Budget participatif 2019 de la ville d’Orléans

Après 2017 et 2018, le budget participatif de la ville d’Orléans revient pour une troisième édition doté de la même enveloppe globale de 300 k€. Le coût maximal par projet passe de 60 k€ à 80 k€. Sur les 98 projets soumis, 43 sont finalement présentés au vote sur la plateforme numérique dédiée jusqu’au 22 avril 2019. En 2018 le ratio était de 60 / 44 et 9 projets avaient été adoptés. Tous ne sont pas encore concrétisés1. Une conséquence visible de la dernière édition : le cheminement cyclable sur les quais à l’est du pont royal a été matérialisé – ce qui avait été relaté ici même. Encore du vélo au programme pour le cru 2019 ?

Un peu de réel pour le virtuel

Avec 746 participants et 2181 votes au total, l’édition 2018 a fait mieux que la première : 599 participants pour 1570 votes. Quel sera le niveau de mobilisation citoyenne virtuelle pour cette troisième édition ?

Samedi 30 mars, l’opération a fait l’objet d’une opération de communication bien réelle place du Martroi.

« Transport et mobilité »

Parmi les 7 catégories de projet il y a « transport et mobilité »2, un thème cher au cœur de Jeanne. La catégorie regroupe 13 projets dont seuls 5 ont passé la phase d’analyse par les services municipaux. Leurs réponses ne manquent pas d’intérêt.

Deux personnes ont proposé de coloriser les pistes cyclables. La réponse des services est la même dans les deux cas :

[…] la réglementation n’autorise que les couleurs blanches et jaunes sur la chaussée routière et les couleurs vives sont proscrites. Les peintures au sol d’autres couleurs sont également glissantes et ne respectent pas les normes de bonne adhérence de l’espace public. Il est donc préconisé d’avoir recours à des contrastes entre revêtements utilisés.

Un autre suggère de « rendre les boutons d’appel piétons fonctionnels ». Les services précisent :

[…] sachez que les anciennes générations d’appel piétons ne permettent pas la visualisation de la prise en compte de la demande. Pourtant ils sont fonctionnels. Le passage au vert piéton nécessite la fermeture des feux routiers pour sécuriser la traversée. Cette phase impérative prend plusieurs secondes souvent mal comprise par le piéton qui attend. Afin de remédier à cette ambiguïté, de nouveaux boutons d’appels piétons lumineux sont mis en œuvre depuis 2016 lors des rénovation de carrefours.

Un autre encore souhaite la construction d’une piste cyclable en site propre entre Saint-Jean-de-Braye et Orléans le long de la voie ferrée (rues Malakoff et d’Ambert notamment). Les services ont jugé le projet non réalisable dans le cadre du budget participatif car trop onéreux :

[…] un aménagement pourrait s’envisager hors budget participatif sur la partie nord de la voie ferrée sous réserve de rétrocessions avec « Réseaux Ferrés de France » et d’un budget suffisant.

Une autre enfin propose rien de moins que 500 arceaux vélos en plus dans la ville en précisant « sans gêner la circulation des piétons sur les trottoirs ». La réponse :

[…] il faudra envisager de réduire le nombre d’arceaux afin de respecter le budget maximal  alloué par projet. Par ailleurs, il conviendra de  définir précisément les espaces appropriés et disponibles pour leur implantation.

À un moment donné, il va bien falloir se rendre compte que l’espace disponible est sous les quatre roues de grosses boites métalliques immobiles 95 % du temps.

« Prévention et sécurité »

Sous ce thème on retrouve des propositions ayant principalement trait à la sécurité des déplacements. Plusieurs projets concernent le nouveau quartier Sonis qui avait été trop brièvement parcouru dans ce billet. En effet, les rues à angles droits qui entourent le vaste espace vert central ne sont pas en zone 30. La même personne a donc déposé deux projets soumis au vote : vitesse 30 km/h et ralentisseurs place d’armes.

