Ma vie un peu solaire — par Kent Peterson

L’ingénieux et opiniâtre Kent Peterson s’est lancé un défi personnel depuis qu’il a un vélo à assistance électrique : n’utiliser que l’énergie solaire pour alimenter la batterie, ainsi que plusieurs autres petits appareils comme son téléphone. Il nous décrit dans ce texte comment il s’y prend. Billet originel publié le 4 février 2020 sous le titre « My Somewhat Solar Life ».

« Il n’y a pas beaucoup de soleil aujourd’hui. » Mon adorable épouse, qui me supporte depuis longtemps, est désormais habituée à mes commentaires moroses lorsque le ciel est nuageux. Après des décennies de mariage elle est aussi habituée à me voir poursuivre de curieux objectifs (« je vais descendre en fixie jusqu’au Minnesota ») en dépensant un temps et une énergie que beaucoup de gens trouveraient déraisonnables.

Ma dernière monomanie est née quand j’ai acquis presque à mon corps défendant un VAE. Au boulot chez Bike Friday, j’ai fini par travailler de plus en plus sur les VAE et mon patron Alan m’a donné assez de pièces détachées et d’encouragement pour que je finisse par équiper mon propre vélo d’une assistance électrique. En tant que puriste je me suis senti coupable d’ajouter ce système d’assistance sur un vélo que je n’ai aucune difficulté à rouler à la seule force de mes mollets mais j’ai dû admettre que l’assistance électrique s’est révélée pratique et utile.

Pour soulager mon sentiment de culpabilité, j’ai pris une décision : faire le serment de ne jamais brancher mon vélo au réseau électrique. Toute l’énergie électrique que je pourrais obtenir proviendrait du soleil. C’était en avril dernier et jusqu’à maintenant j’ai respecté ce serment. En cours de route j’ai appris quelques trucs et j’ai rapidement ajouté quelques équipements à ma liste « pas de branchement sur le réseau ». Depuis avril dernier mes téléphone, PC portable, poste radio, Kindle, lampes de vélo et le VAE lui-même ont été à 100 % alimentés par l’énergie solaire.

J’ai documenté mon premier essai d’alimentation solaire dans le billet intitulé The Sheddy Kilowatt Story et ce cabanon solaire est toujours à la base de mon système de génération d’électricité. Au fur et à mesure j’ai appris des trucs et effectué quelques modifications et j’imagine que les expliquer pourrait aider d’autres personnes qui cherchent à diminuer leur dépendance au réseau de distribution.

Soyons franc, je ne prétends pas être autonome à 100 %. Christine et moi-même continuons à être des gens (à moitié) normaux avec un frigo, un four, une machine à laver et d’autres objets électriques puissants qui sont raccordés à une prise murale. Je voulais simplement savoir combien de trucs je pourrais imaginer faire tourner avec un petit système photovoltaïque.

La première chose que j’ai apprise avec mon cabanon solaire c’est que mon panneau solaire flexible chinois no name bas de gamme était, rétrospectivement, trop cheap. Prétendant pouvoir générer 100 W, il n’a jamais généré la moitié de cette puissance, et un coup de vent printanier lui a mystérieusement fait rendre l’âme. Je l’ai remplacé par un panneau de 50 W rigide, plus lourd, de marque Renogy. Ce panneau produit invariablement plus de puissance que son prédécesseur n’en a jamais produit.

Ma batterie Floureon est le cœur de mon système solaire et elle ne présente aucun signe de fatigue. C’est le genre de produit si sympa que j’en ai acheté un autre exemplaire. Je reviendrai un peu plus tard sur ce second exemplaire et comment je m’en sers.

Comme ceux qui doutent de l’énergie solaire aiment à le rappeler, celle-ci est variable. Par une journée claire et ensoleillée vous obtenez une pleine puissance, la nuit vous n’en avez aucune, et lorsque le ciel est nuageux c’est une situation d’entre-deux. Mais si vous couplez une batterie lithium-ion à un panneau solaire, vous pouvez stocker l’énergie produite pour plus tard. La plupart des objets que j’ai listés possèdent leur propre batterie lithium-ion et se rechargent via des ports mini USB. Je recharge le VAE et le PC portable en branchant leur cordon d’alimentation au transformateur 120 V de la batterie Floureon.

Pour recharger des petits appareils, comme un téléphone, le panneau de 50 Watt est surdimensionné. Renogy vend à un prix très raisonnable un petit panneau de 10 W avec une petite batterie lithium-ion. J’en ai acquis plusieurs quand je fantasmais sur le lancement d’une petite entreprise dans le photovoltaïque mais je me suis rapidement rendu compte que je n’ai pas l’âme d’un entrepreneur. Je suis plutôt un gars qui expérimente. J’avais écrit un petit article expliquant comment recharger un téléphone à partir d’énergie solaire et puis j’ai décidé que je n’étais pas un homme d’affaires.

Mon stock de petits panneaux Renogy est super pour régler le gros problème que j’ai avec mon cabanon solaire. Le problème est qu’il n’est pas mobile. Au printemps et en été, ce n’est pas un problème, la lumière du soleil atteint le panneau photovoltaïque installé sur son toit. À l’automne et en hiver, je m’étais imaginé que j’aurais un peu moins de soleil en raison de la couverture nuageuse mais j’avais inopportunément oublié une donnée de base : l’obliquité de notre planète. Au cours des mois les plus sombres, les jours sont plus courts et pendant les quelques heures d’ensoleillement qu’il reste mon cabanon est dans l’ombre de la maison. Oups !

Le cabanon continue à sortir assez de puissance pour charger la batterie du VAE si j’y vais mollo sur le niveau d’assistance. C’est pour moi l’une des grandes leçons de mon expérience solaire, j’adapte mon comportement à mes moyens.

Je peux déplacer ce petit panneau de 10 W face aux rayons du soleil. J’en transporte un dans mon sac à dos et quand on me demande pourquoi je l’ai avec moi les jours nuageux je réponds que je suis de nature optimiste. Et ensuite j’explique comment il me permet de recharger mon téléphone. J’ai deux autres panneaux de ce type que j’ai fixés à la fenêtre de ma chambre qui donne au sud, ce qui leur permet, ainsi qu’au chat, d’observer les écureuils qui se nourrissent au soleil levant.

Le jour le plus sombre (littéralement !) a été le solstice d’hiver. Mon cabanon n’avait rien généré mais j’ai réussi à tirer assez de jus de mes différentes batteries externes pour m’en sortir. Les petits panneaux placés face au sud ont généré assez d’énergie pour faire fonctionner mon téléphone et mes autres petits gadgets. Les jours rallongent désormais.

La dernière pièce de mon puzzle solaire a trouvé sa place lorsque j’ai réalisé que mon panneau de 50 W était assez petit pour tenir sur ma remorque de vélo. Un panneau de 50 W, une remorque Allen bon marché, une caisse en plastique et une deuxième batterie externe Floureon me fournissent ensemble une solution mobile pour recharger mon VAE. Si bien que maintenant j’ai à la fois un cabanon solaire et une remorque solaire.

La remorque est pratique pour faire les courses et me permet de pédaler tout en alimentant l’assistance électrique.

Je suis pas (encore !) alimenté à 100 % par l’énergie photovoltaïque mais ma vie solaire poursuit quand même son petit bonhomme de chemin.

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