L’axe cyclable le plus fréquenté des Pays-Bas fermé en raison d’une fuite de gaz — par Bicycle Dutch

Dans l’agglomération d’Orléans des accidents perturbent périodiquement la circulation sur la tangentielle (un exemple parmi d’autres). À chaque fois, le chaos est considérable et les dizaines de milliers d’autosolistes automobilistes qui emprutent cet axe se retrouvent coincés dans leur cage de métal et de plastique – sans échappatoire. Mark Wagenbuur a été témoin dans sa bonne ville d’Utrecht d’un fait divers qui aurait pu avoir de grandes conséquences là aussi en matière de circulation. Il n’en a rien été, ou presque, comme il le raconte dans le texte qui suit.
Voici la traduction de « A gas leak on the busiest cycleway in the Netherlands » publié le 15 juillet 2020 sur Bicycle Dutch.

Imaginez que l’artère principale la plus fréquentée de votre ville soit fermée à toute circulation pendant plus de 7 heures, y compris à l’heure de pointe ; cela conduirait-il au chaos ? C’est exactement ce qui s’est passé le mardi 7 juillet sur Vredenburg à Utrecht, que plus de 30 000 personnes empruntent chaque jour à vélo. La rue fermée voit également passer 14 lignes de bus (soit environ 2 500 bus par jour) et pourtant, Utrecht n’est pas restée immobile.

Les policiers se tenaient prêts alors que la voie cyclable la plus fréquentée des Pays-Bas était bouclée. Deux pompiers s’entretenaient au loin.
Les piétons n’avaient pas le droit de passer non plus. Cette photo montre une voiture de police, un fourgon des pompiers et un camion de l’unité de commandement mobile.
Toute cette agitation a évidemment attiré l’attention. De nombreux passants ont regardé dans la même direction.
Tout le monde ne savait pas comment passer la barrière. Après que de nombreuses personnes ont demandé leur chemin, cet homme a finalement décidé de s’engager dans le carrefour pour diriger la circulation et s’assurer que bus et vélos ne se croisent pas.

C’était seulement la deuxième fois que je me rendais sur mon lieu de travail à Utrecht depuis la mi-mars et, alors que j’étais au bureau, j’ai appris que vers une heure de l’après-midi, une fuite de gaz avait été détectée dans l’un des restaurants de Vredenburg. Cette rue, ainsi que le Smakkelaarsveld qui la relie à la gare centrale d’Utrecht, est la voie cyclable la plus fréquentée des Pays-Bas. Après le travail, juste avant l’heure de pointe, j’ai décidé d’y jeter un coup d’œil.

Même lorsque l’homme a finalement montré la bonne direction aux gens, beaucoup ont voulu continuer tout droit. Il est notoirement difficile de dire aux Néerlandais ce qu’ils doivent faire.

Je n’avais jamais vu autant de véhicules d’urgence au même endroit. La police, les pompiers, une « unité de commandement mobile » et des équipes médicales étaient tous là pour faire leur travail ou se tenir prêts au cas où quelque chose tournerait mal. À certains endroits, on pouvait effectivement sentir l’odeur du gaz. Apparemment, du gaz s’était échappé dans le sol sablonneux et s’y était accumulé, provoquant une situation dangereuse. Un certain nombre d’entreprises, de maisons et même l’auditorium de Vredenburg ont dû être évacués. Il a fallu beaucoup de temps pour trouver la fuite, la réparer et ensuite ventiler les bâtiments et surtout les poches de sable sous la rue et les immeubles. Heureusement, il n’y a pas eu d’explosion et une véritable catastrophe a donc été évitée, mais la zone autour de cette fuite a été bouclée et la circulation – y compris piétonne – a dû s’écouler par d’autres itinéraires.

Sur la place voisine – appelée aussi Vredenburg, comme la rue – toutes sortes de véhicules d’urgence, y compris des ambulances, se tenaient prêts au cas où.
Il n’y a jamais autant de monde dans les petites rues de Wijk-C, le quartier ancien du centre ville d’Utrecht.
https://twitter.com/RuudVeHa/status/1280534674243235841
Ce riverain n’avait aucune idée de ce qui se passait et se demandait pourquoi il voyait tant de gens faire du vélo dans Wijk-C.

Au début, les gens se sont simplement heurtés à la rubalise tendue par la police et ont dû trouver une solution. Certains ont traversé les rues piétonnes à vélo pour se rendre à la gare, mais la plupart des gens se sont tournés vers la rue St Jacobsstraat (déjà mise en avant sur mon blog), puis vers les petites rues de Wijk-C pour traverser ce quartier jusqu’à la gare. Certains se sont peut-être souvenus que c’est le détour qu’ils avaient dû faire lors de la reconstruction de Vredenburg en 2012, comme je vous l’avais montré dans un billet à l’époque. Après l’heure de pointe, le flux des cyclistes a finalement été dirigé dans cette direction et les gens n’ont plus eu à trouver d’eux-mêmes où diriger leurs roues. Il y a des centaines de bus qui empruntent aussi cette rue, ce qui a conduit à des croisements bus/vélo à des endroits qui n’ont pas été conçus pour de tels volumes de circulation comme cet après-midi-là. J’ai vu quelques collisions évitées de justesse mais heureusement aucun accident n’a été rapporté.