Le camarade Yann de son côté a fait plusieurs propositions dont contre la violence routière rue de Vauquois et protégeons les écoliers ! La rue de Vauquois est une zone 30 mais ça ne se voit pas au premier coup d’œil. Les services proposent la mise en place d’écluses. Avec by-pass vélo on espère, pour ne pas reproduire l’erreur de la rue Basse d’Ingré adjacente… Quant aux écoliers, ce sont ceux qui fréquentent un établissement de l’enseignement privé sous contrat rue des Murlins.

Prochaine extension du domaine du potelet ? Ce serait en tout cas une bonne réponse aux deux élus signataires de ce courrier :

Ce serait aussi une réponse plus radicale à la délinquance motorisée ordinaire que celle proposée du côté de la nouvelle école maternelle Michel de la Fournière3 : un chemin des écoliers en toute sécurité… et en pleine santé, à l’école Michel de la Fournière ! L’idée de « limiter les déplacements en voiture et encourager parents & enfants à se déplacer à pieds » est excellente mais les moyens imaginés sont dérisoires : « créer des passages piétons (en 3D) ainsi que des itinéraires ludiques (parcours de pas colorés) afin de rejoindre l’école en toute sécurité au départ de différents points du quartier signalisés par un panneau « chemin des écoliers ». »

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras

Avec une enveloppe de 80 k€, le collectif Vélorution s’est dit que réserver une voie du pont George V pour créer une piste cyclable bidirectionnelle était possible puisqu’un bureau d’étude mandaté par l’agglo avait chiffré en 2015 à 50 k€ cette option. Hélas c’est « non réalisable » ! C’est compliqué, c’est coûteux etc. etc. …4 Et surtout, surtout, il se pourrait bien que d’ici 5, 10 ou 15 ans, une passerelle vienne enjamber la Loire5. Alors pourquoi demander des dimanches en semaine ?

L’arbitrage politique a primé sur l’arbitrage technique. Si le projet avait été soumis au vote, nul doute qu’il aurait eu la faveur des suffrages tant une solution simple et rapide à mettre en place est attendue depuis des années6. Il suffit pour s’en convaincre d’aller jeter un oeil sur la pétition de protestation mise en ligne dans la foulée7. Déjà 142 signatures quand le projet le plus soutenu en 2018 a obtenu 189 votes.

Ironie de l’affaire, un autre projet concernant le pont George V a été retenu. Mais de celui-là, il ne faut pas attendre grand chose de concret. Bref, « une part de décision » pour les habitant(e)s, mais une toute petite part.

Notes

  1. La liste des projets retenus dans le cadre du budget participatif 2018, et leur état d’avancement, sont visibles sur cette page.
  2. Les six autres sont : Cadre de vie, Culture et patrimoine, Éducation et jeunesse, Environnement, Prévention et sécurité, Propreté.
  3. « La nouvelle école maternelle Michel-de-la-Fournière, à Orléans, a été inaugurée », La République du Centre,
  4. Retrouvez ici le communiqué du collectif.
  5. La même réponse a été apportée à un projet concernant le pont Joffre, sans qu’on sache précisément s’il s’agit de la même passerelle : « […] l’aménagement cyclable ne sera pas pris en compte, la largeur des trottoirs du pont ne permettant pas une continuité. Sachez cependant que le projet d’une passerelle est à l’étude pour permettre un franchissement plus confortable. »
  6. Rappelons à toutes fins utiles que dans un sondage proposé par le quotidien local en janvier 2018, la solution de suppression totale ou partielle de la circulation motorisée sur le pont royal est soutenue par 45 % des sondé(e)s. Quelles que soient les réserves méthodologiques qu’on peut avoir à l’égard de ce type de consultation, force est de constater que l’idée n’a rien de farfelu.
  7. Vous ne l’avez pas déjà signée ? Il n’est pas trop tard.

