Sous le signe du triporteur, retour sur mon été 2022

Si mon été 2021 fut longtail à Grenoble mon été 2022 a été triporteur en France et aux Pays-Bas. Toutefois je n’ai rien prémédité sérieusement, c’est une forme de hasard – et de chance, disons-le franchement – qui m’a permis de pédaler par trois frois sur un engin à trois roues lors de ces vacances estivales, ce que je n’avais jamais fait avant. Mais alors Jeanne, pourquoi as-tu attendu si longtemps pour publier ce billet ? Pourquoi avoir attendu un mois de février grisâtre et désespéremment sec pour balancer des photos prises au franc soleil de juillet et au capricieux soleil d’août ? Parce que je suis procrastinateur. Ce terrible aveu, je l’avais déjà fait en passant au début de l’année passée. Alors, si le cœur vous en dit, place à une soirée diapo 2.0.

Beaucoup de machines à Nantes

Avant de parler triporteur, j’ai remarqué la présence nombreuse de longtails dans les rues de Nantes. Tous les représentants du secteur étaient là, donc aussi des modèles assez rares comme un Bicicapace italien ou un Douze français. Ces deux-là sont dans les neuf portraits suivants, à vous de les retrouver :

Evidemment, dans la ville qui a vu naître l’association professionnelle Les Boites à vélo, on rencontre aussi régulièrement des cycloprofessionnels :

Place maintenant à quelques instantanés.

J’ai bien aimé ces arceaux implantés sur une ancienne place de stationnement voiture et bien protégés par des potelets devant la belle médiathèque Jacques Demy1.

J’ai bien aimé aussi cette affichette artisanale sur l’Île de Nantes :

C’est d’ailleurs sur l’île de Nantes qu’on trouve le Solilab, « un lieu bien placé pour rendre service et proposer une halte ressourçante aux adeptes du vélo ».

Enfin, comment ne pas évoquer Les Machines de l’île ?

J’ai eu le plaisir enfantin de faire semblant de piloter ce triporteur d’un type très particulier au niveau inférieur du Carrousel des mondes marins :

J’ai bien aimé les places pour vélos cargos de la gare de Nantes :

J’ai trouvé astucieux ces arceaux en bois implantés au sein de l’accueillant jardin des plantes :

En revanche je n’ai pas aimé l’interdiction faite aux vélos de circuler dans le vaste parc de Procé :

Enfin, j’ai souri en tombant un peu par hasard sur une (pseudo) vélorue2 quai de Versailles :

Au droit de cette voie, j’ai presque tout de suite reconnu un pont qui a fait beaucoup parler de lui, en particulier dans la cyclosphère nantaise3 :

Un arbitrage politique bancal a abouti à une pseudo vélorue sur le pont.

Au final je peux dire que j’ai apprécié de circuler à vélo dans Nantes. J’ai observé une certaine continuité dans les itinéraires cyclables, celle qui fait tant défaut à Orléans. J’ai bien conscience d’avoir profité de bonnes conditions de circulation, saison estivale oblige, et il ne fait pas de doute que beaucoup reste à faire à Nantes en matière de cyclabilité.

Sympa la maison bicloo en plein centre-ville.

Intermède finistérien

Quelque part dans les monts d’Arrée, j’ai eu l’occasion d’essayer un fort joli triporteur Amsterdam Air équipé d’un moyeu Enviolo Nu Vinci à variation continue4. Autrement dit, on a pas besoin de passer des vitesses, on choisit juste un « relief » (c’est en tout cas ce que représente la commande au guidon) et roule ma poule !

Une belle machine assurément avec ce sticker à l’arrière de la caisse :

Des avertissements bienvenus.

Je n’ai pas effectué de longues sorties, juste du cabotage de proximité, pour le fun.

Quand l’Orléanais rencontre le Finistère, ça roule !

Intermodalité sereine aux Pays-Bas

Je n’avais jamais eu l’occasion de me rendre aux Pays-Bas auparavant et c’est peu de dire que j’étais enthousiaste à l’idée de découvrir l’environnement urbain documenté sur mon blog via des traductions5. Lors de cette semaine j’ai conduit, pédalé, marché et pris le train. J’ai donc été intermodal, et en toute décontraction tant tout est organisé dans ce pays pour que chacun sache presque intuitivement comment il doit se comporter dans l’espace public.

Pour mettre dans l’ambiance, rien de tel qu’un triptyque « vélo & pas de porte » :

Je ne sais pas pourquoi mais je craignais une certaine forme de monotonie sur le plan architectural. J’ai été agréablement détrompé.

Dans le Amsterdam huppé, des façades tout en nuances de couleur.
Avez-vous déjà vu un aussi bel oriel ?
Celui-ci peut être admiré à Utrecht.