J’ai réalisé une carte de la zone à partir d’une photo aérienne de Google. Le point rouge indique l’emplacement de la fuite. Les routes et la zone en jaune ont été fermées. La ligne rouge représente le détour en bus, la ligne verte le trajet que la plupart des personnes à vélo ont emprunté. Cela signifie que ces deux flux de circulation se sont croisés deux ou trois fois à des endroits qui n’étaient pas prévus pour cela. Heureusement, aucun accident n’a été rapporté.

Le flux de personnes se rendant à la gare à vélo provenait de Wijk-C, à l’intersection signalée sur le pont appelé Paardenveldbrug. Ce pont est normalement très peu fréquenté et c’est un carrefour important. Cela signifie que le phasage des feux n’est pas du tout conçu pour les flux de circulation qu’il devait traiter ce jour-là et que les gens devaient attendre très longtemps pour obtenir le feu vert. (Apparemment, ce carrefour n’est pas complètement supervisé, sinon les choses auraient peut-être été différentes). Le feu ne reste vert qu’un court instant et les gens ont continué à passer au rouge. J’ai même vu un conducteur de voiture de police passer au rouge presque 10 secondes après le changement de feu, parce qu’alors seulement le flot de cyclistes s’était enfin tari un instant. Ce comportement n’était peut-être pas tout à fait correct, mais comme ils étaient très nombreux à le faire, cela a entraîné des vitesses très basses et il n’y a eu aucune mise en danger.

Les feux de circulation ne sont pas conçus pour gérer autant de monde sur le pont appelé Paardenveldbrug. Les gens devaient prendre leur mal en patience pour traverser la rue au premier plan.
La police a mis place de la rubalise à l’entrée de Vredenburg de 13h à 20h15 environ.

Il était intéressant de voir tant de gens faire du vélo dans des rues qui sont normalement très calmes. Sur Twitter, certains habitants, qui n’étaient pas au courant de la fuite de gaz, se sont demandés ce qui se passait, mais à part cela, cela n’a jamais vraiment tourné au chaos. Les cyclistes utilisent si peu d’espace qu’ils peuvent facilement trouver un autre itinéraire lorsque quelque chose ne va pas. Bien après la fin de l’heure de pointe du soir, à 20h15, la rue a finalement été rouverte. Cela aurait été une toute autre histoire si les 30 000 personnes qui passent quotidiennement dans Vredenburg à vélo avaient toutes été en voiture. C’est une très bonne chose qu’Utrecht ait une si forte culture du vélo.

La vidéo de cette semaine montre les conséquences de la fermeture de la voie cyclable la plus fréquentée des Pays-Bas.
Oh et puis, avant que les gens ne s’en étonnent : pour autant que je sache, seule cette personne portait un masque. Ils ne sont obligatoires que dans les transports publics aux Pays-Bas, donc pratiquement personne ne les porte dans la rue. Les experts néerlandais estiment qu’il vaut mieux garder ses distances que de porter un masque et que le risque de transmettre le virus à l’extérieur quand on se croise aussi brièvement est très faible.

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5 réponses

  1. Isa dit :

    Traduit aussitôt que paru !

  2. janpeire dit :

    Demande officielle.
    Il faut enlever ce paragraphe « Il était intéressant de voir tant de gens faire du vélo dans des rues qui sont normalement très calmes. Sur Twitter, certains habitants, qui n’étaient pas au courant de la fuite de gaz, se sont demandés ce qui se passait, mais à part cela, cela n’a jamais vraiment tourné au chaos. Les cyclistes utilisent si peu d’espace qu’ils peuvent facilement trouver un autre itinéraire lorsque quelque chose ne va pas. »

    Plus que tout ce passage « Les cyclistes utilisent si peu d’espace… » autrement, nous sommes bons pour devoir circuler entre les plaques d’égout et le caniveau.

    JPB

    • Au delà du peu d’espace (qui est un avantage très important), c’est le nombre de degré de liberté du vélo qui permet aussi de s’affranchir des aléas de circulation. Si un obstacle de présente sur la chaussée, tu portes ton vélo pour le franchir ou tu fais demi tour rapidement (le peu d’espace entre là en considération).

      Si je fais le parallèle avec la mécanique des fluides, c’est la différence de viscosité (ensemble des phénomènes de résistance au mouvement d’un fluide pour un écoulement avec ou sans turbulence) entre le fluide « circulation des vélos » et le fluide « circulation des voitures » qui serait étudiée. Pour avoir une viscosité égale au vélo, la voiture nécessite des infrastructures beaucoup plus onéreuses et gourmandes en espace.

  3. REGIS REGUIGNE dit :

    Je suis à Olivet et je ne sens pas ce gaz . OK ?

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