De moins en moins de place pour la voiture dans le centre-ville d’Utrecht — par Bicycle Dutch

Reconquérir l’espace public implique d’avoir de la suite dans les idées. Les autorités d’Utrecht le prouvent de manière exemplaire comme l’expose Mark Wagenbuur.
Voici la traduction de « Less and less space for cars in the Utrecht city centre » publié le 30 juin 2021 sur Bicycle Dutch.

Utrecht a réaménagé un espace de son centre-ville pour le rendre beaucoup plus attrayant pour les piétons et les cyclistes. La quasi-totalité des rues situées à l’est de la ceinture de canaux qui entoure le centre historique de la ville ont été requalifiées au cours des cinq dernières années. L’un des derniers chaînons manquants a été achevé très récemment. Dans « Malieblad » l’espace dévolu à la circulation automobile a été largement réduit. Environ 2 000 m² de bitume ont été enlevés. Une grande partie de ce bitume a été remplacé par des plantations et des sentiers. Plus de verdure dans une ville peut aider à lutter contre le stress thermique et permet de mieux absorber l’eau de pluie. Tout le trafic (y compris les vélos) doit emprunter une rue étroite dans le même style que les autres rues de l’anneau du canal réaménagé.

Le début requalifié de Maliebaan à Utrecht (appelée Malieblad) est maintenant un petit parc basé sur une conception de 1860. La partie noire où les deux personnes marchent est une aire de stationnement pour les bus touristiques qui sert également d’espace de promenade lorsqu’il n’y a pas de bus. Les bus touristiques peuvent s’arrêter ici pendant 15 minutes, uniquement pour laisser les gens monter ou descendre.
Le début de Maliebaan à Utrecht en 1772. Le plus grand bâtiment sur cette gravure est toujours là aujourd’hui. Il s’appelle Maliehuis. Il est antérieur à la piste de sport qu’était Maliebaan. (Photo des archives d’Utrecht – je l’ai retournée horizontalement car l’original est en miroir).

Lorsqu’Utrecht a commencé à requalifier les rues autour de son centre historique en 2015/2016, les critiques ont été nombreuses. Les rues étroites revêtues de briques avec des pistes cyclables en asphalte rouge étaient considérées comme trop dangereuses pour le vélo par certains, y compris la branche locale du Fietsersbond. Les gens pensaient que le volume du trafic automobile était trop élevé et qu’il y avait plus qu’assez d’espace pour des pistes cyclables séparées. Selon ces personnes, la ville aurait dû choisir cette solution. Mais à l’époque, on savait déjà que la municipalité avait une vision beaucoup plus large de cette partie de la ville. Avec des pistes cyclables séparées, les conducteurs n’auraient pas eu l’impression que l’espace n’était pas conçu pour eux. Maintenant que de nombreuses rues ont été redessinées, il est devenu très clair que la ville cherche vraiment à réduire de manière drastique le volume de circulation automobile dans toute la zone. Le nouveau tracé des rues indique clairement que cette partie de la ville est principalement réservée aux piétons et aux cyclistes. La circulation automobile de transit n’a absolument pas sa place ici. Les rues sont toujours accessibles à la circulation automobile, mais uniquement pour les automobilistes ayant une destination précise dans la zone.

La rue ne fait officiellement partie d’aucune ligne de bus, mais les bus peuvent l’utiliser comme itinéraire de déviation, par exemple lorsque d’autres rues sont en travaux. C’était apparemment le cas le jour où j’ai filmé, car j’ai bien vu la ligne de bus 8 dans la vidéo, qui n’était pas du tout sur son itinéraire normal.

Le Malieblad en 2016. Une sorte de rond-point autour d’un bout d’herbe que personne ne pouvait utiliser. Le buste de l’ancien maire d’Utrecht, Reiger, a été placé à cet endroit en 1909.
Le Malieblad pendant les travaux en 2020. À l’époque, les voitures pouvaient utiliser la partie droite de la rue dans les deux sens. C’est toujours ainsi que la circulation s’écoule aujourd’hui.
La nouvelle configuration achevée en juin 2021.

Cette configuration ne correspond pas seulement aux requalifications antérieures de Tolsteegsingel/Maliesingel (2016) et Maliesingel (2018), elle se réfère également aux plans originaux de la démarche « city-wall-to-park » du 19ème siècle. La plupart des murs de la ville d’Utrecht ont été démolis dans les années 1830 et transformés en un parc linéaire d’après une idée des Zocher père et fils. L’espace vert sur l’ancien bastion « Lepelenburg » a été conçu quelques décennies plus tard. La ville s’est inspirée des idées de 1860 pour le réaménagement actuel. Pas seulement en raison de son attrait. Il y avait une autre raison :

Le Malieblad est un monument national. Cela signifie que le projet des Zocher doit être respecté. D’un autre côté, le conseil s’interroge sur la manière dont ce projet correspond aux conceptions et exigences modernes liées à l’utilisation actuelle de la zone, dont le nouveau projet devra tenir compte.

