Meet Me Half-Way Orléans-Tours : joyeuses rencontres et courbatures

Allergiques au globish, sachez que vous pouvez très bien opter pour « moit-moit » selon une suggestion du camarade Jan-Peire qui n’en est pas à une réjouissante invention verbale près. L’idée derrière l’expression Meet Me Half-Way (MMHW) est aussi simple que la transmission d’un fixie : deux groupes de personnes désireuses de pédaler un peu plus longtemps qu’au quotidien, et différemment, s’élancent d’au moins deux villes et se donnent rendez-vous à mi-chemin pour gueuletonner. C’est à l’occasion d’un improbable MMHW Bruxelles-Paris fin juin que le phénomène a pris de l’ampleur, chacun y allant de son initiative locale comme le relevait Deuf le Magnifique à la fin de son compte-rendu publié dans une série de tweets comme autant de fax du bon vieux temps (cliquez sur le chevron en bas à droite pour lire la suite) :

C’est donc sous l’égide de l’oiseau bleu que s’est auto-organisé un tout premier MMHW Orléans-Tours dont le point de chute a été rapidement – naturellement pourrait-on dire – trouvé, Blois se trouvant exactement à mi-chemin des deux capitales régionales sur l’itinéraire de La Loire à vélo. La question « qui aura le vent dans le dos ? » ne pouvant obtenir de réponse à l’avance, il ne fut pas difficile de s’accorder sur une date : le dimanche 11 août 2019.

Mais qui a gribouillé sur la carte ?

Brevet d’intermodalité

Il ne s’agit pas de transformer un MMHW en brevet de randonneur. Quoique. Dans le cas du bientôt légendaire MMHW international Paris Bruxelles, les distances étaient telles, avec comme lieu de ralliement Saint-Quentin, que la branche parisienne a tutoyé le 200 (km). Plus prudente, la branche belge a utilisé le train pour se rapprocher raisonnablement (mais avant la frontière !).

La distance était plus modeste dans le cadre du MMHWOT mais le même principe a été retenu : c’est ainsi que des personnes sont venues de Paris en train pour participer à l’événement. Et tout un chacun avait la possibilité de (re)prendre le train en gare de Blois pour s’éviter le trajet retour à la force des mollets.

Bilan au départ de la tête nord du pont George V : cinq allogènes et trois autochtones (deux Orléanais et un Olivetain, c’est important pour la suite).

Un aller frais et gris et doucettement pluvieux sur la fin

Cette fameuse guinguette de Baule « éco-responsable » et « autonome en énergie » existe depuis 2015 et a pour nom La Corne des Pâtures1. Difficile de ne pas s’y arrêter.

Le parcours, quasiment toujours en site propre, est très agréable. Idéal pour papoter côte à côte.

Passage « urbain » à Beaugency.

Sous un tilleul exactement : Blois terre du milieu

C’est toujours sous une pluie fine que les deux groupes se rejoignent au port de la Creusille, rive gauche. La première branche tourangelle, partie tôt, a trouvé refuge sous un grand tilleul. La guinguette attenante est fermée. La décision est prise d’aller en ville déjeuner au sec. En arrivant au pont Jacques-Gabriel, la seconde branche tourangelle (i.e. « la rapide ») arrive. Belle coordination.

Voilà Wallace (intermède)

Dans Pulp Fiction, Wallace c’est le gros méchant. Un quart de siècle après cette fameuse Palme d’or, un autre Wallace est présent au MMHWOT et il est beaucoup moins trapu que Ving Rhames : un gravel monté avec amour et soin par Deuf le Magnifique sur une base Shand.

Soyez sans crainte.

Avec sa compagne, il revenait d’une traversée de la France. Ils ont décidé de s’intégrer à ce MMHWOT dans leur trajet retour sur Paris. La classe.

Plus de 2000 km au compteur depuis début juillet pour Jeanne (une vraie, elle).

Un retour très contrasté

Après avoir refait le monde et la couleur des pistes cyclables bien installés à l’étage d’une grande brasserie blésoise, le soleil est là. Pendant que deux membres de la branche parisiano-orléanaise filent vers la gare, les trois autres remontent en selle direction Chambord. Une petite excursion qui leur ajoute 42 km dans les jambes.

Devant Chambord (Photo Yves Le Jan). Un site qui vaut le coup de pédale comme le soulignait Jan-Peire.

Portée par le vent d’ouest, la branche qu’on pourrait appeler orléano-gravelienne – composée de cinq personnes – file vers Orléans.

Tandis que le trio des increvables-au-long-cours sont bientôt arrivés à destination du côté d’Olivet, les deux Orléanais du groupe de départ finissent les derniers kilomètres sous la drache. Sur le pont de l’Europe, le vent de trois quart face s’ajoute à la pluie. Le pont se transforme en côte à gravir. Ça c’est du final !

