Confinement jour 47 : retour du stationnement automobile gratuit à Orléans

Sur le front du vélo il y a une bonne nouvelle judiciaire du côté de la FUB qui, en cette toute fin avril, a fait valider par le Conseil d’État que les pouvoirs publics ne pouvaient pas s’en tirer à si bon compte avec leur communication fautive et calamiteuse concernant la pratique du vélo dans le cadre des déplacements dérogatoires. Isabelle Lesens, qui pourra dire « j’y étais », le raconte très bien sur son blog. À Orléans, c’est la perspective d’obtenir, enfin, une voie réservée sur le pont George V qui se dessine d’après un article publié dans La République du Centre le 30 avril1. En attendant des propositions plus précises, et des réalisations concrètes, la ville pendant le confinement c’est GCUM-land en toute bonne conscience comme on va le voir.

Un tweet historique.

Stationnement gratuit : le grand retour

Vous vous souvenez sans doute de la vaste campagne de communication d’Orléans autour du thème « Vous allez adorer vous garer en centre-ville ! ». J’avais fustigé la décision politique sous-jacente dans « le cadavre du stationnement automobile gratuit bouge encore » (6 novembre 2018) et ironisé sur la campagne de communication associée dans « la délibération s’affiche en couleur » (13 janvier 2019). Mais présentement, à l’instar de mes histoires de zombies, c’est à une véritable résurrection qu’on assiste. J’ai en effet reçu dans ma boite aux lettres un courrier d’information de la mairie2 dans lequel on peut lire au bas du recto :

J’ai surligné.

Il y a deux manières de comprendre cette phrase, non mutuellement exclusives d’ailleurs :
– Ne vous embêtez plus à payer votre écot pour stationner, c’est cadeau.
– Dans les rues de la ville vous pouvez bien stationner comme vous voulez, personne n’y trouvera rien à redire.

Confinement oblige, les ASVP habituellement dévolus au contrôle du paiement du stationnement ne sont peut-être plus en mesure d’assurer leur mission. Mais pourquoi l’écrire ainsi noir sur blanc ? L’automobiliste-électeur aura tôt fait de comprendre qu’il peut bien se tanker où il veut – comme en temps normal me direz-vous. Et de fait, comme le camarade JP l’a mis en évidence sur son blog, les mauvaises habitudes perdurent, même quand le fâmeux « on trouve plus à se garer » est vide de sens (voir les photos édifiantes prises rue Ferdinand Buisson à la fin de ce billet).

Quelques prises de vue du phénomène « pas de confinement pour le GCUM » glânées au cours de ces dernières semaines sur le chemin de la boulangerie :

Sur une idée de Yann, voici un détournement pro-vélo de la consternante campagne de communication pro-bagnole des autorités orléanaises :

Question subsidiaire : verra-t-on en période de sortie du confinement la communication inverse, du genre « le gratuit c’est fini » ? Et tout aussi important : tolérance zéro pour l’envahissement des trottoirs ?

Décider du provisoire prend beaucoup de temps

L’appel du collectif Vélorution Orléans pour un « déconfinement en mode actif » va-t-il être entendu ? Olivier Carré a donc été interrogé par la presse sur son plan de déconfinement en matière de déplacement. Les arbitrages se font attendre mais on peut déjà relever cette déclaration dans l’article de La Rép’ précité :

« Avec la distanciation, on ne peut pas garder [sur le pont George V] le trafic sud-nord plus les vélos et les piétons. Il faudrait bloquer, à titre provisoire, la voie nord-sud et la réserver aux vélos et piétons »

Une remarque : si piétons et vélos se mêlent sur une chaussée d’à peine 3 m de large côté ouest du pont, ça va être compliqué de respecter la distanciation physique sans même parler de conflit d’usage. On avait pas dit que les trottoirs partagés c’était fini ?

Le camarade Pascal nous montre ce que donnerait une piste cyclable bidirectionnelle sur le pont. Ne surtout pas y ajouter des piétons !

Interrogé sur l’ambitieuse mesure bruxelloise de mise en place d’une immense zone de rencontre dans son hypercentre3, Olivier Carré a réagi ainsi :

« Je n’ai pas envie que des gens soient écrasés. Je préfère des zones définies, réservées aux piétons et aux vélos. »

Mais alors comment expliquer que les autorités municipales tolèrent ce genre de situation dans une zone de rencontre jouxtant la plus grande place de la ville ?

Pas de confinement pour le GCUM.

Autres propos du maire tels que rapportés dans l’article :

« On va élaborer un plan qui sera rediscuté, à l’échelle de l’agglo. L’aspect organisation de l’espace n’est pas le plus compliqué : on va faire du provisoire […] Il faut surtout définir de vrais trajets. C’est une réflexion globale compliquée. Les gens vont devoir adopter des règles nouvelles. »

L’ubanisme tactique à la sauce orléanaise semble virer à la prise de tête collective. À moins que ces tergiversations ne débouchent sur quelque chose de très ambitieux ? Faites vos jeux !
En attendant on peut remarquer, dans cette interminable période d’entre-deux-tours, que seule la liste conduite par Jean-Philippe Grand a pris position par voie de communiqué sur cette problématique4. La liste conduite par Serge Grouard, celle du « VRAI (sic) réseau » cyclable, reste muette.

