Quand Bois-le-Duc se gamelle en matière de vélo — par Bicycle Dutch

Je ne partage pas l’enthousiasme de Mark Wagenbuur pour le départ du Tour d’Espagne qui cette année a eu lieu à Utrecht. Il en a fait deux billets : La Vuelta a España in ʼs-Hertogenbosch le 10 août et The Vuelta 2022 in Utrecht and ʼs-Hertogenbosch le 24 août1.
Je partage en revanche son indignation devant ce ratage qu’il documente avec précision dans le présent billet. Un projet de requalifiation mené à l’Orléanaise si vous me permettez l’expression…
Voici la traduction de « Where ʼs-Hertogenbosch got things wrong for cycling » publié le 7 septembre 2022 sur Bicycle Dutch.

Lorsqu’en 2014, la situation temporaire à l’angle sud-ouest du centre-ville de Bois-le-Duc a pris fin, elle était bien meilleure que la précédente mer de bitume qui s’y trouvait. L’ancienne conception des années 1960 n’avait été optimisée que pour le déplacement des véhicules à moteur. Mais après la suppression de ces routes, il n’y avait plus de fonds pour réaménager l’emplacement des anciens rempart et porte de la ville. La zone a été transformée en une pelouse entourée d’une route. La route disposait d’un aménagement cyclable protégé, mais le revêtement en pavés rouges indiquait qu’il s’agissait d’une situation temporaire. En 2020 la ville a finalement alloué des fonds à ce qui a été désigné comme la « phase 1 » du réaménagement de Wilhelminaplein – comme on appelait à nouveau cette zone. Lorsque les plans se sont concrétisés, dans les premiers mois de 2021, il était clair que le désir de montrer une partie de l’histoire de cet endroit avait été plus important que la conception d’un axe cyclable structurant sûr.

La configuration actuelle de Wilhelminaplein à Bois-le-Duc. Notez que les routes principales autour de la zone herbeuse n’ont pas de pistes cyclables. Il y a maintenant une piste à usage partagé en diagonale comportant deux angles aigus (si vous allez du nord-est au sud-ouest).
De 2014 à 2020, il y avait des pistes cyclables bidirectionnelles directement à côté des voies de circulation. Elles obligeaient les gens à vélo à contourner la pelouse centrale, mais ces itinéraires étaient plus logiques et plus sûrs.
Il ne fait aucun doute que l’ancienne situation, de 1965 à 2013, était encore pire. Mais l’espace gagné en supprimant une grande partie de ce bitume aurait pu être mieux utilisé.
Un ancien schéma du réaménagement de Wilhelminaplein montrait une piste cyclable en diagonale, mais pas en tant qu’espace partagé et avec une meilleure courbure à l’extrémité sud. De même, un nouveau pont a été dessiné au nord de Willemsbrug, qui aurait été mieux orienté que le pont (toujours) existant, afin de mieux se connecter aux aménagements de chaque côté du canal. Malheureusement, ce n’est pas ce qui a été construit.

Au début de l’année 2021, les pistes cyclables temporaires situées directement à côté des voies de circulation automobile ont été complètement supprimées. Elles ont été remplacées par un chemin qui suit l’ancienne route à travers l’ancien rempart de la ville. Il n’y avait pas d’argent pour reconstruire la porte de la ville qui se trouvait ici. En 2016, de nouvelles fouilles ont révélé l’emplacement exact et les dimensions de cette porte, dont les fondements étaient encore largement intacts. Dans le nouveau projet, la porte était représentée par des haies, qui limiteraient la largeur du nouveau chemin passant entre ces haies. Ce nouveau chemin devait être partagé par les piétons et les cyclistes. Cela signifiait que la zone passait de deux larges pistes cyclables bidirectionnelles séparées, situées à un endroit logique, à un étroit chemin à usage partagé, situé à un endroit illogique pour un grand nombre d’itinéraires cyclables traversant la zone. Pas étonnant que les gens se soient plaints. Et notamment la section locale du Fietsersbond.

Dans la nouvelle situation, la piste cyclable de la droite de la photo s’arrête à Wilhelminaplein et les personnes venant du nord-est sont obligées de tourner à droite et de trouver leur chemin via la nouvelle place, ce qui les oblige à effectuer une traversée en diagonale et à naviguer autour des arbres.
Dans la situation antérieure, il y avait un passage clair et sûr et la piste cyclable continuait vers le sud-ouest de manière claire et directe. Il n’était pas nécessaire de supprimer cette piste cyclable. L’espace où elle passait a simplement été transformé en surface herbeuse.

La partie nord de la zone a été réaménagée en mini-parc et, bien sûr, la plupart des gens apprécient le fait que des arbres aient été plantés et qu’un bel espace vert soit apparu. Les murets qui indiquent l’emplacement de l’ancien rempart sont très agréables pour s’asseoir et l’ensemble de la zone est beaucoup plus agréable qu’un simple espace herbeux. Mais pourquoi les pistes cyclables ont-elles dû être supprimées ? Pourquoi les cyclistes doivent-ils faire des détours illogiques et pourquoi y a-t-il un espace partagé sur un axe cyclable structurant nord-sud allant du centre ville et de la gare de Bois-le-Duc à Vught ?