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13 réponses

  1. lucie dit :

    Non mais la misère du projet retenu pour le pont George V…
    Tout ce qu’il ne faut pas faire et qui surtout est totalement inutile.
    Ça me met en colère ce genre de débilités (j’ai pas trouvé mieux pour décrire ce projet)

  2. Yann d'Orléans dit :

    Salut Jeanne,

    Ce qui me sidère avec ces projets participatifs c’est que bon nombre d’entre eux auraient dû être pensés dès la construction initiale. Je pense notamment à la place d’armes où un jour un enfant courant après un ballon se fera renverser par une voiture, qui devrait rouler au pas, sera à 50 kmh. Je pense aussi aux mobilités douces sur le pont Joffre, c’est hallucinant que la rénovation de la D2020 n’ait pas pris en compte le franchissement de la Loire. Aujourd’hui, cela veut dire alourdir la facture pour un aménagement mal conçu dès le départ. Soit les élus sont mal conseillés soit il y a une réelle volonté de leur part à freiner toute extension des mobilités alternatives.

    • Jeanne à vélo dit :

      Salut Yann,

      Il y a un manque criant de culture vélo (au sens technique du terme) dans les services chargés des aménagements de voirie. Il y a actuellement un début de prise de conscience au sein des services techniques métropolitains. Mais il faudra encore des années avant que les élu(e)s puissent être bien conseillé(e)s. Que déjà les élu(e)s se mettent à s’intéresser au vélo dans une autre perspective que celle de la « green attitude » pour plaquette de communication et portent une vision de long terme.

      • Florian B dit :

        Bonjour, même à pied, emprunter le pont Joffre relève du stage de survie. Il n’y a aucun cheminement prévu, hors escalier !

  3. janpeire dit :

    Très bon billet et très intéressante idée de faire l’historique du budget participatif. Ainsi, la peinture sur le trottoir du pont est le résultat de « la volonté populaire ». C’est un dédouanement aisé de n’avoir pas fait grand chose, et une plus grande lâcheté de l’avoir ainsi bariolé (les piétons côté chaussée alors qu’ils viennent voir Loire couler, enfin) avec en sourdine « c’est pas nous, c’est la proposition du budget participatif ».

    • Jeanne à vélo dit :

      Oui mais pour le coup ils n’ont pas osé pour le pont lui-même. L’équipe municipale auraient eu beau jeu de dire : c’est pas nous !

    • Florian B dit :

      Le cheminement réalisé à droite ou à gauche du pont est malheureusement du même acabit, il longe la Loire, croise le cheminement piéton et forme une chicane bien dangereuse pour rejoindre la partie cyclable :-(( Ce type d’aménagement ne fait qu’opposer les modes de déplacements doux entre eux, sur le peu de place qui leur est laissé…

  4. manumanu dit :

    Merci pour ce nouveau billet fort instructif et grosse déception pour le *seul* projet participatif significatif concernant la mobilité sur le pont Royal (j’aime beaucoup la BD mais je me demande qui a pu imaginer que les auto-mobilistes iront consulter les panneaux installés sur les parapets. NB : je suis mauvaise langue, peut-être les panneaux attireront-ils le regard d’enfants rêveurs installés à l’arrière des voitures). Lors d’une réunion récente pour la mise en place du plan vélo sur la métropole, je mentionnais en aparté à une employée de la métropole le fait suivant : de nombreux cyclistes réguliers estiment que les 30M€ prévus pour la passerelle sur la Loire seraient plus utiles ailleurs, au hasard pour densifier le réseau cyclable. Et que la facilitation du franchissement de la Loire au niveau du pont Royal pouvait être réalisée via une réorganisation du la circulation sur ce même pont. Elle m’a répondu très sincèrement : vous serez fixés, quant à la position de la métropole concernant la passerelle, à l’annonce des résultats de la sélection des projets du Budget Participatif 2019 . Et bien je crois que c’est bon, nous sommes fixés 🙂 .
    Autre point, la mairie a-t-elle avancé des arguments particuliers pour expliquer la non-sélection du projet?