Pendant ce temps-là du côté de Montpellier :

Un idée com’ pour Olivier Carré s’il arrive à décider quelque chose avant le second tour des élections municipales.

Et puis du côté de Lille, ce sera du provisoire qui dure :

Idées pour la ville d’après (suite)

Heureusement, Jo Urbs continue de son côté d’imaginer la ville d’après, tweet après tweet.
Pour éviter que ceux-ci se perdent dans les tréfonds du web, continuons de collecter ici ces images qui font envie5.

La rue Saint-Marceau est promise à requalification prochaine.

Cette partie des quais rive gauche, depuis la levée des Augustins jusqu’au quai du Fort des Tourelles, est très problématique à vélo. Et aussi inconfortable à pied.

On ne présente plus les boulevards Rocheplatte (et Jaurès), là où 70000 € ont été à l’automne 2018 inutilement dépensés en peinture (voir Projet cyclable sur les mails orléanais : état des lieux pour l’avant et Le canular de la rentrée chez tonton JP pour le résultat).

La rue du faubourg Saint-Vincent, le bon gros raté du dernier mandat. Voir toujours chez tonton JP St Vincent, priez pour nous ! et l’addendum Breaking news – St Vincent.

La rue du faubourg Saint-Jean et ses près de 10000 véhicules/jour.

Curiosité curieuse

Dans la famille les cyclo-confinés tournent pas rond en rond, je demande Deuf le magnifique6 qui trépigne du cuissard en son chez lui et a lancé un de ces tweets dont il a le secret :

Et bam ! Au moment où j’écris ces lignes, cette vidéo a déjà été vue près de six mille fois.
D’autres twittos enhardis du moyeu y sont alors allés de leur vidéo. Alors à l’instar de tous ces talentueux musiciens et chanteurs qui aux six coins de l’hexagone arrivent à produire des concerts mosaïques à distance, je me suis dit qu’on pourrait proposer un concerto en roue libre à l’image de ce qu’a fait le camarade Fran dans son tweet :

Pendant ce temps-là du côté de la Sérénissime

Ça barbote :

Futurologie fantasque

Ce tweet amusant et inventif m’a remis en mémoire un passage de 7 Jehannes en territoire d’exil, un court roman de JP dans lequel il relate l’existence (fictive !) de différents clans cyclistes à Orléans : vélfems, bécanarchistes et vélibertaires.
Extrait7 :

« L’embrouille est née un jour de défilé, les bécanarchistes avaient accepté dans leurs rangs une ancienne maîtresse d’école qui circulait sur un vélo à assistance électrique, eux, les vélibertaires désiraient rester purs. Ils quittèrent le mouvement et créèrent une cellule. »

De l’humour en roue libre. 😄

Notes

  1. Marie Guibal, « Et si la bicyclette devenait reine en ville ?, La République du Centre, 30 avril 2020. Une version allégée de l’article est accessible en ligne.
  2. Un A4 recto/verso intitulé « Info Mairie d’Orléans COVID-19 25 avril 2020 ».
  3. « Pentagone à Bruxelles: une zone 20 avec piétons et cyclistes prioritaires », Le Soir, 20 avril 2020.
  4. Liste OSE, « Communiqué de presse : des déplacements en vélo au plus vite ! », 23 avril 2020.
  5. Ses premières créations sont visibles dans l’épisode précédent de la série spéciale confinement.
  6. Il existe, je l’ai rencontré. Souvenez-vous, c’était lors du MMHW Orléans-Tours de l’étét 2019.
  7. S’adresser à l’auteur pour obtenir un exemplaire du roman. Les deux passages où sont évoqués en contexte ces clans sont accessibles en ligne : ici et .

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13 réponses

  1. janpeire dit :

    Je partage à 2000% les propos tenus, mais au delà, bravo pour le tract à l’attention des commerçant⋅e⋅s, au regard du laisser-aller général, je ne suis pas certains qu’ils, et elles, vont apprécier.
    Bravo pour la compilation de roue libre, j’intégrerai le film dans un prochain « le masque, l’autorisation de sortie, le gel, les gants & la plume », et UN GRAND MERCI pour la découverte de l’hydro-cycliste en circulation dans la Sérénissime. De cette créativité cycliste, il y a des notes à prendre sur les différentes façons de vivre, des notes pour en écrire fables et fictions dans un futur proche.

    JPB

  2. laurentb dit :

    Très bel article.
    Je découvre les travaux de Jo Urbs mais par contre le Quai du fort des Tourelles avec 2 bandes cyclables, perso, ça me fait peur même en enlevant l’ensemble des stationnements.

    • C’est vrai que la largeur, surtout juste après quai des Augustins, ne le permet probablement pas d’autant plus si l’on souhaite dans le même temps dégager de l’espace pour circuler à pied (ce qui est particulièrement désagréable dans la configuration actuelle).
      Comme le dit Janpeire c’est l’ensemble des quais rive gauche qu’il faudrait repenser.

