Les enfants, les livres et les vélos — par Kent Peterson

Un autre billet de Kent Peterson, cet ingénieux technicien cycle et blogueur états-unien qui travaille chez Bike Friday. Publié le 8 novembre 2009 sous le titre « Kids, Books and Bikes «  ce texte qui traite de souvenir et de transmission – en plus de donner des conseils de lecture – est émouvant.

Peter.

Il y a des années, après m’être consumé une première fois dans le secteur informatique et avant que mon ami Kevin ne m’y ramène avec l’équivalent téléphonique du célèbre télégramme de Herman Mankiewicz à Ben Hecht – « Millions are to be grabbed out here and your only competition is idiots »1 – Christine et moi avons géré une librairie de livres d’occasion à Duluth dans le Minnesota. C’était un travail merveilleux et poussiéreux qui a fini par s’avérer incompatible avec les poumons de Christine et l’un de ces emplois où il est possible de gagner encore moins que ce que je gagne actuellement dans l’action associative en faveur du vélo. Mais les livres, comme les vélos, sont des choses merveilleuses auxquelles les enfants s’attachent pourvu qu’on leur donne les bons encouragements et le bon environnement. Nos enfants ont grandi avec les deux : des vélos et des livres.

Christine fait la lecture à Peter.

Christine et moi-même avons évoqué par ailleurs notre expérience de parents sans voiture et je vais aujourd’hui évoquer quelques livres, anciens et nouveaux, qui mettent en valeur les joies simples du pédalage.

Peter et Eric.

Un des livres que ma mère me lisait et que Christine a lu aux garçons est le classique de H. A Rey Curious George Rides a Bike2. Pour celles et ceux qui ne connaitraient pas l’histoire, ce merveilleux texte fait le portrait d’un singe quelque peu irresponsable qui n’arrive pas à livrer les journaux dont il a la charge. Bien sûr il lui arrive des mésaventures (il casse son vélo) mais son habileté au guidon lui permet de persévérer et tout se finit bien. Hum, OK, ce n’est peut-être pas une grande leçon (être mignon et rusé vous aide à réussir !) mais c’est un classique et pour sûr George s’amuse beaucoup. Je me souviens qu’enfant ce livre ne m’a pas seulement attiré vers le vélo mais m’a aussi conduit vers l’origami (George transforme les journaux en bateaux au lieu de les livrer).

Un autre livre, His Finest Hour illustré par David Neuhaus, est une merveilleuse histoire inspirée de la fable du lièvre et la tortue dans laquelle figurent Ralph, équipé de tous les gadgets à la mode, et Dudley avec son vieux vélo aux pneus ballons. Le ton délicieusement cocasse et les illustrations énumèrent avec tendresse tout le matériel que Ralph amène pour la course, contrebalancé par la simple phrase « Dudley amena son vélo ». Un super petit livre.

Super Grandpa de David M. Schwartz est l’histoire vraie de Gustaf Håkansson, 66 ans, à qui on refusa la participation au tour de Suède de 1951 en raison de son âge. Håkansson ne se le tint pas pour dit et pédala 1000 km pour rejoindre la ligne de départ puis participa clandestinement à la course et finit premier de ce parcours de 1600 km. Ce livre fait partie de ceux qui plaisent aux lecteurs de tout âge.

Il semble que chaque génération fustige « les enfants d’aujourd’hui » avec leur musique trop forte et leurs drôles de cheveux, mais j’ai l’occasion d’intervenir quotidiennement auprès d’enfants chez Bike Works et je peux vous dire qu’ils/elles sont chouettes. Chaque session Earn-A-Bike que nous proposons fait le plein. Les enfants continuent à vouloir apprendre et sont toujours excités de participer à des activités en toute autonomie.

Il y a quelques jours j’ai reçu un mail de mon fils Peter (le petit môme sur la photo a maintenant la vingtaine et poursuit des études en physique de la glace à l’université de l’Alaska de Fairbanks). Le mail commence par un « Salut le paternel ». Nos deux enfants donnent l’impression d’avoir été élevés dans une version longue d’un scénario de Jean Shepherd et m’appellent constamment « le paternel ». Peter continue son message en décrivant un de ses amis qui faisait ses trajets quotidiens et a fini par se planter au guidon « d’un vieil objet en forme de vélo provenant de chez Walmart3 à la direction complètement foutue et qui ne devrait jamais être utilisé au quotidien ». Il souhaite que j’ouvre l’œil chez Bike Works à l’affût d’une occase qui conviendrait à son ami. Trouver de bons vélos à Fairbanks est difficile, alors Peter et son pote ont mis de côté un peu d’argent et quand Peter descendra passer Noël avec nous, il compte bien reprendre l’avion pour le nord avec un vélo d’occasion.

Comme je l’ai déjà dit, les enfants sont chouettes.


Crédit photo : State Library of New South Wales collection [No restrictions], via Wikimedia Commons

Notes

  1. Pour le contexte, voir ces explications sur quoteinvestigator.com. NdT
  2. Il semble qu’en France les histoires de « Georges le petit curieux » soient publiées chez Gallimard. Voir ce billet de blog chez sweet cabane. NdT
  3. L’équivalent française serait « chez Lidl » ou encore « Chez Auchan ». NdT

Vous aimerez aussi...

2 réponses

  1. alexandre dit :

    Bonjour,

    je ne commente pas souvent, mais juste un petit point de traduction. Je pense que l’expression « The delightfully droll delivery and illustrations » se traduirait plutôt par « Le ton délicieusement cocasse et les illustrations » (on peut remplacer cocasse par drôle ou comique). En cherchant un peu sur wordreference (pas de pub, mais il est vraiment pratique) et dictionary.com, on trouve comme définition (ou traduction) pour « delivery » : « élocution, débit » et en anglais « the utterance or enunciation of words. ». Donc je pense que Kent faisait référence à la façon dont le livre est écrit. J’ai tiqué, car je ne voyais pas trop ce qu’une livraison venait faire là-dedans.

    Pour être positif, j’adore ce blog et trouve les traductions très bien faites (j’en ai lues une petite dizaine sans jamais voir d’erreur). Merci pour le blog et les articles très éclectiques.

    • Bonjour et merci beaucoup pour la remarque.

      Je me suis beaucoup trituré les méninges sur ce passage et je savais que la traduction laissait à désirer (j’ai finalement pensé, sans trop de conviction, que la livraison concernait les objets que Ralph utilise mais je n’avais pas le livre sous la main pour vérifier). Je corrige selon votre excellente proposition.

      N’hésitez pas à commenter plus souvent ! 😉

      PS : j’utilise également Wordreference. 🙂

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.