Ce séjour aux Pays-Bas était l’occasion rêvée pour rencontrer Mark Wagenbuur, célèbre blogueur dont je traduis les billets depuis plusieurs années déjà6. Nous avions convenu d’une rencontre à Utrecht où il travaille. Il m’a montré des tas de choses dont l’intérieur du plus grand parking à vélos du monde et l’extraordinaire médiathèque installée dans l’ancienne poste centrale.

Private city tour with Mark Wagenbuur. 😎

Il y a certaines rues interdites à la circulation des vélos dans le centre d’Utrecht, au grand dam du Fietsersbond.

La police montre ostensiblement l’exemple :

Après la ligne blanche, il est à nouveau possible de pédaler.

Comme quasiment tous les Néerlandais sont anglophones, j’ai tweeté in English depuis là-bas après avoir acquis à petit prix un exemplaire d’occasion d’un bouquin fameux pour qui s’intéresse à la renaissance du vélo en ville7 :

Bouquin acquis dans un lieu très sympathique : Lola Bikes & Coffee à La Haye.

Vous en connaissez beaucoup des cafés cosy disposant d’une machine dédiée aux études posturales ?

Place à quelques instantanés.

Des arceaux à perte de vue sur le front de mer à Schéveningue :

Aperçue toujours à La Haye, une bande cyclable étroite comme chez nous :

Dans une autre rue de cette grande ville, un sens unique pour les voitures bordé dans le même sens de circulation d’une bande cyclable, et dans le sens opposé d’une piste surélevée :

Toujours dans la même ville, une large piste sur laquelle circuler sur un vélo spécial Van Raam n’est pas un problème :

En revanche, dans les rues résidentielles bordées d’immeubles anciens ne disposant pas de garage, les vélos encombrent les trottoirs pendant que les voitures prennent leurs aises sur la chaussée :

Au Zuiderpark, un vaste parc richement équipé, c’est le centre aéré qui se déplace en triporteur Redding :

Si l’automobiliste néerlandais a l’habitude de croiser des personnes circulant à vélo, il est aussi bourrin que son cousin français si l’on en juge par l’état de ces bornes à l’une des entrées du parc :

Le point d’orgue du séjour a été un trajet La Haye <—> Delft en triporteur. Environ 12 km sans avoir à franchir une seule bordure. L’aménagement le moins confortable fut à l’aller quelques centaines de mètres sur une piste en pavés gondolée et au devers assez prononcé, ce qui est toujours délicat sur trois roues…

Lors du trajet retour, improvisé, j’ai eu la joie simple de découvrir et emprunter une belle passerelle mobile dédiée aux vélos. Et j’ai découvert de retour en France que Mark Wagenbuur lui avait dédié un billet en 2019 !

Place à trois instantanés pris à Delft – qu’il est certainement superflu de qualifier de ville splendide tant ça saute aux yeux.

Le combo ultime du jeune parent :

Vélo + poussette.

Il ne passe pas inaperçu ce longtail rouge :

Une dernière photo pour la route finir :

Une mise en scène destinée à Instagram ou l’illustration parfaite de l’art de vivre à la néerlandaise ?

En guise de conclusion ou quand la boucle est bouclée

Des touristes néerlandais à Nantes devant le miroir d’eau :

Une belle synthèse, non ?

Notes

  1. J’ai eu l’occasion d’y apprécier l’exposition « Julien Gracq, l’oeil géographique ».
  2. L’interdiction de dépasser les vélos signifiée par le marquage au sol n’est pas une caractéristique de la vélorue.
  3. « Les voitures de retour sur le pont Saint-Mihiel à Nantes : « le symbole d’une métropole qui hésite » », ActuNantes, 9 février 2021.
  4. Il y a un article dans Wikipédia en anglais sur ce composant apparu il y a une quinzaine d’années : NuVinci Continuously Variable Transmission.
  5. Voir l’étiquette Pays-Bas riche de 143 entrées au moment où j’écris.
  6. À retrouver sous l’étiquette Bicycle Dutch.
  7. Lire Mikael Colville-Andersen, « Cycle Chic Origins », 27 juin 2007.

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1 réponse

  1. Alexandre dit :

    Chouette carnet de voyage ! Je ne suis jamais allé aux Pays-bas encore, mais ça me tente aussi beaucoup. Par contre, j’habite du côté de Nantes et y travaille depuis plus de 10 ans maintenant.
    Je dirais surtout que les élus ont pratiquement arrêté toute politique vélo de 2015 (année de l’accueil de vélo-city) à 2021 année de réélection.
    En effet, très peu d’aménagements majeurs ont été réalisés dans cette période, y compris coronapistes (seulement quelques morceaux sur les ponts de la ville). A voir ce que va donner la réalisation du nouveau plan vélo, qui, sur le papier, est très ambitieux. (en même temps, pour atteindre l’objectif de 9 % de déplacements à vélo dans l’agglomération et 12 % à l’intérieur du périphérique, il va falloir améliorer pas mal d’axes, soit parce qu’ils ne sont pas aménagés, soit parce que les aménagements sont saturés de vélos).

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