur le cadre on apprend que c’est une boite de Lyon qui a fourni cet EdgeRunner en version « family premium » (moyeu dynamo, freins à disque hydrauliques, pneus Schwalbe Big Ben) avec sacoches. Métrovélo fournit également deux antivols U d’une marque réputée avec un système de fixation très pratique.

L’engin d’un peu plus de 2,10 m de long est agréable à piloter même si la prudence est de mise au début à basse vitesse et/ou pour négocier les virages10. Les moments les plus délicats restent les chargement/déchargement, notamment en raison d’une béquille centrale trop peu sécurisante à mon avis. Je préférais maintenir le vélo des deux mains légèrement incliné vers moi, posé contre ma hanche, plutôt que de le laisser sur béquille et de le basculer (lourdement) chargé. Mais une fois lancé, l’engin est très stable et permet – du moins sur le plat – de rouler à bonne vitesse.

Bonne nouvelle, le EdgeRunner ne dépasse pas sur la chaussée positionné légèrement de biais contre cet arceau à côté de l’entrée de l’extraordinaire piscine Jean Bron.

Une envie de hot-dog (mise en situation)

Un petit coup de Chartreuse, d’accord, mais ça ne nourrit pas son homme. Alors quand c’est l’heure de refaire le plein, rien de tel qu’un bon gros hot-dog préparé à la demande. Direction Bob-Dog à l’ouest de la ville !
Quand on se trouve à hauteur du parc de l’île d’amour, voilà ce que ça donne pour atteindre cette roborative pitance en essayant de suivre la trace GPS proposée par OsmAnd11 :

Enfant, adulte, même régime – sauf pour la bière.
Sinon il y a ça aussi dans la grande rue.
Probablement pas suffisant pour continuer de pédaler.

En deux photos, pas plus, pour faire semblant de conclure

Terminons en douceur par deux photos.

Celle d’abord de l’entrée d’une vélorue que j’ai empruntée un peu par hasard quai Jongkind et qui a fait l’objet d’une présentation lors d’un séminaire du Cerema le 15 juin 2020 :

Celle enfin de cet élégant tote bag qui va désormais délivrer son message dans l’Orléanais :

Bonus (pour rire)

Découvert sur Twitter un compte grenoblois qui aime manier le mème12 et d’ailleurs c’est son nom. Il évoque pas mal le vélo, qu’il pratique, et c’est très amusant (danger des rails du tram, risque de vol, métrovélos etc.).
Petite sélection :

Notes

  1. Données à retrouver dans ce dossier de presse de la FUB.
  2. Chiffres issus de cette publication de l’INSEE de janvier 2021.
  3. Comme je l’avais déjà relevé à Bordeaux où le réglement des espaces verts est similaire, ces parcs offrent autant de solution de continuité à vélo.
  4. Seul endroit au sujet duquel Orléans soutient confortablement la comparaison.
  5. Une photo de la statue en cours de rénovation. Je n’étais pas équipé pour photographier proprement ce détail haut perché de l’immeuble…
  6. « “Place aux enfants” : les mauvais coups de l’été », Grenoble le changement, 29 juillet 2021. Ce texte énervé vaut le détour.
  7. La flotte en jaune compte près de… 9000 vélos ! À comparer aux 1200 vélos TAO de la métropole orléanaise.
  8. Ces modèles sont disponibles depuis le printemps 2017 comme le rapportait Vélogik : « Métrovélo propose la première flotte publique de location de vélos-cargos en France » (21 juin 2017).
  9. Dans l’hypercentre, les arceaux sont souvent tous occupés.
  10. Quelqu’un qui a fourni un compte-rendu complet (en anglais) peu après la sortie de ce modèle de longtail fournit d’ailleurs cet avertissement : « This is a bike that a novice rider can pick up and ride with a minimal learning curve. That said the first test ride on any cargo bike should be sans cargo, especially live cargo. » (c’est moi qui souligne)
  11. Depuis mon petit périple pour rejoindre l’île de Ré, je n’ai toujours pas de support de cintre pour smartphone et rien que l’idée de partir à la recherche du modèle le plus adapté me fatigue. Conseils bienvenus !
  12. Ce à quoi je me suis essayé un peu. Souvenez-vous

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4 réponses

  1. janpeire dit :

    Les vélos jaunes conquerront le monde un jour.

    Merci pour le reportage estival, que de bonnes idées sont développées dans de grandes villes, quand d’autre se songent sous-préfectures de banlieue.

    Je trouve très judicieuse la simplicité des arceaux (sont-ils identiques dans toute l’agglomération ?), facilement identifiables. Bravo à la ville pour le stationnement sécurisé en boite, pour la vélorue.

    JPB

    • À Grenoble on est pas loin de l’hégémonie ! 😉

      J’ai été totalement conquis par ces arceaux qui, autant que je puisse en juger, sont massivement et intelligemment déployés. J’ai aperçu et utilisé ce modèle dans au moins une autre commune de l’agglomération.

  2. V-LO dit :

    Bon retour parmi nous Jeanne, après cette belle escapade cyclodépaysante en terres grenobloises. Cette politique volontariste en faveur du vélo fait plaisir à lire et j’aimerais que nos élu.e.s s’en inspire un peu au moins. Même si je me doute que tout n’est pas tout rose (on peut d’ailleurs être tristes et en colère d’avoir la même une de journal chez nous aujourd’hui-même), on a l’impression qu’on se sent à sa place à vélo dans l’espace public d’une métropole urbaine et civilisée semblable à la nôtre. Preuve que c’est possible.

    Pour le support de cintre pour smartphone, j’utilise celui-ci depuis plusieurs années maintenant :
    https://www.lecyclo.com/velo/confort/multimedia/support-smartphone/etui-etanche-sur-guidon-pour-smartphone-phonebag-klickfix.html
    Je le trouve tout à fait satisfaisant, quoique un peu encombrant mais bien étanche et l’étui tactile fonctionne bien. Peut-être d’autres vélotaffeurs et cyclotouristes pourront-ils éclairer nos lanternes…

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