Making-of

Dans la mémoire de mon fidèle petit compteur sans fil Echowell U10W : 6h26 en selle pour 129 km parcourus (soit 20,6 km/h de vitesse moyenne). Je ne pensais pas qu’on roulerait aussi vite. Heureusement il y a eu quelques pauses dont au retour celle à la guinguette de Baule qui m’a permis d’offrir un coup à boire pour fêter mon premier 100 km (je ne pouvais pas décemment célébrer mon premier port de cuissard, hein). Comme précisé plus haut c’est un lieu particulier donc on n’y trouve pas de Coca-Cola, ce qui a un peu peiné Carlos (mais il a plein d’autres ressources pour toujours avancer, imperturbablement).

Pause thermos et galettes bretonnes. Merci Mélie-Vélo.

J’étais parti avec la caméra déchargée (pas bravo). Quand à l’arrêt guinguette du matin j’ai demandé à tout hasard si quelqu’un avait de quoi recharger une caméra via un câble USB type C, je me suis retrouvé quelques instants après muni dudit câble et d’une batterie portable. Merci Raphaël et merci Carlos ! C’est ce qui explique les différences dans les prises de vue entre l’aller et le retour et pourquoi je n’ai pas d’images de l’arrivée à Blois : en raison de la pluie qui avait commencé à tomber une dizaine de kilomètres avant l’ancienne ville royale, j’avais mis à l’abri dans la sacoche mon fidèle Nikon.

Une animation rigolote.

Bilan physique : aucun dégât si ce n’est quelques courbatures au niveau des cuisses (quadriceps). Le retour juste après le déjeuner, en pleine digestion, et à un rythme assez soutenu sous une température moins clémente que le matin, m’a piégé. J’ai mal géré mon hydratation2 et mon bidon a vite été vide. Heureusement Carlos-la-force-tranquille était là avec une délicieuse bouteille d’eau gazeuse. Merci encore. Et merci à tous les camarades de selle du jour pour la rencontre.

Notes

  1. « Les retrouvailles écologiques de dix amies à Baule, à la guinguette de la Corne des Pâtures », La République du Centre, 9 août 2019.
  2. Et sans doute mon effort aussi. J’ai tenu à ne pas être distancé dans une longue ligne droite de la levée. Carlos-le-sage n’est pas tombé dans le piège, lui.

Vous aimerez aussi...

8 réponses

  1. janpeire dit :

    Bravo pour le premier 100 si j’ai bien compris (je pensais que tu l’avais déjà fait, mais il faut une première fois pour tout, un dimanche ou un autre jour, peu importe). BRAVO !
    Oui entre Orléans et Blois, c’est très roulant, même à +120kg, en allant à Tours, je roulais à 22km/h sans le savoir (et après, on a mal aux genoux).

    Je n’ai pas tout compris de la séparation pour le trajet retour :
    — 5+3 cyclistes (soit 8) au départ d’Orléans ;
    — à Blois, il y a 2 personnes qui prennent le train. Il en reste 6 normalement ;
    — 3 vont vérifier l’itinéraire Blois-Chambord pour rassurer une journaliste pro-vélo de la Rép’ qui désire le faire avec ses enfants (très très bonne initiative de votre part) ;
    — 5 composent une branche « roulage sur gravier » ! !

    C’est pas possible, sauf à avoir des cyclistes en mousse dans sa sacoche et au contact de l’eau, ils se régénèrent (cadeau Pif, été 1983). Il y a un problème de chapitrage ici, peut-être la fatigue ?

    Enfin, hormis ce détail, l’essentiel est d’avoir passé une bonne journée.
    JPB

    • Et si j’avais voulu faire un billet cryptique/elliptique dont tu as le secret ? 😀
      Que nenni.
      Pour le retour il faut compter avec les deux increvables qui remontaient de leur traversée de la France en mode bikepacking de luxe et se sont joints à nous. Donc 3 + 2.
      Pour tout te dire, je savais avant de partir que je ferais le retour à vélo rien que pour accompagner ces deux-là (c’est mon côté groupie).

  2. Vélotaf enjoué dit :

    Oui sauf qu’il recupere deuf et sa compagne au retour vers orléans soit:
    8-2 = 6
    6-3 = 3
    3+2 = 5

  3. yann d'Orléans dit :

    Ah que c’était sympa de revoir des vélotaffeurs parisiens, des habitués du parc des rives de Seine.

    Avant que tu nous rejoignes au pont du Mordor, on en a profité pour leur montrer notre ville avec Carlos.

    Une bien belle journée entourée de personnes adeptes du vélo utilitaire mais qui le temps d’une journée décident de se balader sur les bords de Loire.

    Pour la prochaine, on fait un MMHW avec Montargis ? 🙂

  4. V-LO dit :

    Chouette récit ! 🙂

  5. RG dit :

    Il y a 20ans, on me prenait pour un fou, et pourtant, elle est là, « ma » Loire à vélo.

    C’est un super trajet. Mais ça ne c’est pas fait d’un claquement de doigt, il a fallu convaincre les décideurs, la région, le département, les petites communes, le senat, les arbres, les animaux. Vous avez vu ces ponts, ces passerelles, ces chemins, et bien, c’est moi qui l’ai fait.
    Que de temps passé, que d’eau coulée depuis, et bien sur, que de pneus usés à rouler sur mon enfant.

    Je suis très heureux que vous vous soyez amusés. prenez du bon temps, la vie est courte.

    Le modeste inventeur de la Loire (à vélo)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.