    • Jeanne à vélo dit :

      Les arguments sont cités et commentés dans le communiqué du collectif Vélorution : http://velorutionorleans.org/2019/03/29/budget-participatif-2019-autant-en-emporte-la-loire/

      Je les remets ici :

      « Malheureusement, il n’est pas éligible au budget participatif. En effet, comme précisé dans le descriptif du projet, cette solution a déjà été étudiée. Sa mise en œuvre est beaucoup plus complexe qu’elle ne le parait. Elle entraine des difficultés de gestion des flux entre le TRAM, les voitures et les vélos. En outre, les coûts pour aménager les carrefours et les connexions aux extrémités du pont sont très élevés. Par ailleurs, cet aménagement ne solutionnerait pas le manque de continuité cyclable au niveau de l’avenue Dauphine d’une part et de la rue Royale d’autre part. C’est pourquoi, la Ville prévoit la création d’une passerelle pour modes doux. »

      L’argument du coût n’est en pas vraiment un car il aurait pu faire l’objet d’un bémol comme sur d’autres projets qui ne rentrent pas dans l’enveloppe mais feront l’objet d’un ajustement ultérieur le cas échéant (exemple avec les « 500 arceaux »).

      Le seul vrai argument est un argument d’autorité : on vous promet une passerelle alors considérez-vous heureux(ses). Est-ce bien dans l’esprit du budget participatif ? Il me semble que non.

      • Yann d'Orléans dit :

        Ce qui m’a le plus fait tiquer sur cette affaire de passerelle, c’est la déclaration péremptoire d’O. Carré « comme vous, je veux une passerelle ».

        A quel moment les Orléanais ont été entendus sur cette affaire? Dépenser 15 Meuros ce n’est pas rien pour une ville comme Orléans.

        Je ne sais pas vous mais je procéderais comme tel :

        1. Etude des déplacements sur le pont GV (piétons/vélos/voitures/tram) sur une semaine du lundi au dimanche.
        2. Etude dans les commerces sur le mode de déplacements des clients sur toute la zone du centre ville sur un mois.
        3. Si les études supra montrent que les voitures sont minoritaires, test de la proposition Vélorution pendant 15 jours avec des aménagements amovibles et non destructeurs.

        • Jeanne à vélo dit :

          On sait déjà (étude de 2015) qu’en nombre de personnes transportées, la voiture est minoritaire sur le pont si l’on additionne piétons, cyclistes et usagers du tram.

          Et puis de toute façon, l’objectif du tout nouveau PDU est une diminution du nombre de trajets en automobile. Quoi de mieux qu’une fermeture de voie pour parvenir à cet objectif ?

        • Florian B dit :

          Bonjour Yann, j’avais fait une proposition en ce sens dans le cadre du budget participatif :

          « Pour une enquête sur les modes de déplacements des consommateurs en ville : Afin de s’appuyer sur des faits pour les futurs aménagements du centre-ville, je propose de mener une enquête sur un an pour savoir quel est le mode de déplacement des consommateurs qui viennent faire leurs achats en centre-ville, ainsi que le chiffre d’affaires associé à chaque mode de déplacement. Cela permettrait d’orienter la politique de déplacement en ville en fonction de ceux-ci. »

          Réponse de la Mairie :
          « Monsieur,
          Nous accusons réception de votre projet et nous vous en remercions.

          Malheureusement, il n’est pas éligible car il ne correspond pas à un aménagement de l’espace public.
          Sachez cependant qu’Orléans Métropole a récemment lancé une étude des déplacements dans le cadre de la mise à jour de son plan de déplacement urbain.
          Par conséquent, votre projet ne sera pas soumis au vote de nos concitoyens.

          Nous restons à votre disposition pour tout complément d’information.  »

          A suivre donc !

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