En 2020 commence la deuxième étape du « Tour de Force » — par Bicycle Dutch

Rien de tel pour bien commencer la nouvelle année que d’entendre Mark Wagenbuur évoquer le volontarisme néerlandais en matière de vélo. Un seul mot d’ordre : on peut toujours faire mieux. C’est précisé dans la vidéo à la fin de ce billet : l’objectif est de rendre le vélo incontournable pour les distances jusqu’à 15km. Voici la traduction de « 2020 is the year of stage 2 of the Tour de Force » publié le 2 janvier 2020 sur Bicycle Dutch.

Dans ce premier billet de l’année j’aimerais évoquer en détail la deuxième phase du Tour de Force1 qui commence dès maintenant en 2020. Mais avant cela je me dois bien sûr de vous souhaiter Gelukkig Nieuwjaar, une bonne et heureuse année !

Heureuse année 2020 !

C’est devenu une sorte de tradition : le premier billet de l’année est consacré aux enjeux nationaux ou au portrait statistique du pays. En l’occurrence je souhaite évoquer le programme Tour de Force qui est en cours depuis quelques années maintenant. En 2015, quand le Tour de France a été lancé depuis Utrecht, l’occasion de fédérer les intérêts pour le vélo était là. C’était l’acte de naissance d’une collaboration entre divers échelons des pouvoirs publics, des acteurs privés, des instituts de recherche et des plateformes, tous décidés à développer les politiques cyclables aux Pays-Bas. Cette collaboration a pris le nom de « Tour de Force ». À son lancement opérationnel en 2017, Tour de Force s’est fixé un objectif ambitieux : « augmenter la distance parcourue à vélo de 20 % d’ici à 2027 par rapport à 2017 ». Dans sa première phase (2017-2020) un Programme National pour le Vélo a été mis sur pied, programme qui a – selon Tour de Force – connu un grand succès.

La ministre Stientje van Veldhoven à l’inauguration du parking à vélo de la gare centrale d’Utrecht au cours de laquelle elle a précisé que ces grands équipements sont un des aspects du programme Tour de Force.

Et il est vrai que les choses sont vraiment en train de changer grâce à cette initiative. Le programme a été collectivement tenu et certains sont même partis en échappée. Ils se sont regroupés au sein du groupe F10. Un groupe qui vise le 10 sur 10 en matière de vélo (d’où le F pour fietsen). Pour profiter de cet élan, la seconde phase vise à accélérer encore plus, parce que « la ligne d’arrivée n’est pas encore en vue ». Cette seconde phase a adopté comme thème « changer d’échelle ». Tour de Force souhaite « créer plus d’espace pour le vélo afin de rendre ce mode de transport évident, séduisant et sûr, une façon de faire de l’exercice et de passer du bon temps ».

Beaucoup d’organisations, publiques et privées, soutiennent le Tour de Force.

Selon Tour de Force, ce coup d’accélération implique que les Néerlandais changent leur manière de planifier et financer leurs aménagements cyclables et, encore plus important : « nous devons utiliser différemment l’espace disponible ! » C’est vrai, même les Néerlandais estiment que pour faire décoller la pratique du vélo, ils doivent changer leur manière d’aborder ce domaine quand bien même ils ont déjà beaucoup avancé en la matière (comparé au reste du monde).

Des étudiants de l’université Northeastern de Boston découvrent le Dafne Schippersbrug d’Utrecht. Essaimer le savoir-faire néerlandais en matière de politique cyclable est un des buts du Tour de Force.

Dans le document expliquant les objectifs de la phase 2, l’organisation explique que le vélo est un atout pour la société selon cinq critères.

  1. Le vélo rend la ville facilement accessible
  2. Le vélo revitalise la campagne
  3. Le vélo agit contre le changement climatique
  4. Le vélo maintient en bonne santé
  5. Le vélo ouvre le champ des possibles [à chacun].

Cependant Tour de Force reconnaît qu’il n’existe pas deux cyclistes identiques. Pour atteindre ces objectifs de manière satisfaisante il faut toujours garder à l’esprit que les différents types de cyclistes ont des besoins différents. Tour de Force distingue six types de cycliste :

  1. Vélotafeur
  2. Livreur/coursier
  3. Public scolaire et étudiant
  4. Loisir/ballade
  5. Sportif
  6. Transfert et longue distance

Pour ces profils il y a des bases communes mais aussi des différences en terme d’approche. Des cyclistes différents ont des besoins différents mais ils ont tous besoin d’un bon réseau de véloroutes sûres et confortables.