  3. janpeire dit :

    Il faut voir ces dessins comme des illustrations d’une possibilité, malheureusement, à un point donné, pas sur l’ensemble d’un trajet.
    Au sud de la Loire, l’idéal est de traiter la circulation au moins de l’île Charlemagne jusqu’au pont de l’Europe (et encore, il faudrait reprendre jusqu’au giratoire de St Privé, voir le pont St Nicolas à St Hilaire), mais cela devrait être planifié dans un projet cohérent des déplacements à l’échelle de l’agglomération.

    • Le petit Nicolas est attendu par son papa Olivier, le petit Nicolas est attendu à la métropole par son papa Olivier…

      Je crois que cela fait trois ans qu’ils ne l’ont plus vu.

      • janpeire dit :

        Je serai de la mairie, j’irai voir dans une certaine maison de la rue de Bellebat. Il a peut-être été « tombé » d’un parapet en circulant face à une personne sur un VAE…

  4. Christian dit :

    Perspectives encourageantes, cela fait du bien. Mais j’ai eu un doute en lisant les règles du stationnement voiture : on peut donc garer son vélo sur les places « voitures » gratuitement ?

  5. V-LO dit :

    J’ai moi-aussi reçu le tract municipal, et je suis tombé de ma chaise en lisant que le stationnement ne serait pas verbalisé. Qu’est-ce que ça veut dire et pourquoi écrire ça ? Et pourquoi rendre le stationnement gratuit en voirie ? Quel est le message, si ce n’est nous rappeler la vision auto-centrée de notre municipalité ? En tant que riverain et abonné, je ne comprends pas quel message on m’envoie. Pourtant, rien n’est gratuit, et il me semble que la période actuelle nous le rappelle cruellement.
    Entre les invraisemblables excès de vitesse sur les boulevards et dans les rues du centre-ville (qui, quoi qu’on en dise, ne sont pas que le fait du confinement, ils sont permanents) et la non-verbalisation des GCUM (qui pour le coup doivent avoir un vrai sentiment d’impunité), je pense qu’on a fait un très gros pas en arrière alors qu’il me semblait voir s’éveiller un début de conscience collective pour des déplacements un peu plus verts.
    Le silence étonnant d’Olivier Carré sur l’après-11 mai est tout à fait éloquent, et je pense que nous, habitants, cyclistes, vélotaffeurs attendons beaucoup, mais devons nous attendre -comme d’habitude- à pas mal de déception.

    • Il a enfin parlé hier en fin d’après-midi et le journaliste de La Rép’ a souligné le caractère grotesque de la position de la mairie. Je cite l’article :

      Afin d’éviter un report trop massif des déplacements vers la voiture, le stationnement redevient payant dans la ville lundi prochain, mais, paradoxalement, les titres glissés sous les pare-brises ne seront pas contrôlés avant début juin. Certains pourraient y voir une incitation à resquiller.

      Sans blague ?

      • V-LO dit :

        Merci Jeanne, j’étais passé à côté de ces annonces, que, pourtant, je guête tous les jours avec beaucoup d’impatience…

        Je m’étonne encore et toujours de la frilosité d’O. Carré et de sa municipalité quand il s’agit de laisser un peu plus de place aux vélos, et de remettre à un peu à leur place les autos (d’ailleurs : pourquoi annoncer qu’on ne verbalise qu’à partir de juin… ça m’échappe !). Donc il faut attendre le 20 mai pour peut-être éventuellement décider de peut-être pourquoi pas libérer le pont Royal de son envahissement par les bagnoles si toutes les conditions sont absolument et totalement réunies. Soit !
        Personnellement, je trouve un peu dommage que ce réaménagement du pont « provisoire » ne soit envisagé que dans un contexte sanitaire temporaire, et non pas dans un changement de paradigme complet et de long terme visant à encourager les mobilités douces que nous sommes nombreux à appeler -et pratiquer- depuis des années maintenant.

        Je lisais ce matin avec amusement la position rigolote de 40 millions d’automobilistes concernant les pistes cyclables temporaires à Paris. Paraitraît que le vélo est source de discrimination sociale…. Sans blague ? 🙂

        Pistes cyclables temporaires : « 40 millions d’automobilistes » dénonce une « ségrégation sociale par le fric »

        • On notera que tous les journalistes présents n’ont pas tous compris la même chose. Du côté de France Bleu Orléans on trouve :

          Dans les rues d’Orléans, le stationnement payant sera de nouveau contrôlé à partir du 11 mai.

          Pierrot le fou (de 40 millions d’automobilistes) est encore plus grotesque que la politique de stationnement de la mairie d’Orléans.

          • V-LO dit :

            Ah ben oui effectivement, ça diffère un peu. Si j’ai bien compris, on lance [enfin] des groupes de travail pour définir une politique cyclable [temporaire], mais nous, contribuables, finançons [en même temps] 40000 bons de stationnement pour faire revenir les bagnoles en ville…

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