Un plan d’Utrecht datant de 1838 montre le parc sur les anciens murs de la ville en cours de développement. L’ancienne place forte « Lepelenburg » n’avait pas encore été transformée en parc.
Le plan des Zocher pour Lepelenburg datant d’environ 1860 a été une source d’inspiration pour le réaménagement actuel. (Photo archives d’Utrecht)
Au 20e siècle, les chemins du parc étaient devenus des rues pavées. Carte des années 1970. Le carré noir sur Lepelenburg est l’auditorium de la ville. Il s’agissait d’une structure temporaire en bois qui devait être utilisée pour une courte période mais qui a été utilisée pendant près de 25 ans. Le nouvel auditorium se trouve à Vredenburg.

Dans le cahier des charges du projet, le conseil d’Utrecht a écrit :

L’objectif de la requalification de Malieblad est double :

  1. Améliorer l’itinéraire cyclable alternatif du centre-ville (Herenroute) qui passe par Malieblad (en termes de lisibilité, de logique et de confort).
  2. Renforcer l’objectif de la conception originale des Zocher en ce qui concerne les aspects culturels, historiques et paysagers, et ajouter de nouveaux espaces verts à l’espace public.

La requalification améliorera l’attractivité et l’accessibilité d’une ville saine. Chaque usager de la route peut trouver son itinéraire de manière logique. Il n’y a pas d’utilisateur dominant de la route dans la répartition de l’espace public. Un type d’usager ne peut pas s’approprier de manière déséquilibrée l’espace public. Le nouvel espace est agréable pour les cyclistes, les piétons, les flâneurs et les automobilistes peuvent le traverser à vitesse réduite. Pour les cyclistes, c’est un endroit logique, sûr et lisible où se connectent la Herenroute et l’itinéraire cyclable circulaire autour du centre historique. La fonction de rond-point pour la circulation automobile disparaît. La conception originale du parc Zocher est réintroduite et renforcée. L’espace vert passera de végétation que l’on ne peut observer que depuis une voiture en mouvement à espace pratiqué à pied ou à vélo. Cet espace vert reliera le parc Zocher à Lepelenburg, Maliebaan et Maliesingel.

Dans la première moitié du 20e siècle, une ligne de tramway circulait ici. (Photo vers 1910, archives d’Utrecht)
La situation antérieure telle qu’on peut la voir sur Google Streetview.
Visuel du projet de la ville d’Utrecht.

D’après le rapport de la consultation publique, la conception du parc a fait l’objet de nombreuses louanges, mais il est intéressant de noter que quelqu’un a également voulu savoir ce que le conseil pensait des nuisances que les activités du parc pourraient causer aux riverains. Cette personne avait manifestement plus peur des gens qui marchent et des voix d’enfants que du bruit de la circulation automobile. Même aux Pays-Bas, certaines personnes sont complètement aveugles au danger de la circulation automobile, avec ses gaz toxiques et ses niveaux sonores dangereux pour la santé. La reconstruction du Malieblad d’Utrecht s’inscrit dans le cadre d’un projet plus vaste visant à rendre le centre-ville d’Utrecht moins accessible au trafic automobile de transit. Les exemples précédents dans l’anneau des canaux sont Mariaplaats, Voorstraat et Domstraat. La ville est maintenant passée à des zones situées juste à l’extérieur de ce centre historique. Les rues autour du canal, comme Tolsteegsingel/Maliesingel et Maliesingel. Nachtegaalstraat, dans la partie de la ville qui s’est développée au XIXe siècle, vient également d’être achevée. Cette rue fera l’objet d’un prochain billet. Je vous ai déjà montré les plans de Maliebaan. La consultation publique pour ce projet a eu lieu et une décision a été prise : la rue deviendra effectivement un itinéraire cyclable principal. Une par une, les rues d’Utrecht sont rendues aux gens au détriment de l’inefficace autosolisme. Les habitants d’Utrecht ne cessent de réélire les partis politiques qui prennent ces mesures, ce qui signifie que la plupart des habitants y sont favorables.

La zone était également très verte dans la situation précédente, mais tout ce vert n’est plus interrompu par de nombreux espaces bitumés pour la circulation automobile. (Situation antérieure sur Google maps)
Le plan final du projet montre clairement comment la rue est déplacée vers la droite, loin de l’eau. (Photo ville d’Utrecht.)
La vidéo de la semaine : comment Utrecht a encore diminué l’espace dévolu à la circulation automobile.
Un petit tour en mode avant/après.

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2 réponses

  1. V-LO dit :

    « Une par une, les rues d’Utrecht sont rendues aux gens au détriment de l’inefficace autosolisme. Les habitants d’Utrecht ne cessent de réélire les partis politiques qui prennent ces mesures, ce qui signifie que la plupart des habitants y sont favorables. »
    Ca fait rêver, et ça permet aussi de se rappeler qu’avec la volonté et un peu de courage politique, on peut faire beaucoup. Puissent nos élus de tous bords lire ce blog…

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