Le développement des véloroutes aux Pays-Bas fait partie intégrante de Tour de Force : l’existant (en vert), le programmé jusqu’en 2030 (en orange) et le projeté (en brun)

Tour de Force distingue cinq axes :

La ville cyclable

Pour rendre le vélo encore plus incontournable, un lien direct entre l’organisation de l’espace (urbanisation) et la mobilité doit être créé. L’espace disponible doit être redistribué pour favoriser les modes actifs et ainsi façonner l’espace public urbain. Tour de Force se concentre sur la conception de la voie cyclable du futur, en soutenant les autorités locales dans leurs efforts pour moderniser leurs parkings à vélo et en essayant de complètement intégrer le vélo dans les plans locaux d’urbanisme.

Développer l’intermodalité

Le vélo et les transports publics forment une combinaison idéale pour les longues distances. Il est essentiel que les installations de stationnement pour vélos et les systèmes de partage/prêt aux noeuds d’intermodalité soient adaptés. Il existe également un potentiel de développement du système voiture-vélo. Tour de Force explore le domaine de l’intermodalité.

Un réseau cyclable de grande qualité

Faire du vélo est le choix évident des vélotafeurs, écoliers et étudiants dès lors qu’un réseau cyclable de qualité est présent. Tour de Force cherche à étendre et améliorer le réseau cyclable en construisant des infrastructures cyclables de grande qualité, sûres et durables, et en étendant les véloroutes dédiées au loisir. C’est bon pour le développement économique local et promeut les Pays-Bas comme une destination de vacances (à vélo).

Encourager l’usage du vélo

En plus d’agir sur l’infrastructure, agir sur les comportements est nécessaire pour augmenter la pratique du vélo. Des campagnes de communication adressées à des groupes spécifiques sont efficaces, par exemple encourager les parents à accompagner à vélo leurs enfants à l’école ou informer les employeurs sur la façon d’encourager leurs employés à venir travailler à vélo.

Soutenir la recherche

Beaucoup de connaissance en matière cyclable a déjà été accumulée au sein du réseau Tour de Force. Mais il est nécessaire de collecter encore plus de données. C’est utile quand l’impact des actions menées doit être mesuré. Plus de données c’est aussi plus de connaissance, ce qui est utile aussi bien en matière d’éducation que de recherche. Tour de Force souhaiterait rassembler et exploiter ces connaissances et proposer des données standardisées prêtes à l’emploi en matière d’usage du vélo. C’est une façon d’optimiser le concept de Dutch Cycling.

Les neuf objectifs du Programme National pour le Vélo (2017-2020) extrait de Tour de Force.

Pour que le vélo se développe significativement dans ces différents domaines il est essentiel d’opérer des choix sérieux et de faire les investissements nécessaires dans le projet « changer d’échelle ». Les études concernant les centres villes, leur réseau cyclable et l’intermodalité, montrent clairement que l’augmentation de la part modale du vélo générera un grand retour sur investissement, pour tout le monde. L’argent investi dans le vélo est de l’argent bien dépensé !

La deuxième étape du Tour de Force expliquée en vidéo.

Un résumé (en anglais) de la deuxième phase de Tour de Force :

•    Summary – Tour de Force – 2nd stage Scale up Cycling

Notes

  1. En français dans le texte ! 🙂 NdT

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3 réponses

  1. REGUIGNE REGIS dit :

    Et nous, dans la Métropole – Orléans, de quoi avons nous l’air ? Candidats au « prix citron », amer, très amer, pour nos usages du vélo ?

  2. janpeire dit :

    Un « plan » construit sur des objectifs clairs, humains et dans la réalité du monde, une fois adopté, toutes les énergies sont mises non-pas en réunions entre élu⋅e⋅s pour se faire reluire l’égo (et discuter sa petite placette, sa petite exception) ou pour esbaudir le badaud, mais, dans la réalisation du projet « consenti », avec un référentiel (visiblement) simple.
    C’est une autre culture, moins de monstration, plus d’efficacité.

    Nous avons plus de 30ans de retard, et non pas copier, sans fausses hontes, nos politicien⋅ne⋅s essayent de réinventer la roue… de vélo 😛

    JPB

    • REGUIGNE REGIS dit :

      Grand merci, selon ma devise : Agir et pas gémir. Régis : Inventeur puis « père » de la Loire à vélo (1995 – 1998). Du concret, du viable, pour un usage le plus large possible. Loire à vélo = plus de 1 million d’usagers à l’année, 50/50 touristes et usagers « locaux ». Pas de « bla-bla », des actes !

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