L’intersection nord-ouest est maintenant très peu claire. Une partie est partagée entre le trafic automobile et les cyclistes, une autre partie est réservée aux cyclistes et aux piétons. Une rangée de bornes a été placée à la jonction des deux. La priorité n’est pas claire. S’agit-il d’une sortie où les personnes venant de la droite ont la priorité ? Les voitures garées rendent les perspectives très mauvaises. L’accès aux escaliers pour rejoindre le canal peut être confondu avec l’accès au pont, surtout dans de mauvaises conditions de lumière. Une célébrité de tiktok a plongé vers sa mort en passant par ces escaliers avec son scooter.
Dans la situation antérieure, le carrefour en T était plus clair et les trottoirs guidaient mieux les gens vers l’endroit où ils devaient aller. Il y avait également une meilleure séparation entre les piétons et les cyclistes. Grâce aux deux pistes cyclables supplémentaires, peu de personnes avaient besoin de passer par cette partie de la place.

La branche locale du Fietsersbond m’a demandé s’il serait possible de montrer ce qui, selon elle, ne va pas dans la conception actuelle de cet espace, notamment en ce qui concerne le vélo. Je m’y suis rendu et j’ai filmé pendant un peu plus d’une heure, un samedi après-midi de la fin août 2022. Pendant cette heure, j’ai vu beaucoup d’accidents évités de justesse (plus que je n’ai pu en enregistrer avec ma caméra à temps). J’ai été témoin d’interactions dangereuses entre cyclistes et entre cyclistes et conducteurs, automobilistes comme chauffeurs de bus. Sans oublier les nombreux conflits et quasi-accidents entre piétons et cyclistes dans le même espace restreint. Pour couronner le tout, trois personnes m’ont demandé leur chemin ! Plusieurs personnes ont fait des réflexions sur le fait que les itinéraires cyclables étaient devenus terriblement stupides depuis la dernière requalifications. Le Fietsersbond souhaite montrer cette vidéo au nouvel adjoint à la circulation avec lequel il avait prévu de s’entretenir (je me suis également entretenu avec lui lors de la présentation du nouveau conseil municipal, au début de cette année) et ils espèrent le persuader d’autoriser des changements significatifs dans la zone. En espérant ainsi améliorer la situation pour les piétons et les cyclistes. Si une haie indiquant l’emplacement de l’ancien rempart de la ville doit être sacrifiée pour une meilleure sécurité de la circulation, je suis tout à fait d’accord. Après tout, aucun mur ou haie n’a été prévu à l’emplacement des routes pour la circulation automobile, même si le rempart se situait également là. Une telle différence de traitement entre les différents types de trafic est indigne de la municipalité de Bois-le-Duc, qui avait été choisie comme « ville cyclamicale des Pays-Bas » en 2011 ! J’espère vraiment que le nouvel adjoint sera prêt à écouter et à agir.

La nouvelle voie partagée pour les piétons et les cyclistes est reliée à une piste cyclable bidirectionnelle au sud, avec des virages très difficiles à négocier. Ces trajectoires obliques rendent la situation très dangereuse pour les personnes qui marchent ici, car les cyclistes passent naturellement en biais à cet endroit-là. Le parcours, en diagonale sur l’herbe, ne sert qu’à une seule direction. Les personnes qui se rendent à la gare (nord-ouest) ou celles qui veulent tourner vers l’est doivent faire un détour considérable. Comme tous les itinéraires doivent maintenant utiliser cette voie partagée, elle est beaucoup plus fréquentée que ne l’étaient les anciennes pistes cyclables.
Encart : ce à quoi ressemblait le rempart de la ville avec la porte à cet endroit. Maquette au musée Noordbrabants.
Dans la situation immédiatement antérieure (2014-2020), il y avait des pistes cyclables bidirectionnelles claires et larges allant vers l’est et le nord-ouest et les gens qui allaient vers le centre devaient faire un détour, mais ce n’était pas grand chose et c’était beaucoup plus clair. Vous pouvez déjà voir l’emplacement de l’ancienne porte de la ville dans l’herbe. Une fouille menée en 2016 a révélé ce qu’il restait de la porte. Je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas pu la rendre visible avec des haies et des murs sans enlever les pistes cyclables.

Voyez par vous-même dans ma vidéo et dans ce billet via les photos ce qui ne va pas dans le nouvel aménagement de cette zone.

La vidéo de la semaine. On commet aussi des erreurs aux Pays-Bas.

Notes

  1. J’étais d’ailleurs sur place le 18 août lors de la présentation des équipes à Utrecht. J’y ai rencontré Mark Wagenbuur himself. J’aurai sans doute l’occasion d’y revenir. 😎

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1 réponse

  1. janpeire dit :

    C’est la rentrée, et déjà un billet, à souhaiter que d’autres suivent, sans l’influence de la cité johannique pour le bonheur des mollets néerlandais.

    Plaisanterie mise à part, la première série des 3 vues du ciel de l’endroit donne beaucoup d’espérance sur la possibilité de « retrouver de l’espace vert » en des endroits fortement bitumés.
    Le plan prévu montre que dès le début, les différents déplacements étaient pris en compte, ce qui n’est malheureusement toujours pas le cas dans les propositions de la mégalopopole ou du département, dans lesquels, seuls comptent les intérêts électoraux à très court terme., accumulant du retard pour +30ans.
    En se répétant « le provisoire des uns ferait le bonheur des autres » !

    JPB

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